Covid-19 : en cas de toux sèche, certains sirops sont à éviter

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) recommande de ne pas utiliser de sirops pour la toux à base de pholcodine pendant la pandémie de Covid-19. Cette substance, associée à certains médicaments utilisés dans des services d’anesthésie et de réanimation, pourrait provoquer des allergies.

En ce temps exceptionnel de pandémie, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé vient d'émettre, par mesure de précaution, un avis demandant aux médecins de ne pas  prescrire certains sirops et aux patients de ne pas en prendre. En effet, l’ANSM alerte sur un possible risque de réactions allergiques croisées entre la pholcodine, un dérivé morphinique antitussif utilisé comme principe actif dans divers sirops indiqués dans la toux sèche, et les curares utilisés dans les services d’anesthésie et de réanimation.

Des sirops pour la toux contre-indiqués

Plusieurs références sont dans le collimateur de l'Agence. Les sirops contenant de la pholcodine à ne pas consommer sont les suivants : 

- Biocalyptol avec ou sans sucre (laboratoires Zambon)

- Broncalène adultes enfants (laboratoires Melisana Pharma)

- Dimetane sans sucre (laboratoires Biododex)

- Hexapneumine adultes enfants (laboratoires Bouchara-Recordati)

- Polery enfants (laboratoires Pierre Fabre)

Risque de choc anaphylactique 

Utilisé depuis 1950, c’est en 2009 que la la pholcodine, utilisée dans les sirops contre la toux, a fait l’objet de discussions sur son potentiel risque d’allergie croisée avec les agents myorelaxants de type curare. L'ANSM indique que "des cas de réactions allergiques aux curares après utilisation de pholcodine, rares mais graves, ont été rapportés". Il s'agit du choc anaphylactique, une urgence médicale grave causée par une réaction allergique généralisée.
L'identification de ce risque potentiel a conduit la France à soumettre les sirops contenant de la pholcodine à une prescription médicale obligatoire depuis 2011. L’ANSM souligne qu'elle a parallèlement demandé une réévaluation européenne du de la substance : "Après l’analyse des données de sécurité et d’efficacité, l’Agence européenne du médicament (EMA) s’est prononcée en 2012 en faveur d’un bénéfice-risque favorable de la pholcodine dans ses indications antitussives. L’EMA a néanmoins demandé des données complémentaires pour pouvoir conclure sur l’hypothèse d’une sensibilisation croisée entre la pholcodine et les curares."

L'agence précise qu'"une étude observationnelle a été mise en place afin d'investiguer la possibilité d'une association entre l'exposition à la pholcodine et les réactions anaphylactiques aux curares en peropératoire [qui a lieu au cours d'une intervention chirurgicale]". Les résultats seront disponibles à la fin 2020.

Pas d'automédication en cas de symptômes du Covid-19
En cas de symptômes évocateurs de Covid-19 (toux, fièvre, difficultés respiratoires, douleurs musculaires, perte de goût ou d'odorat), le ministère de la Santé recommande de contacter son médecin ou un médecin par téléconsultation.
Pour certains patients qui hésiteraient à consulter, notamment par peur de déranger les professionnels, ou de rencontrer des personnes contaminées par le coronavirus, l'ANSM conseille de se rendre sur le site Internet de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique, qui a mis en ligne les questions récurrentes sur la prise de médicaments pendant l’épidémie.