Tanzanie : le mariage de mineures jugé anticonstitutionnel

Cette décision de la justice tanzanienne a été accueillie avec joie par les activistes des droits de l’homme. La Tanzanie est l’un des pays au monde avec un taux élevé de mariage de mineures.

Un jugement de la Haute Cour de juillet 2016

La journée du mercredi 23 octobre était sous le signe de la joie en Tanzanie. Et pour cause : la justice tanzanienne a confirmé un arrêt jugeant une disposition légale qui autorise le mariage de filles mineures, anticonstitutionnel et discriminatoire. "Nous rejetons cet appel, car il n’a pas de fondement", ont statué les trois juges. Ces derniers ont donné à l’Etat un délai d’une année le temps de procéder à l’amendement de la disposition invalidée. Cette décision est le résultat du jugement de la Haute Cour de juillet 2016 sur la requête d’une militante des droits de la jeune fille, Rebeca Gyumi et contre lequel l’Etat tanzanien avait fait appel, rapporte Le Figaro.

Des filles extraites de l’école

La loi actuelle en Tanzanie date de 1971. Celle-ci autorise les filles à se marier dès l’âge de 15 ans avec le consentement des parents contre 18 ans pour les garçons. Le mariage est même accepté à 14 ans à condition qu’un tribunal valide une demande en ce sens. La Haute Cour juge ces dispositions anti-constitutionnelles et discriminatoires, notamment en violant le principe de l’égalité entre tous les Tanzaniens, sans distinction de sexe. L’enquête nationale démographique et de santé de 2010 a révélé que près de deux filles sur cinq se marient avant l’âge de 18 ans en Tanzanie. Ce pays d’Afrique de l’Est présente le taux de mariage de mineures parmi les plus élevés du monde. Les filles jugées comme suffisamment âgées pour être des épouses sont la plupart du temps extraites de l’école.

Réactions des ONG

Sur les réseaux sociaux, les manifestations de joie ont explosé après l’annonce de cette décision. "C’est un grand jour pour les filles tanzaniennes", a tweeté l’ONG Wasichana Initiative militant pour les droits de la jeune fille. "C’est un jour de joie pour toutes les filles et pour tous ceux qui leur veulent du bien", a écrit l’avocate Anna Henga, directrice exécutive du Centre juridique et des droits de l’homme, principale organisation tanzanienne des droits de l’homme. Maître Jebra Kambola, l’un des avocats de Gyumi a de son côté souligné qu’il reste beaucoup à faire au sein des communautés tanzaniennes pour traduire en actes le refus des mariages d’enfants.