Qui est Kadiatou KONARÉ, la ministre malienne de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat ?
L’amour des lettres et de la pédagogie par la culture a poussé Kadiatou Konaré, positionnée en 1990 parmi les meilleurs bacheliers de sa promotion en filière scientifique, à pourtant se diriger vers le monde des lettres dans lequel son enfance a baigné.
Titulaire d’un Mastère spécialisé en management de l’édition de l’Ecole Supérieure de commerce de Paris (ESCP), elle commence sa carrière en tant qu’éditrice chez Saint Paul, après des stages dans des maisons d’édition historiques comme Hachette, Karthala, Bayard Presses. Elle fit aussi une formation en muséologie, à travers un stage au Musée de la Civilisation à Québec.
Pour certains, le parcours de Kadiatou Konaré est lié à sa filiation. Effectivement, difficile de faire l’impasse sur son père Alpha Oumar Konaré, le premier Président démocratiquement élu du Mali et non moins archéologue, ancien Président du Conseil International des Musées (ICOM) et ancien ministre de la Culture et sa mère, l’historienne et écrivaine Adame Ba Konaré, militante du mouvement démocratique et des Droits de la femme.
Par-delà ceci, Kadiatou Konaré a su frayer son chemin. Elle est la fondatrice de la maison d’édition Cauris, en 2001, qu’elle a su faire prospérer entre Paris et Bamako, avant de s’installer définitivement au Mali en 2006. Elle s’y appuie sur les mêmes « petites équipes » depuis presque 20 ans, favorisant les collaborations entre divers professionnels pour fabriquer des livres, en tant que productions culturelles complètes.
Pour Kadiatou Konaré, éditer et publier, c’est l’occasion de raconter une histoire, célébrer des peuples et des pays. Cette passion l’a emmenée à co-rédiger des guides référentiels sur les sites touristiques, artistiques et culturels de différents pays : Le Mali des Talents, Le Bénin des Talents, et Le Burkina des Talents.
Elle promeut une ligne Cauris Livres, qui a à son actif plusieurs dizaines de publications, avec des auteurs célèbres comme le détenteur du prix Renaudot 2008, le Guinéen Thierno Monenembo.
Misant sur la rigueur, en consécration, ses auteurs remportent plusieurs prix littéraires dont le Prix Massa Makan Diabaté attribué à Facoh Donki Diarra pour son roman N’golo Roi de Ségou, lors de la 11e édition de la Rentrée Littéraire du Mali (2019). Les Grandes Dates du Mali, ouvrage écrit par ses deux parents, qu’elle vient de rééditer, a remporté le prix du meilleur livre africain décerné par l’Association des éditeurs de livres en Afrique pour sa qualité éditoriale en 2020.
Cauris Livres, c’est également des livres pour enfants à travers la collection Lucy, une série d’albums illustrés mêlant récit et documentaire, dirigée par l’éditrice et auteure camerounaise Kidi Bebey, et présentant de Grandes figures d’Africains ou d’Afro-descendants dans des domaines les plus variés : politique, culture, art, sport, mythologie. Les personnages traités sont, parmi tant d’autres : Lucy l’ancêtre de l’humanité, Bob Marley, Miriam Makeba, Makeda (la reine de Saba), Abebe Bikila, les présidents de République, Modibo Keïta, Houphouët Boigny, Léopold Sédar Senghor et Kwamé Nkruma, mais aussi Aimé Césaire, le poète prophète.
De même, Kadiatou Konaré s’est faite promotrice d’exhumations et de célébrations culturelles en dirigeant, par le biais de la promotion d’œuvres littéraires, des évènements et symboles ayant contribué à l’histoire et au développement culturel de pays et de diasporas africains : les journées de réflexion littéraire Afrique-Amériques à Bamako en hommage à Aimé Césaire (2003) qu’elle est allée visiter à Fort-de-France (Martinique) en 2003 pour célébrer les 90 ans du célèbre poète antillais ; la Nuit de Haïti animée par des musiciens en hommage à Haïti après le terrible tremblement de terre qui a secoué ce pays en janvier 2010 ; les messages de l’indépendance malienne et son esprit, la mémoire de figures nationales comme Seydou Badian Kouyaté, l’organisation d’une saison littéraire cubaine à Bamako, etc.
Tous ces efforts sont pour créer une passerelle entre l’Afrique et le monde à travers l’art, la culture et la littérature.
Au titre de ses passions, Kadiatou Konaré dévore la musique sous toutes ses formes et avoue avoir un faible pour Oumou Sangaré, Rokia Traoré ou Kar Kar. Ces musiques qui la bercent l’ont poussée à rendre hommage à Ali Farka Touré dans le livre témoignage Et si on parlait un peu d’Ali ? Comme quoi toute rencontre avec elle laisse place à la création. C’est dans cet esprit mais également pour partager sa passion du livre, qu’elle a ouvert sa bibliothèque éphémère qui réunit tous les samedis des enfants de différents horizons pour des séances de lectures participatives, de jeux, de pratiques de yoga à Cauris Livres sis à Quinzambougou.
Pour cette jeune femme accueillante, humble et généreuse, les samedis, c’est aussi des jours consacrés aux échanges avec ses nombreux amis, acteurs du monde culturel malien, souvent à Cauris Livres où le visiteur est submergé dans l’espace apaisant des livres et aussi par les mobiliers artisanaux malien et africain. Le visiteur pourrait s’évader dans le théâtre écrit en langue nationale : Ni san cyenna jate te kalola de Mamadu Dukure, ou la poésie du grand penseur indien Prix Nobel de littérature (1913), Rabindranath Tagore, qu’elle a traduite en Bambara : Hine ni makari : l’offrande lyrique.
Kadiatou Konaré, membre active de l’organisation malienne des éditeurs du Livres au Mali (OMEL), est également une militante de la cause des femmes. Elle a réuni plusieurs personnes-clés pour la rédaction de l’ouvrage collectif Mars des femmes, chronique d’une révolution malienne, sous la direction de la journaliste malienne Ramata Diaouré.
Autre combat de Kadiatou Konaré : la paix et la réconciliation nationale au Mali, célébrées dans Poèmes à un jeune soldat inconnu, un recueil de poèmes approprié dans le contexte malien actuel, et gratuitement distribué, rendant hommage aux soldats tombés sur le champ de la bataille (2019).
La nouvelle ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat du Mali pratique le yoga, aime la lecture, les longues marches, les visites de musées et des sites culturels partout dans le monde.
Il est à espérer que l’acharnée de travail qu’elle est et qui prépare depuis quelques années un doctorat sur le thème des littératures de la contestation au Mali, laissera sa vision engagée et utilitariste des arts, dans la création d’un nouveau chapitre de la culture, du tourisme et de l’artisanat maliens, en construisant de la résilience à travers une période si importante de l’histoire du Mali.
Source : malijet.com
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