Mariage précoce : stop à une pratique hautement dangereuse
Une campagne nationale a été lancée dans le but de favoriser la création d’une plateforme nationale commune pour l’élimination du phénomène. En lançant une campagne nationale contre le mariage précoce, notre pays devient le 8è sur une trentaine à mettre en œuvre cette recommandation de l’Union africaine (UA).
En janvier dernier, les chefs d’État et de gouvernement et les Premières Dames de l’UA, lors d’une rencontre sur l’accélération des efforts pour mettre fin au mariage précoce, se sont engagés à faire de cette lutte une priorité dans leurs pays respectifs. L’initiative entre dans le cadre de l’année de l’autonomisation des femmes et du développement de l’Afrique pour la concrétisation de l’Agenda 2063. Elle prévoit de développer, élaborer et mettre en œuvre de stratégies nationales et plans d’action visant à mettre fin au mariage d’enfants.
Des pays comme le nôtre doivent harmoniser les lois sur le mariage en fixant l’âge du mariage à 18 ans ou plus pour les garçons et les filles. Il est aussi demandé de mettre en œuvre des lois et des politiques qui interdisent efficacement, préviennent, punissent et indemnisent les victimes du mariage des enfants en incluant la circulation transfrontalière des filles à des fins de mariage. Le mariage précoce constitue une violation des droits fondamentaux des enfants et un obstacle à l’atteinte de presque tous les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) remplacés, il y a peu, par les Objectifs de développement durable (ODD). La campagne a pour objectif de créer une plateforme nationale commune pour l’élimination du mariage précoce, basée sur la mobilisation sociale, pour le renforcement des efforts dans la lutte contre ce phénomène. Un plaidoyer sera mené en direction des décideurs, des leaders d’opinions, de la société civile et des partenaires techniques et financiers (PTF) pour qu’ils s’engagent dans la lutte contre la pratique.
Les populations et les communautés seront informées grâce à la dissémination de messages-clés. La campagne permettra aussi de renforcer le partenariat entre toutes les parties prenantes (gouvernement, société civile, PTF) pour lutter contre le mariage d’enfant. Le coup d’envoi est donc donné pour environ une dizaine de jours de campagne nationale de lutte contre le mariage d’enfant dans notre pays. Nous sommes lundi. Il est 9 heures et l’ambiance est toute particulière dans la grande cour du gouvernorat de Ségou. Et pour cause ! Les caravaniers étaient venus remettre les messages de la campagne au chef de l’exécutif régional. La caravane a été accueillie par le chef du cabinet du gouverneur, Mamadou Gaoussou Traoré. Mme Awa Abdou Touré, coordinatrice par intérim de Care-Mali à Ségou, lui a remis au nom de la Première dame et du gouvernement, à travers le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, une enveloppe contenant les messages de sensibilisation et d’information sur la pratique du mariage précoce dans notre pays.
Le gouvernorat de Ségou s’engage à utiliser tous les canaux de communication pour gagner cette lutte contre le mariage d’enfant qui freine l’épanouissement des victimes, hypothèque leur avenir et nuit dangereusement à leur santé, a déclaré Mamadou Gaoussou Traoré. Pendant deux jours, les caravaniers ont organisé des ateliers de formation et de sensibilisation sur les méfaits de la pratique afin de discuter avec les leaders religieux, coutumiers, communautaires et jeunes. Ce cadre d’échange citoyen sur la problématique a permis d’identifier plusieurs causes. Certains ont lié la pratique à la tradition qui veut qu’une fille doit être mariée sitôt ses premières menstrues, entre 12 et 14 ans, sous peine de se retrouver enceinte alors qu’elle est toujours célibataire. D’autres facteurs interviennent : le contexte socio-culturel et religieux conjugué aux épisodes des conflits armés, la pauvreté des ménages, le statut de la fille et de la jeune femme, leur vulnérabilité et leur dépendance économique vis-à-vis de l’homme. Les discussions ont établi que pour mettre fin à ce drame silencieux dans notre pays, il faut une approche impliquant toutes les composantes de la société. Il faut donc travailler à briser la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, la violence, l’exclusion et la discrimination. Il faut dans le même temps permettre aux filles de devenir des agents de changement social, économique et politique, mais aussi favoriser les garçons et les hommes comme des alliés du changement et réussir un développement équitable.
Mamadou Sékou Traoré, un leader religieux qui participait à l’atelier, est catégorique : « Cette pratique n’a rien de religieux, elle est plutôt culturelle ». Cet enseignant à la retraite explique être indigné de voir des parents retirer leurs filles de l’école pour les marier. La vie de ces milliers de jeunes filles, très souvent performantes à l’école, bascule après le mariage, soutient-il. « Dieu aime et protège tellement la femme qu’il serait impossible de lier cette pratique hautement dangereuse pour la santé des victimes à la religion », souligne notre vieil enseignant. Il exhorte, par conséquent, les parents à respecter leurs filles comme l’indique le Coran en les préservant des affres du mariage précoce. Les caravaniers ont assisté également aux échanges avec les élèves de l’école primaire « Bandjougou Bouaré » du quartier commercial de Ségou, sur la problématique du mariage précoce. Les cours étaient dispensés par Mme Aminata Sangaré de l’Unicef et Mme Maïmouna Dagnoko de Care-Mali. La caravane a quitté Ségou mardi pour Bla et San. Elle bouclera son périple par Mopti.
Source : maliactu.net
Articles similaires
A Voir aussi
Recette
Agenda
Newsletter
Abonnez vous à la newsletter pour recevoir nos articles en exclusivité. C'est gratuit!
Commentaires