Une adolescente brûlée vive par sa propre mère

Ce mercredi, on a enlevé la vie à Zeenat Rafiq, une Pakistanaise de 16 ans, parce qu'elle avait épousé l'homme qu'elle aimait. Jusqu'à quand laissera-t-on faire ? La raison, plus qu'aberrante et totalement choquante, réside dans le fait qu'elle a choisi contre l'avis de sa famille l'homme qu'elle a épousé.

Le mariage a eu lieu le 29 mai dernier

Zeenat et Hasan Khan se sont unis à l'âge de 16 et 20 ans. Ils n'étaient pas de la même province d'origine : Zeenat était pendjabi et Hasan Khan était patchoune. Un problème apparemment insurmontable, voire impossible à supporter pour la famille de la jeune-femme. Son mari a confié à la chaîne internationale: Quand elle a annoncé à ses parents que nous étions ensemble, ils l'ont battue si fort qu'elle saignait de la bouche et du nez. Ensuite, sa famille lui aurait fait croire qu'ils surmonteraient la situation, promettant des réconciliations et un grand mariage. Effrayée, Zeenat Rafiq n'osait pas se rendre à la cérémonie, mais la famille de son mari l'a convaincue.

"Comment pouvions-nous imaginer qu'ils la tueraient comme ça ?"

Après le mariage, nous avons vécu ensemble quatre jours, puis sa famille nous a contactés. Ils nous ont promis qu'ils organiseraient une fête de mariage d'ici une semaine puis que nous pourrions vivre ensemble. Tout ça n'était qu'un leurre : mercredi, la mère de Zeenat Rafiq a brûlé vive sa fille en l'arrosant d'essence. Alertés par les cris, les voisins ont prévenu les autorités qui ont directement arrêté la mère. Cette dernière a avoué les faits, déclarant qu'elle avait bien immolée par le feu. À leur arrivée, la jeune-femme était déjà morte. Le frère de la jeune-femme aurait disparu après l'incident, laissant penser que la mère n'est pas la seule coupable...

- L'année dernière 1100 "crimes d'honneur" ont été commis au Pakistan

Au Pakistan, des centaines de femmes sont tuées par leurs familles sous prétexte de défendre " l'honneur " familial. Selon la Commission des Droits de l'Homme au Pakistan, 1100 "crimes d'honneur" ont été commis au Pakistan en 2015. Si le récit sur la mort de la jeune-femme brûlée vive par sa propre mère est révoltant, le Pakistan n'est pas à sa première histoire sordide, loin de là. Depuis avril, le pays compte déjà trois crimes de taille du même type. Une semaine avant, une jeune fille avait été torturée et brûlée par des habitants de son village. Elle avait refusé d'épouser le fils de son ancien patron. Quelques mois plus tôt, c'est une autre jeune femme qui avait été assassinée et brûlée pour avoir aidé une amie à  s'enfuir avec un homme. Face à ces crimes barbares, le Premier Ministre du Pakistan, Nawaz Sharif, s'est engagé à éradiquer "le mal" des crimes d'honneur. Étrangement, pour le moment, les nouvelles lois restent floues à ce sujet. On sait néanmoins que dans la province du Pendjab où a été assassinée Zeenat Rafiq une loi historique a été adoptée en février dernier, visant à criminaliser toutes les formes de violence contre les femmes. Cette législation ne semble pas être prise en compte et grand nombre de groupes religieux et de partis politiques islamiques traditionnels ont menacé de lancer un mouvement de protestations si le texte n'est pas abrogé. Un climat plus que choquant et absurde dans notre époque pour la condition de la femme...

 

Source: AFP