Marie Lauren Cybell Loko : ``Je demande aux jeunes filles de se mettre au travail car au bout de l’effort vient la récompense``

Jeune étudiante de 23 ans, titulaire d’un master 2 en biochimie et technologie des aliments, Marie Lauren Cybell Loko est célibataire sans enfant. Jeune et si intelligente, elle a été la lauréate du prix d’excellence du meilleur étudiant 2018 de la Côte d’Ivoire. Ayant du cœur à l’ouvrage, polie et ambitieuse, Cybell Loko poursuit ses études universitaires pour réaliser son rêve de devenir chercheur. Pour financer ses études en doctorat, elle travaille pour une firme internationale actuellement… Découvrons ensemble cette jeune femme aux ambitions nobles qui a accepté de s’ouvrir à nous…

Quels ont été les critères pour vous désigner en tant que meilleure étudiante de Côte d’Ivoire?

Les critères étaient nombreux. Il y avait du point de vue du parcours scolaire, les notes, les moyennes. Il fallait avoir de bonnes moyennes. Il y avait également le leadership, c’est-à-dire les différents postes de responsabilités que j’ai occupés aussi bien au niveau de l’université qu’extra universitaire. J’ai par exemple été déléguée du niveau licence, du niveau Master 1 et 2. Et tout ceci a joué en ma faveur pour la sélection.

A l’extérieur de l’université, je milite dans plusieurs associations et groupes. Il est aussi important de préciser que l’âge et mon comportement ont joué en tant qu’étudiante. La cerise sur le gâteau est Ie rapport des différentes autorités universitaires sur mon comportement. Ce sont des aspects fondamentaux des critères qui ont milité en ma faveur et ont permis de me sélectionner pour être la meilleure étudiante de l’année 2018.

Etiez-vous un choix unique ou y avait-il d’autres participants parmi lesquels vous avez été choisie?

Oui, comprenez que le choix, en tout cas en ce qui concerne le mien, s’est fait parmi tant d’autres. Il y a en effet eu plusieurs universités et grandes écoles. D’abord les meilleurs étudiants ont été sélectionnés dans plusieurs universités. Ensuite il a été demandé qu’on fournisse des CV et beaucoup d’autres documents. Nous avons, par la suite, passé une interview.

Mon interview pour une présélection s’est déroulée ici, à l’université.

A l’issue de cette étape, dans chaque UFR, il a été sélectionné les deux meilleurs étudiants. Et nous étions huit. Mais au final nous n’étions que trois. Au nombre des trois, j’ai été retenue.

Où s’est donc tenue la finale de la présélection? Ici en Côte d’Ivoire ou à l’étranger?

Ici en Côte d’Ivoire, bien entendu. En fait c’était une analyse de dossiers. Comme je l’ai dit tantôt, il y avait les CV, les appréciations des autorités universitaires, les notes, les bulletins… Donc chaque université a sélectionné ses meilleurs étudiants. Après la présélection des trois meilleurs, comme je l’ai mentionné plus haut, leurs dossiers ont été acheminés à la Présidence. Et c’est la Présidence qu’est revenu le soin la sélection finale qui s’est faite en fonction des dossiers et des différentes informations qu’ils avaient.

Ce prix vous a-t-il ouvert des portes?

Oui, énormément! Déjà, c’est un plus pour un CV. Mieux, j’ai surtout gagné en notoriété. Actuellement, j’ai postulé pour des bourses dans le but de pouvoir faire ma thèse et j’ai été retenue sans problème. Ça a été un grand plus en dépit du travail que j’ai fourni. C’est comme une clef qui m’ouvre des portes sur le monde entier, le monde extérieur. J’ai pu tisser des liens et des contacts au niveau de la Présidence. Ça m’a facilité les portes par rapport aux bourses, au monde de l’emploi.

A l’issue de cette sélection, vous avez reçu une forte récompense. Pour votre jeune âge, quels ont été ou quels sont les projets dans lesquels vous avez investis?

Par rapport à la récompense, je venais de finir mon master 2 et j’ai prévu de faire ma thèse, mon doctorat puisque c’était en projet. Pour cela, j’ai bloqué une partie de l’argent pour pouvoir réaliser ce projet puis j’ai investi une autre partie dans des activités commerciales.

Dites-nous, pensez vous être un modèle pour les jeunes filles actuellement?

En effet. Je pense que tout ce que j’ai acquis, tout mon parcours peut servir de modèle. Parce que si je n’avais pas fourni tous ces efforts, si je n’avais pas travaillé et si je ne m’étais pas investie dans plusieurs choses, dans des associations, dans tout ce que j’ai pu accomplir, si je n’avais pas fait tout ceci, je n’aurais pas été récompensée.

Et aujourd’hui, je ne serais pas dans cette position où je suis ouverte au monde. Grâce à cela, je travaille quelque part en ce moment. Donc je pense être véritablement un modèle pour les jeunes filles d’aujourd’hui.

Alors parlez-nous de votre travail dont vous parliez plus haut… En quoi consiste-il?

Aujourd’hui j’ai été retenue pour travailler chez Nestlé. Il y a eu une sélection, on recherchait un étudiant diplômé en master pour travailler avec cette firme internationale et donc il y a eu une sélection avec notre université, et l’INPHB. On était quatorze au départ et à l’issue de la sélection, j’ai été retenue. Actuellement je travaille donc pour Nestlé et je poursuis mes études.

Que désirez-vous faire ou que deviendrez-vous à la fin de vos études?

En fait je vais poursuivre mon doctorat sur ce que j’ai déjà commencé au niveau du master. A l’issue, je deviendrai docteur. D’abord, le diplôme de doctorat, c’est un rêve pour moi. J’ai envie de pousser loin mes études. C’est pour cela que j’ai décidé de faire mon doctorat. Et d’un autre côté, j’aime beaucoup la recherche, et lorsqu’on fait le doctorat, on fait la recherche vraiment en profondeur. A l’issue de ce diplôme je deviendrai docteur. Je n’ai pas forcément envie d’enseigner, mais je veux faire la recherche.

A ces jeunes filles qui paressent encore, quels conseils pouvez-vous leur donner pour les motiver davantage?

Très bien… je voudrais dire à ces jeunes filles que dans le monde d’aujourd’hui, seul le travail paie. Et le travail bien fait, parce que aujourd’hui dans ce monde, on recherche l’excellence. Actuellement le meilleur cadeau pour une femme ou bien la meilleure situation pour une femme, c’est d’être indépendante. Je demande donc à ces jeunes filles de se mettre au travail, au bout de l’effort vient la récompense. Je voudrais leur dire également, que tout ce qu’elles doivent faire, qu’elles le fassent avec passion, dévotion. Il faut aimer les défis et pouvoir les relever. Et surtout, il ne faut pas seulement se confiner à l’université. C’est très important d’appartenir à des associations, d’avoir l’amour de la responsabilité. Et nous jeunes filles, devons être des femmes leaders. Nous devons pouvoir conduire des personnes. Nous devons pouvoir orienter, aider des personnes à se réaliser, aider nos enfants et nos sœurs à se réaliser. Et ça que ce soit à l’université, à l’extérieur, il faut pouvoir occuper des postes de responsabilité, ça paie. C’est bon pour son développement personnel, c’est bon aussi pour un CV. J’insiste sur ce point car c’est l’un des points clefs. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’étudiants qui sont excellents, qui travaillent, qui fournissent de bonnes notes. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi être ouvert au monde.

Crédit photo : M.C. Loko