Habiba Soucoulé : ancien mannequin devenue styliste, restauratrice et peintre

Ancienne mannequin, Habiba Soucoulé a fait les plus beaux jours de la mode africaine. 10 ans après, elle s’est reconvertie dans le stylisme, la restauration et la peinture. Mère de deux enfants, cette femme battante et dynamique nous parle de son quotidien avec beaucoup de plaisir. Interview.

Aujourd’hui avec du recul, si on vous demandait de vous définir?

Je suis encore dans la mode. J’ai monté un espace que j’appelle "Chez Habiba". Je continue les vêtements en tant que styliste. J’ai monté un restaurant puisque j’aime faire la cuisine et j’aime aussi bien manger. Habiba fait aussi des tableaux donc je suis peintre. C’est pour cette raison que j’ai monté un endroit dans lequel je peux exposer tout ce que j’aime, tout ce qui tourne autour de l’art, que ce soit l’art culinaire et vestimentaire.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de basculer vers la mode? Je veux dire vers le stylisme…?

Mais c’est une passion! et puis j’ai été mannequin on ne peut plus jeune. Et plus tard, il fallait une reconversion. J’ai pas appris la couture, c’est un don. Dans ma famille mes soeurs ont du génie, elles sont pareillement des stylistes et elles créent également des vêtements.

Vous avez passé combien d’années dans le mannequinat?

J’ai arrêté il y a 10 ans de cela.

Pour vous, quelles sont les qualités pour être un bon mannequin?

Il faut être professionnel déjà. Un mannequin est une vitrine, c’est quelqu’un qui met un vêtement en valeur, ce n’est pas elle-même qu’elle doit mettre en valeur. En fait en Afrique, on fait un peu cet amalgame là. Ici les filles sont mannequins pour qu’on les voit à la télé et pour qu’on les remarque dans leur quartier. Le mannequin c’est comme un cintre en bois sur lequel on dépose un vêtement. Donc un bon mannequin, c’est quelqu’un qui met le vêtement en valeur.

Quel est le souvenir qui vous a le plus marqué?

Oh! J’en ai beaucoup parce qu'à mon époque, en plus c’était une très belle époque. On voyageait beaucoup. Je vais parler du Danemark avec Pathé’O. J’étais l’un des mannequins adulés de Pathe’O donc je voyageais bien souvent avec lui. Nous nous sommes déplacés en bateau et en train. C’était un voyage de 10 jours qui était très passionnant. Pour dire vrai, c’était la première fois que je me rendais aussi en Europe, donc c’est l’un des voyages qui m’a le plus marquée.

Peintre, styliste, restauratrice, comment on arrive à s’organiser dans tout ça?

Je dirai que ce n’est pas facile, j’essaie de m’entourer de personnes compétentes. Par exemple pour la restauration, je travaille avec une dame qui aime aussi l’art culinaire. Pour tout ce qui est des autres arts, je travaille en outre avec une autre. En réalité, j’ai des gens autour de moi qui me comprennent et m’accompagnent dans ce que je fais.

C’est la cuisine africaine?

Oui! cuisine africaine bien entendu.

Et les gens aiment ce que vous faites?

Beaucoup. Je dirai même plus, ils adorent ce que je leur propose. Je fais la cuisine africaine ainsi que la grillade : poisson, poulet, gambas, langoustes etc… J’ai voulu me spécialiser dans la cuisine africaine vu que c’est ce que je connais.

Parlant de créations en mode, avez- vous des collections?

L’ouverture du restaurant m’a pris beaucoup de temps pour m’organiser. C’est maintenant que je suis entrain de préparer ma nouvelle collection pour cette année. Restez à l'écoute,wait and see.

Quelles sont les matières que vous allez utiliser dans cette collection?

Un mélange de tissu et de soie, de pagne guinéen, des indigos, des broderies et de la peinture aussi. Il faut ajouter que je peins aussi sur les tissus.

Y a-t-il des thèmes?

Je n’ai pas donné un nom, mais je vais aller chercher dans mes origines Sahéliennes.

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre quotidien?

Je vais dire simplement la femme que je suis. Vous savez je touche à beaucoup de choses ce qui meuble mon temps alors que j’ai deux merveilleux enfants. Il faut que je m’occupe d’eux, que je joue mon rôle de mère car c’est eux la priorité.

Ne se plaignent-ils pas souvent de votre absence…?

(rires) J’essaie de gérer mon temps en fonction d’eux bien évidemment. Très souvent ils viennent déjeuner avec moi les midis au restaurant ici. Je rentre assez tôt le soir pour dîner avec eux.

Qu’est-ce qui a été le plus gratifiant pour vous?

C’est le fait que j’aime ce que je fais. Je veux dire en tant que styliste par exemple. Je suis contente quand des clientes à qui je fais des vêtements sont satisfaites, ou des gens qui viennent acheter des vêtements chez moi les portent et que je vois. C’est un plaisir de faire plaisir je vais dire.

Quelle est la personne la plus intéressante que vous ayez rencontrée et qui est votre plus grande inspiration?

Je dirai Angybell. Elle a ce chic d’aimer le beau. Je ne dis pas que les autres n’aiment pas, mais je l’apprécie et je me retrouve dans ce qu’elle fait.

Vos relations avec les autres stylistes parce qu’on ne vous voit pas trop avec eux…

Seulement, comme j’ai plusieurs passions, ce n’est pas évident. En fait, selon ce que je ressens, je vais peindre des tableaux dans ce cas forcément je vais exposer. Après je fais avoir une idée pour les vêtements… J’ai la chance de toucher à beaucoup de choses. Et c’est vrai, je ne veux pas être que dans la mode, je veux toucher à tout ce qui me passionne.

Un mot à l’endroit de toutes les jeunes filles qui ont envie d’entreprendre quelque chose?

Ce que je peux leur dire c’est d’être courageuse, ambitieuse et battante. Aujourd’hui la femme ne doit pouvoir compter que sur elle-même. C’est important. Les enfants, quoi qu’on dise, même s’il y a un homme c’est toujours la femme qui s’occupe d’eux, et même de l’homme. En même tant qu’elle a un boulot, elle s’occupe de tout ça.

 

Florence Bayala