La Petite Sirène est noire, et alors ?
Depuis que Disney a dévoilé le teaser de La Petite Sirène, mettant en scène une Ariel noire incarnée par Halle Bailey, les réseaux sociaux se déchaînent en commentaires racistes. Un phénomène hélas récurrent.
« She is a black girl ! They made Ariel into a black girl ! » Le 15 septembre dernier, Brut réunissait dans une vidéo les réactions de petites filles américaines, filmées par leurs parents en train de regarder des extraits promotionnels du nouveau film de Disney autour du personnage de la petite sirène. Émerveillées, les enfants découvraient que leur héroïne était noire, comme elles.
D’abord, la vidéo tourne sur les réseaux sociaux et tire quelques larmes d’émotion au million de spectateurs qui a cliqué sur « Play ». Puis, l’histoire change de bord : Ariel en femme noire, interprétée par Halle Bailey (The Color Purple, Let it shine) ne fait pas l’unanimité. Le phénomène porte un nom, blackwashing, qui désigne le fait de choisir un acteur noir pour incarner un personnage non décrit comme tel dans le récit d’origine.
Sur Twitter, le hashtag #NotMyAriel se multiplie en guise de protestation, avec bon nombre de commentaires racistes. Il n’est certes pas nouveau : il est apparu à l’été 2019, depuis que le casting du film a été annoncé, présentant Halle Bailey comme la future sirène. À l’époque, la jeune femme avait déclaré « ne pas prêter attention à la négativité » de la polémique et être « très excitée par le projet ».
Remarques nauséabondes
Trois ans plus tard, alors que le teaser officiel est diffusé depuis le 10 septembre et qu’il a déjà enregistré près de 23 millions de vues, les remarques nauséabondes pullulent. Certains voient dans le choix du casting une trahison de l’œuvre d’Andersen, dont le texte décrirait Ariel comme ayant la peau « diaphane », selon un internaute, qui estime que « remplacer l’identité d’Ariel par une autre est une pure expression de haine raciale ».
Alors que des images moqueuses de Michael Jackson travesti en petite sirène circulent, des internautes n’hésitent pas à trafiquer des captures d’écrans pour montrer un nombre fictif de « Dislikes » sous la vidéo officielle du teaser (qui seraient ainsi plus nombreux que les « likes » reçus), alors même que YouTube a bloqué cette fonctionnalité depuis novembre 2021. Enfin, certains estiment que Disney ferait de la « charité » aux Noirs en décidant de « repeindre » ses personnages…
Comme souvent, Twitter est le théâtre d’une guerre des « pour » et des « contre », laissant la haine s’y déverser allègrement. Les uns clament ne pas être « racistes », se sentant légitimes à ne pas vouloir voir que leur icône rousse aux yeux bleus change d’apparence ; les autres se lèvent contre ces attaques en rappelant toutes les fois où le cinéma a nié l’origine d’un personnage pour le représenter en blanc, en faisant donc du « whitewashing ».
Nombreux précédents
Cette avancée de Disney dans la représentation des minorités est notable, car dans l’éventail d’héroïnes de la major, on ne trouvait jusqu’à présent qu’une seule princesse noire – Tiana, de la Princesse et la grenouille –, et globalement très peu de personnages issus de la diversité. Et ce n’est hélas pas la première fois qu’une telle approche déclenche des torrents de haine.
Déjà en 2017, la recherche d’une actrice « issue d’une minorité ethnique » pour incarner Ciri dans The Witcher avait fait scandale (l’actrice finalement choisie est blonde à la peau claire). Quand La chronique des Bridgerton (autre série Netflix) a vu le jour, des internautes se sont déchaînés contre le fait d’y voir des lords et des ladies à la peau noire dans la bonne société londonienne de 1813. Alors même que de nombreux historiens estiment que la reine Charlotte, la grand-mère de la reine Victoria, était afro-descendante… LIRE PLUS SUR JEUNEAFRIQUE
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