Ces 4 comportements qui montrent qu’un enfant est hypersensible

Les émotions d’un enfant doué d’une grande sensibilité découlent pour partie de tout ce qu’il ressent, pour partie de sa mémoire et de son imagination très vive, mais aussi de sa relation avec les adultes, en fonction de ce qu’ils expriment et partagent avec lui.

Voici 4 comportements typiques d'un enfant hypersensible, décrits par Saverio Tomasella dans son ouvrage J'aide mon enfant hypersensible à s'épanouir (Leduc.s), à destination des parents qui souhaiteraient mieux comprendre la façon dont leur bambin perçoit le monde qui l'entoure.

Une imagination hors normes

La capacité à imaginer des mondes, des personnages, des histoires et même d’autres réalités est très développée chez les enfants hautement sensibles. Cette grande imagination couplée à leur maturité intellectuelle leur fait parfois préférer la compagnie des plus grands ou même des adultes. Ils disent s’ennuyer avec les enfants de leur âge et se détournent des conversations superficielles, qu’ils trouvent sans intérêt.

De ce fait, il peut également leur arriver de se sentir très seuls, en décalage avec leur famille ou avec d’autres enfants. Parfois, ils croient que s’ils étaient plus grands, leur existence serait plus facile, surtout si les adultes ne leur accordent pas assez d’attention.

Pour mieux comprendre ce que vivent ces jeunes, prenons le temps de suivre Zoé dans ses pérégrinations d’enfant ultrasensible. Aujourd’hui jeune adulte, Zoé se souvient de son enfance : « Unique enfant dans un monde de grands, je ne le trouvais pas si vaste, mais tellement captivant. J’étais seulement pressée d’y avoir accès ! “Quand je serai plus grande” était ma ritournelle. J’ai utilisé tous les subterfuges, je me suis faite polie et obéissante, puis intéressée et curieuse. “Quand je serai grande” recevait toujours la même réponse : “Tu ne peux pas comprendre, tais-toi donc, c’est pour les adultes, tu nous fatigues !” Il n’y avait jamais d’enfants à la maison, pas d’invitations ni d’anniversaires, juste eux et moi ! » L’enfant très sensible peut alors préférer cultiver son imagination déjà flamboyante.

« Timide plus que de raison, je me couchais sur la moquette et les écoutais, j’emmagasinais, je réfléchissais pour découvrir comment attirer l’attention de ces Géants ! Rien n’y faisait, donc je fuguais. Je filais courir dans la nature en fière squaw juchée sur mon étalon imaginaire et je courais, ou plutôt volais de fables en fables, heureuse dans mon monde inventé de toutes pièces ! Bien souvent, je tombais, me foulais les chevilles, me perdais, pour n’en récupérer que réprimandes, ou rires, ce qui était pire à mes yeux. » Pour ne pas rester trop seuls avec leur sensibilité et leur imagination débordantes, ces enfants s’inventent des amis, ou des sœurs et des frères.

« J’avais pris pour habitude de jouer avec ma fratrie illusoire. Deux sœurs, très moches : moi la petite frêle et chétive, cela me rassurait à ma manière ! Mon imagination confortait mes parents dans leur croyance qu’ils avaient une fille un peu folle, et ça les faisait rigoler. Le pire à leurs yeux : je parlais toute seule ! Oui, j’en avais marre de chuchoter dans ma tête, j’adorais bavarder, je faisais les questions et les réponses, j’inventais des milliers de jeux et de personnages ! » De grandes interrogations sont tapies derrière cette imagination frémissante et foisonnante.

« Les membres de la famille – paternelle et maternelle – avaient même parié que jamais je ne pourrais avoir d’enfants : “Impossible, elle ne sortira jamais de l’enfance… Ils n’en ont qu’une, ils n’ont pas de chance !” Toutes ces informations contradictoires hantaient ma tête et m’empêchaient de m’endormir calmement. Je réfléchissais encore et encore, remplie de peurs et de tracasseries. En pleine nuit, j’allais écouter ce qu’ils pouvaient bien faire ou j’allumais sous mon duvet une lampe de poche pour lire et apprendre le monde des adultes... Toute seule ! J’écoutais des pièces de théâtre sur mon transistor, en cachette. Il ne fallait surtout pas déranger, le reste, personne ne s’en préoccupait. J’ai passé douze ans en bégaiements et en craintes, des peurs de tout, dans tous les domaines ! »

L’enfant très sensible ne sachant pas cacher ce qu’il ressent, ses émotions se manifestent très clairement, ce qui peut quelquefois compliquer sa vie sociale ou sa scolarité. « Même en classe, certains professeurs s’amusaient à me faire venir sur l’estrade juste pour faire sourire mes camarades : “La Panique au tableau !” Je connaissais les réponses, mais n’osais jamais rien dire. Comme j’aurais aimé être transparente dans ces moments de grande solitude, mais devant l’insistance de mon professeur, mon ventre se tordait... et ma cervelle se vidait complètement. Le blanc total. Il ne me restait qu’à courir vomir sous les ricanements de la classe... Je n’en pouvais plus, j’allais y laisser ma peau ! » Heureusement, il arrive qu’un adulte ait l’intuition de ce qui peut aider l’enfant à dépasser ses difficultés, en développant sa confiance en lui et en ses capacités.

« Brindille prête à tomber au moindre souffle, j’étais pourtant dotée d’une vélocité étonnante à la course à pied. Un jour, ah ! Et quel jour !, mon prof de gym me dit calmement avec un immense sourire bienveillant : “Eh, la gazelle, aimerais-tu entrer dans l’équipe des garçons pour courir le 60 m ?” Je répondis sans attendre : “Oh ouiiiiiiiiiii, s’il-vous-plaît Monsieur, ouiiiiiii !” Cet homme, parmi d’autres, a changé le cours de ma vie. Je m’en souviens, comme si c’était hier... »

En effet, si les qualités de l’enfant sont mises en valeur, s’il est encouragé à les cultiver et soutenu dans cette quête, il a de fortes chances de pouvoir surmonter ses peurs et se révéler à lui-même. Zoé est devenue maman à son tour. Elle sait à quel point sa petite fille a et aura besoin d’être comprise, et rassurée, même si sa sensibilité et sa façon de l’exprimer peuvent paraître étranges ou incongrues aux « grandes personnes » qui sont devenues sérieuses, comme le pointe tendrement Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince.
Au quotidien, les émotions peuvent devenir envahissantes et problématiques pour un enfant ultrasensible, surtout s’il croit que la raison de ses difficultés réside précisément dans sa différence, sa sensibilité à vif, parce que les adultes le disent « trop » sensible.

L’angoisse d’abandon

Nous retrouvons, très souvent et à tous les âges, l’angoisse d’être abandonné ou rejeté. Elle peut être particulièrement vive pour un enfant hautement sensible s’il se sent très différent des autres et s’il souffre de ce décalage avec eux.
Hélène, elle aussi jeune maman, se souvient : « Je crois que ma peur la plus grande, celle de toute mon enfance, était la peur de l’abandon. Abandon par mes parents, par mes frères et sœurs, par mes amis. » Pour nombre d’enfants, cette frayeur est intense. L’émotion peut devenir envahissante si l’enfant ne la comprend pas et « ne sait pas qu’en faire »....Lire la suite sur psychologies.com