``Tromper mon conjoint me permet de retrouver mon pouvoir de séduction``
Elles ont été ou sont infidèles à leur conjoint. Loin d'être synonyme de délitement de leur couple ou d'ennui, cette double vie offre à nos témoins une forme d'épanouissement. Explications.
Évoquer l'infidélité, c'est souvent se heurter aux réactions indignées et aux jugements: tromper son partenaire serait le pire affront que l'on puisse lui faire, mais cela serait aussi révélateur de la mauvaise santé du couple. Une fois cette ultime frontière franchie, il n'y aurait plus qu'une chose à faire: se quitter.
C'est contre ce constat sans nuance que la psychothérapeute d'origine belge installée aux États-Unis Esther Perel s'élève dans son best-seller L'Intelligence érotique (éd. Pocket). Dans son nouvel ouvrage The State of Affairs: Rethinking Infidelity (pas encore publié en France), elle s'emploie à démonter les clichés liés à l'adultère. Dans cette veine, nous avons souhaité donner la parole à des femmes qui portent un regard franc et sans concession sur leur propre adultère.
Laura, 29 ans: "Quand je suscite l'intérêt d'un autre homme, je me sens vivante"
"Je suis en couple depuis trois ans avec Sébastien. Nous vivons ensemble, nous avons des projets de bébé, d'achat de maison. Bref, pour moi, l'avenir se conjugue à deux. Et pourtant, en un an, je l'ai déjà trompé plusieurs fois, en couchant ou en embrassant des inconnus à des fêtes.
La première fois, c'était à une soirée de travail. L'un de mes collègues me tournait autour depuis longtemps. Grisée par l'alcool, flattée d'être courtisée, je me suis laissée aller. Je pense que la possibilité de l'infidélité mûrissait en moi depuis longtemps. Je ne sais pas s'il y a un lien de cause à effet, mais je me fais moins draguer. Je sens que j'attire beaucoup moins les regards que lorsque j'étais célibataire.
Quand je vais boire un verre avec une amie dans un bar, je ne suis plus celle que l'on va aborder. Cela peut sembler puérile, mais je le vis comme un renoncement, comme si mon statut d'adulte impliquée dans une relation 'sérieuse' devait me soustraire automatiquement au regard des autres hommes.
D'une certaine façon, la société me dit: 'tu ne peux pas tout avoir, le flirt et l'amour, la rencontre éphémère et les projets communs'. En me laissant aller à des tromperies sans lendemain, j'ai l'impression de reprendre la main, de retrouver mon pouvoir de séduction et de l'exercer pleinement. Pendant ce moment où je suscite l'intérêt d'un autre homme que mon conjoint, je me sens vivante.
Sans dire que mes tromperies apportent à ma relation, je pense qu'elles l'équilibrent. elles me permettent de rester la femme séductrice et pleine de vie que j'ai toujours été et que Sébastien a d'abord aimé."
Isabelle, 34 ans: "Je cherche ailleurs ce que je ne trouve plus dans notre couple"
"Je n'ai jamais considéré l'infidélité avec toute la gravité que l'on insuffle à cette idée. Quand j'en parle avec mes amies, elles sont d'ailleurs toujours choquées par ce que je pense. Je leur explique que, selon moi, l'infidélité est inévitable dans un couple de longue date. Et surtout, ce n'est pas si grave.
Dans nos sociétés occidentales et puritaines, on cherche à museler tout ce qui a trait au désir. En tant que femme, on s'autocensure tellement! Tromper son conjoint, ça serait forcément ne plus l'aimer mais surtout être quelqu'un de fourbe, d'intrinsèquement mauvais. Je refuse de me voir de cette façon. Être infidèle ne fait pas de moi une mauvaise personne. Je ne considère pas que mon désir ou ma sexualité aient quelque chose à voir avec mes qualités morales.
Quand je couche avec un autre homme que Xavier, mon mari depuis deux ans, je cherche ailleurs ce que je ne trouve plus dans notre couple. C'est normal: au bout d'un moment, la passion s'étiole, les relations sexuelles sont moins flamboyantes. Avec Vincent, l'homme que je vois en ce moment, je retrouve un peu de cette flamme.
De toute façon, je ne me suis jamais reconnue dans l'image traditionnelle de la femme qui doit être amoureuse pour faire l'amour. Mon désir et ma sexualité s'expriment plus intensément dans l'adultère que dans une relation monogame. C'est peut-être égoïste mais je n'ai pas envie de lutter contre cette tendance. Cela ne m'empêche pas d'être heureuse dans mon couple, à ma manière."
Estelle, 44 ans: "Il faut apprendre à s'occuper de son bien-être à soi pour être heureuse à deux"
"J'ai eu une aventure, il y a quelques années. Mon mari n'en a rien su. Je ne lui dirai jamais car je sais que cela lui ferait de la peine. Mais si je suis honnête avec moi-même, je dois dire que cela a été l'une des périodes les plus heureuses de ma vie.
Je retrouvais enfin l'excitation des débuts, la crainte de se faire surprendre, l'envie de faire l'amour le plus possible... Pour autant, je suis lucide: j'ai bien conscience que ce n'est pas mon amant en tant que tel qui m'a fait vibrer mais bien la situation dans laquelle nous nous sommes retrouvés.
Depuis cette histoire, j'envisage les choses différemment. Je suis plus épanouie, plus légère. Je sais que je pourrai ravoir une liaison si j'en ai l'occasion. Moins je suis focalisée sur mon mari et notre couple et plus il me court après! Peut-être me sent-il plus sûre de moi, moins dépendante de lui.
Avec cette liaison, j'ai compris que nous avions tendance, en tant que femme, à faire de nos conjoints les dépositaires de notre humeur. Si cela se passe bien avec eux, alors tout va bien. Je pense que c'est un cercle vicieux. Il faut au contraire apprendre l'égoïsme, à s'occuper de son bien-être à soi pour être heureuse à deux. Je ne dis pas que l'adultère est l'unique solution pour y arriver, mais cela peut en être une."
Source : lexpress.fr
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