Des podiums aux mines d`or et de diamants, le fabuleux destin de Tiguidanké Camara

Première femme propriétaire de mines en Afrique de l'Ouest, Tiguidanké Camara a su s'imposer dans un milieu d'hommes. Zoom sur un parcours atypique. Elle a troqué robes de soirée et talons pour une blouse et des bottes de chantier.

La Guinéenne Tiguidanké Camara est passée du luxe des podiums à la boue des mines, en devenant la première femme propriétaire d'une firme minière en Afrique de l'Ouest. À Guingouiné, petit village forestier de la région des 18 Montagnes de l'Ouest ivoirien, elle dirige une équipe de dix personnes - géologues et ouvriers - qui prospecte le sol à la recherche d'or et descend aussi elle-même dans une mare boueuse pour en extraire des échantillons destinés au laboratoire de recherche.

« Je suis la réponse à la question »

«Quand j'étais mannequin, j'ai défilé pour des bijoutiers. Ils ont des licences en Afrique qui leur fournit leurs pierres précieuses», explique, au milieu des moucherons, cette quadragénaire. Ces défilés pour les bijoutiers ont «éveillé sa curiosité». «Et si les Africains ou Africaines s'appropriaient le business du secteur minier ?», s'est-elle interrogée. «Je suis la réponse à la question», assène celle que l'hebdomadaire Jeune Afrique a placée parmi «les 50 femmes d'affaires les plus influentes d'Afrique francophone». Forbes Afrique en a fait la Une de son 37e numéro en septembre dernier.

« J’ai dû exhiber mon badge de Pdg »

Profitant de contacts sur place grâce notamment à son père, ancien préfet, Tiguidanké Camara lance en 2010 Tigui Mining Group et achete deux licences d'exploitation d'or et de diamant en Guinée, son pays natal, en puisant dans ses économies, constituées au cours des années sur les podiums ou dans la promotion de grandes maisons de luxe. Elle enchaîne en 2016 avec un permis d'exploration et de prospection d'or en Côte d'Ivoire, désormais «sa base en Afrique de l'Ouest». «Je suis propriétaire d'une société minière qui m'appartient à 100%», dit fièrement la chef d'entreprise. Son physique a souvent amené ses interlocuteurs masculins à lui demander: "Vous êtes l'assistante de qui?", raconte-t-elle. «Excédée, je fus obligée un jour d'exhiber mon badge de Pdg».

« Bonheur »

À Guingouiné, on rêve de grands changements qui pourraient bénéficier au village si le site s'avérait effectivement riche en or, et qu'une mine y était creusée. «Nous manquons de tout», se lamente le chef du village, Alphonse Doh. L'école est une baraque sans électricité et le premier centre de santé se situe à 10 kilomètres du village. Pour lui, l'installation d'une mine permettrait de transformer la vie du millier d'habitants. Après tout, dans la langue locale yacouba, Guingouiné veut dire bonheur.

 

Source : AFP