Apartheid : La longue attente des victimes pour obtenir justice en Afrique du Sud

Les assassins présumés de Fort Calata (deuxième à partir de la droite) et de Matthew Goniwe (droite) n'ont jamais été poursuivis.

Le premier souvenir de Lukhanyo Calata est l'enterrement de son père. Il se souvient du froid et de sa mère accablée de chagrin. C'était l'hiver 1985, dans la petite ville sud-africaine de Cradock, dans la province du Cap-Oriental.

Il se souvient d'avoir eu le sentiment que le sol bougeait sous ses pieds alors que résonnaient les toyi-toying - des piétinements et des chants - de milliers de personnes en deuil.

Ils étaient venus de tout le pays pour rendre hommage au père de Lukhanyo, Fort Calata, et à trois autres jeunes hommes qui allaient être connus sous le nom de "Cradock Four".

Bien qu'il s'agisse de l'un des crimes les plus célèbres de l'époque de l'apartheid, les auteurs présumés n'ont jamais été traduits en justice, même s'ils n'ont pas été amnistiés par la Commission vérité et réconciliation (CVR) du pays.

Mais aujourd'hui, la réouverture des enquêtes sur ce crime et sur des centaines d'autres crimes commis à l'époque de l'apartheid raciste est en train de prendre de l'ampleur.

Le meurtre des Cradock Four, en 1985, avait suscité l'indignation dans tout le pays.

Le président du Congrès national africain (ANC), alors interdit, Oliver Tambo, s'est adressé aux masses qui assistaient à l'enterrement politique par le biais d'un message envoyé depuis l'exil.

Ce jour-là, le président PW Botha avait annoncé l'instauration de l'état d'urgence dans la province du Cap-Oriental, avant de l'étendre à l'ensemble du pays l'année suivante. Cette mesure confère à la police et aux forces de sécurité des pouvoirs étendus pour réprimer les activités réclamant la fin de la domination de la minorité blanche.

En tant qu'organisateur rural du Front démocratique uni (UDF), une importante organisation regroupant des centaines de groupes luttant contre la ségrégation raciale, l'un des quatre, Matthew Goniwe, se rendait parfois dans la ville de Port Elizabeth pour y tenir des réunions. Lors d'un de ces déplacements, le 27 juin, il était accompagné de Fort Calata, Sparrow Mkhonto et Sicelo Mhlauli. LIRE PLUS SUR BBC