Dr Diaka Sidibé, chef de département à l`université Roi Mohamed VI de Conakry : La femme ne doit pas toujours être relayée au second plan
Nommer une jeunesse compétente, intègre, innovatrice et compétitive à des postes de responsabilité, est ce second souffle qui peut booster toute institution et par la même occasion, prouver que le changement est dans la vision et dans les actes posés. Dr Diaka Sidibé, du sommet de ses 27 ans, est une de ses étoiles qui par son scintillement et son parcours, est un prototype de réussite de la jeune fille ou devrais-je dire de la jeune femme guinéenne. Cette amoureuse des sciences de la terre et de la technique, titulaire d’un Doctorat en géosciences appliquées, est chef de département de génie civil, hydro-géotechnique et géologie appliquée à l’université Roi Mohamed VI de Conakry. A elle seule, elle incarne, la détermination, le savoir-vivre, la responsabilité et surtout cette envie du partage des acquis scientifiques lors de ses formations en Afrique, en France et en Europe de l’est.
Nous avons rencontré cette amazone du savoir pour le bonheur de la femme guinéenne et de nos milliers de lecteurs. Lisez !
Quel est votre moral étant donné que vous êtes Docteur en mine et géologie, une filière masculine ?
Je ne suis pas d’accord sur l’expression filière masculine parce que je me dis qu’il n’y a pas d’étiquette sur les filières ou chaque filière prédispose un étudiant de tel genre néanmoins, je dirai qu’être Docteur c’est un plaisir et en même temps c’est un fardeau. Derrière tout ça, je reste sereine et très confiante, très optimiste et je me dis que cela prouve que les femmes peuvent mieux faire.
Qu’est-ce-qui vous a inspiré dans votre choix ?
Le choix de cette vocation pour les mines et géologie remonte à mon plus jeune âge car j’aimai beaucoup rivaliser avec les garçons, pas sur le thème de l’égalité mais je me demandais pourquoi les hommes font ci et les femmes n’en sont pas capables et j’aimais beaucoup les sciences et techniques donc j’ai fait les sciences expérimentales. Dans ma tête deux (2) choses raisonnaient, je voulais faire soit la médecine ou les géo-mines et lorsque j’ai eu le bac et que je suis allée au Maroc pour les études supérieures, on m’a directement en sciences de la terre et de l’univers (STU) comme si le bon DIEU avait déjà tracé ce chemin pour moi. En lisant beaucoup tout ce qui est géologie minière, géologie de la Guinée, recherche sur la Guinée, je me suis dit puisque le choix est déjà fait, qu’il reflète ma passion et que c’est un domaine qui peut vraiment propulser la Guinée dans tout ce qui est développement et croissance socio-économique, d’approfondir mes connaissances dans ce domaine après mon premier cycle pour un jour relever le défi.
Parlez-nous de votre parcours.
J’ai passé mon enfance ici en Guinée et à l’âge de 17 ans lorsque j’ai été boursière d’Etat et je suis allée pour les études au Maroc, j’y ai fait les sciences de la terre et de l’univers et puis je me suis orientée dans l’ingénierie géologique. Entre 2011 et 2014, j’ai passé mon doctorat en géosciences appliquées et ce fût une aubaine parce que durant tout ce parcours entre formation universitaire et professionnelle, j’ai su lier les deux en revenant chaque année en Guinée pour effectuer des stages dans les entreprises et même au ministère des mines et géologie. Pour perfectionner ma formation de base, je suis allée en France pour des formations, pour des congrès et pour des conférences dans le cadre du doctorat et également en Roumanie pour gagner en expériences de l’Europe de l’est. A mon retour en Guinée, j’ai décidé de me mettre au service de l’éducation pour dupliquer ce que j’ai appris et participer à la formation des cadres guinéens dans le domaine, c’est à ce titre j’ai commencé à donner des cours en sciences et techniques dans les universités. En janvier 2015, j’ai été nommée chef de département et je gère le génie civil, la géologie appliquée et en hydro-géotechnique.
Pensez-vous que l’équité solutionnera le problème de genre dans les pays africains ?
Je pense que bien avant de parler des questions d’équité, il faut d’abord que les femmes se mettent à l’œuvre, qu’on essaye de repartir les responsabilités entre femmes et hommes, ce qui sous-entend que la femme ne doit pas toujours être relayée au second plan.
SI vous étiez ministre des mines, quels seront vos chantiers en priorité ?
Les mines et géologie sont un domaine un peu plus complexe donc si je dois être ministre des mines, il faut un travail beaucoup plus en amont en rassurant d’abord les investisseurs pour qu’ils viennent dans un pays qui est souvent une zone de conflits socio-politiques, ensuite en ficelant les règlements sur l’industrie extractives, promouvoir la formation pour que les cadres ou les techniciens supérieurs soient compétitifs et à jour pour maitriser les nouvelles données ainsi que les nouvelles technologies pour mieux cerner les richesses d’un pays réputé ‟scandale géologique” et dont le terrain est très vierge. Je pense quand même qu’il faut être dans le département pour voir quels sont les enjeux, quels sont les problèmes auxquels le pays est confronté et quelles solutions alternatives peuvent être apportées pour développer ce secteur. D’ici, je ne peux pas dire que le travail n’est pas fait ni critiquer ce qui est entrain d’être fait.
Vous vous voyez comme une femme dans la peau d’un homme ou comme le levier du développement en tant que femme ?expliquez votre choix.
En tant que femme, je ne me vois pas du tout dans la peau d’un homme mais je crois que toute femme est un levier pour le développement dans tous les secteurs. Il suffit d’observer le quotidien du guinéen pour voir cet afflux des femmes à la recherche du bien-être, des femmes qui ont conquis leur autonomie, des femmes qui occupent des postes de responsabilité clefs et qui relèvent le défi donc je me dis que si le secteur informel était bien structuré, on aurait vraiment vu le poids de la femme dans le développement économique et social de la Guinée.
Pour terminer…
Je remercie les parents pour m’avoir accompagnée et soutenue dans mes choix, votre équipe. Aux femmes et jeunes filles, je leur dirai de croire en elles-mêmes, de doubler beaucoup plus d’efforts pour prouver qu’il n’y a pas de métier qui distingue les genres, il faut juste aller au bout de ce qu’on prétend faire et y croire fermement.
Source : guineenews.org
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