Fany Nwamara Olangalire, le goût de l'Afrique dans ses gâteaux
À 34 ans, Fany Nwamara Olangalire a fondé Paticielle, des gâteaux de fête, et Africa Blossoms, des biscuits qui racontent la gastronomie et l'histoire de l'Afrique. Cette entrepreneure, soutenue par Bpifrance, est bien décidée à faire connaître la richesse de son continent.
Les prises de conscience ne naissent pas toujours là où on les attend. Celle de Fany Nwamara Olangalire, une entrepreneure de 34 ans qui vit à Athis-Mons, dans l'Essonne, prend racine dans ses cheveux. Il y a dix ans, elle décide d’arrêter les défrisages, en vogue au Cameroun, où elle a passé les 15 premières années de sa vie, avant d'arriver en France. «Tout à coup, en redevenant crépue, je me trouve moins belle, je m’inquiète de ne plus plaire à personne, se souvient-elle. Et je me rends compte qu’une petite fille blanche, même aux cheveux en bataille, me paraît plus belle qu’une enfant noire, crépue.» S’ensuivent beaucoup de questions, de réflexions sur ses origines et son identité. À l’aube de ses 30 ans, Fany Nwamara Olangalire, qui vit alors déjà en Île-de-France, réalise qu’elle connaît mal le continent où elle est née. À Douala, elle a appris le français, pas le bamiléké – «cela passait mieux, surtout en ville» - et n’a étudié de l’Afrique que l’histoire coloniale. «Je me suis rendue compte que je considérais la culture française comme supérieure à celles de mon continent, résume-t-elle. C’est de là que sont parties mes recherches : j’avais besoin de me libérer de mes complexes.»
À la gloire de l’Afrique
À l’époque, la jeune femme, son diplôme de biologie et pharmacologie en poche, jongle entre son métier d'attachée de recherche clinique à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris, et son premier projet entrepreneurial, Paticielle, né en 2017. Le jour, elle mène donc des recherches en neurologie et psychiatrie. Et passe ses nuits dans une cuisine professionnelle de Juvisy-sur-Orge où elle prépare son CAP pâtisserie. Elle y confectionne des pièces montées richement décorées, dont chacune nécessite au moins 10 heures de travail. C’est par cette pâtisserie créative, ou cake design, que Fany Nwamara Olangalire a découvert sa passion pour la cuisine. Dans le même temps, elle explore l'histoire de l’Afrique et de ses grands empires. Elle découvre Mansa Moussa, empereur du Mali du XIVe siècle, encore à ce jour l’homme le plus riche de l’Histoire. Ou la charte du Mandén, considérée par l’Unesco, qui l’a classée au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, comme l’une des plus anciennes Constitutions au monde. «Ces histoires m’ont fait comprendre que l’image triste et morose que j’avais de l’Afrique n’était qu’une partie de la réalité, note Fany Nwamara Olangalire. L'estime de soi passe par ça : savoir qui on est, connaître son héritage, son identité, et en être fier.»
En février 2019, la jeune femme quitte son travail et change de vie, bien décidée à faire partager ses découvertes à d'autres. «C’est par la gastronomie que l’on se rassemble, que l’on transmet une culture», assure-t-elle. Paticielle a déjà une identité de marque, où l’Afrique ne trouve pas forcément sa place. Fany Nwamara Olangalire crée alors, en 2019, Africa Blossoms. Des biscuits au gingembre, au moringa, à la noix de coco ou à la muscade, que l’on reçoit avec une petite carte, sur laquelle est écrite une histoire africaine inspirante. «Mais je veux voir plus loin, assure la fondatrice, proposer du chocolat ou des chips de patate douce.» Des éléments clés des gastronomies africaines, que Fany Nwamara Olangalire apprend à connaître et à faire connaître. Le malaise des débuts a laissé place à une détermination sereine. Avec un objectif clair : redorer l'image de l'Afrique, et d'abord auprès de ceux qui y ont leurs racines. En plus d'Africa Blossoms, Fany Nwamara Olangalire entend transformer Paticielle pour en faire, là aussi, l’occasion de célébrer la richesse des patrimoines culturels du continent. «J’imagine par exemples des décorations pâtissières inspirées de tissus traditionnels, dont je raconterais l'origine, l'histoire et l'usage.»
"Je ne veux rien bâcler"
Deux projets ambitieux pour une entrepreneure seule. Mais Fany Nwamara Olangalire est décidée à prendre son temps, à faire les choses dans l’ordre et à baliser le terrain. «J’ai dû revoir toute ma stratégie après avoir lancé Paticielle trop vite, analyse-t-elle. Je ne veux rien bâcler avec Africa Blossoms.» Après une première vente encourageante – environ 500 € de commandes - Fany Nwamara Olangalire veut faire passer ses biscuits à la vitesse supérieure. La priorité ? Construire un storytelling à la hauteur des histoires qu’elle raconte, bâtir une image de marque claire avant une campagne de précommandes prévue en septembre.
Parce que rien de tout ça ne s’improvise, elle a suivi une formation proposée par l’association Entrepreneurs dans la Ville et l’EM Lyon, soutenues financièrement par Bpifrance. Elle y rencontre d’autres entrepreneurs, apprend à donner un sens à son projet, à développer un réseau… «J’y ai beaucoup gagné en assurance», se réjouit-elle. Assez pour croire en son ambition et en un premier salaire en janvier 2021. Prochain cap : trouver quelqu'un avec qui s'associer pour faire grandir Africa Blossoms. «J’ai des objectifs chiffrés, précis, et je sais ce que j’ai à faire pour les atteindre. Reste à relever le challenge.
Source : madame.lefigaro.fr
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