Nicole Fatou Ba, Initiatrice de Afro Goûter: ``si une porte se ferme d`un côté, c`est peut être un signe pour développer une autre activité``

Mère de deux enfants, Nicole Fatou Ba, est diplômée en communication et  événementiel, chargée de relation publique dans le domaine institutionnel et incitatrice de Afro-Goûter. Dans cette interview Nicole Fatou Ba explique ses motivations.  


Afro-Goûter, parlez-nous de ce concept?

Afro-Goûter est un concept global puisqu’il ne se limite pas à des points de vente. C’est un concept global qui a pour vision de promouvoir le savoir faire en matière de goûter africain.

Pourquoi avoir choisi ce concept?

Vous savez qu’un concept est fonction d’une vision et d’un objectif particulier. Celui-ci m’a intéressé d’abord parce qu’il n’existe pas. D’ordinaire, Les gens sont plutôt focalisés sur la cuisine africaine comme le Tchep, les sauces. A contrario, il convient de préciser qu’il y’a quand même un savoir faire en matière de goûter, de dessert et de petites choses à grignoter à l’africaine. Ces choses, à mon sens, n’étaient pas exploitées et mises en valeur. C’est surtout ça. On retrouve Ces goûters on les trouve un peu partout notamment en bordure de la voirie dans des conditions pas très hygiéniques. Il fallait, dès cet instant, montrer l’importance de ces petits mets qui, minimisés, rendent d'énormes services à la population. Je me suis alors dit qu’il y avait quelque chose à faire. Aujourd’hui, vous comprendrez qu’on arrive bien à faire la promotion de tout ce qui vient de l’étranger. On consomme des crêpes, tout ce qui vient de l’étranger alors que nos enfants peuvent apprendre aussi à connaître le savoir faire africain, ce qui à bercer notre enfance.

Qu’est ce que vous avez comme produits à proposer?

Notre patrimoine culinaire, en terme de goûter et de confiserie, est très riche. On peut les classer dans plusieurs catégories. Les confiseries africaines, principalement chips, crécré, les croquettes, les biscuits, coco crié, caramel, sont tout ce qui est à grignoter … A notre niveau, on apporte une petite touche en essayant d’agrémenter notre carte à chaque fois. Pour l’instant ce sont des pastels à la viande, des trairas, des beignets au sucre, les claclos, les gboflotos,  du lait caillé, du dèguê, des jus comme le bissap, le gingembre ou gnamamkoudji que nous faisons...

Qu’est ce qui vous incite à faire le premier pas?

Je dirai que c’est des circonstances plutôt malheureuses. Vous savez que la vie en communauté est très délicat surtout dans nos sociétés africaines. Et ce que j’ai vécu m’a non seulement marqué, mais m’a servi de stimulant. Le milieu dans lequel j’évolue, en communication institutionnelle, il y’a eu un fait majeur, en début d’année, qui m’a beaucoup affectée.
Je me suis dit, pourquoi me morfondre alors qu’il est possible, en marge de ce cadre, que  je développe quelque chose. Selon mes croyances religieuses et les vôtres également, s’il y’a des portes qui se ferment d’un côté, cela peut être un signe pour développer ton activité. Cette m’a animée, guidée et ainsi j’ai commencé.

Cet évènement malheureux a été le déclic?

J’avoue que ce fut réellement le déclic…(rire)

Par où avez-vous commencé?

Pour la petite histoire, j’ai, après moult observations, commencé par faire les papiers aux CEPICI. C’est très important d’écrire. C’est même super important. Je me suis acheté un cahier spécialement Afro Goûter et j’ai commencé à écrire. Depuis ce moment, je notais tout ce qui me passait par la tête. Pendant que nous y sommes, j’encourage vraiment les gens à écrire. Ne vous focalisez sur la simple spéculation, le fait d’avoir un projet sans une vision claire, passer ensuite a l'écriture. Puisqu’en écrivant, l’esprit est ouvert et apte a capter de meilleurs idées, tu peux avoir d’autres visions poussées plus loin que tu n’avais pas au départ. Je vous dis cet exercice m’a beaucoup aidé.

L'ouverture de votre local, par subvention ou sur fonds propre?

Mes économies m’ont aidé à mettre en place mon business. Je l’ai fait de fonds propre. J’ai même approché des banques, mais ce fut délicat vu que cette activité était méconnue. On me demandait le plus souvent à travers des interrogations: ‘c’est une boulangerie? C’est une pâtisserie? Je leur répondais non. J’essayais tant bien que mal d’expliquer que c'était comme une pâtisserie. Et qu’à la différence, cela ne nécessitait pas autant de logistiques comme une pâtisserie ordinaire parce qu’ils ont des schémas classiques. Et quand tu ne rentres pas dans leur canevas c’est super difficile pour eux et pour toi aussi. Même quand ils te demandent des business plans… J’ai finalement abandonné et j’ai décidé de le faire avec mes propres moyens. J’ai pris mes économies et clopin clopan, j’ai monté mon business.

Après quelques temps d’exercice, qu’est ce qui constitue le plus votre fierté aujourd’hui ?

Ma fierté c’est d’avoir cru en mes chances, en ma valeur et d’avoir initiée ce concept. Je suis aussi fière parce que les gens l’ont tout de suite adopté. Et le fait d’avoir réalisé ce rêve là, c’est une fierté. J’estime que ce n’est que le tout début. La vision que j’ai, si Dieu permet, est beaucoup plus grande. 


Comment arrivez-vous à concilier votre rôle de mère, d'épouse et de chef d’entreprise?

Être mère, en soi, est extrêmement exigeant, a fortiori cumuler trois posture du même acabit. C’est super difficile. J’ai une fille de 10 ans et un petit garçon qui a 4 ans. On fait au mieux. Dans ces cas là, il faut juste trouver des moments propres à chaque domaine. Quand je suis maman, je le suis vraiment. Je leur consacre des moments précis en journée sans interférence. Quand je suis au bureau aussi, je travaille. De toutes les façons je ne peux pas gérer les commandes et être au bureau. Ça n’a pas de sens. J’essaye de gérer, c’est une question d’organisation.

Vos conseils à ces femmes qui veulent entreprendre?


Ce ne sont que des encouragements car vouloir le faire est un pas géant. J’encourage tout le monde à faire quelque chose en dehors de ce qui se présente à nous ou de ce qu’on a l’habitude de faire. Parce qu’on peut être dans un métier et faire un domaine d’activité. Non que ça nous passionne pas ou ce qu’on aime pas mais parce que cela s’impose et ainsi va la vie, et les études qui nous ont poussé vers. Il faut développer ce qui peut nous challenger tous les jours, qui nous réveille parce que c’est passionnant, c’est beaucoup de boulot. On a pas de week-end, on a pas de jours fériés mais c’est passionnant parce qu’on sait qu’on apporte quelque chose à la société.