Sexualité : Ces allergies qui touchent notre intimité

Les réactions anormales et excessives du système immunitaire face à une substance généralement étrangère à l’organisme sont en plein boom. Pas étonnant si elles s’invitent également dans notre intimité. Petite mise en garde sur ces manifestations intempestives qui risquent de gâcher les plus belles lunes de miel.

Les allergies « tue-l’amour », ça existe !

Démangeaisons, brûlures, rougeur des parties génitales ou encore gonflement des lèvres : généralement, ces symptômes évoquent, que ce soit aux yeux du médecin ou à ceux du patient, une infection. De même que personne n’associe spontanément une urticaire généralisée, un asthme ou un nez qui coule à une partie de jambes en l’air ! Et pourtant, ces symptômes peuvent tout à fait découler d’une allergie déclenchée entre les draps. Sans parler du dangereux choc anaphylactique entraînant un gonflement du visage et des lèvres, parfois accompagné de difficultés à respirer, qui nécessite une consultation en urgence. Que ces troubles apparaissent quelques minutes après l’acte sexuel ou seulement le lendemain, il peut être judicieux de consulter un allergologue.

Latex : gare aux réactions croisées


C’est la plus fréquente des allergies à s’immiscer dans notre lit. Elle concerne environ 3 % de la population, mais plus souvent les personnes opérées à différentes reprises et jusqu’à 15 % des professionnels de la santé. Elle peut affecter indifféremment l’un ou l’autre des partenaires. Ce n’est pas dramatique, puisqu’il existe une alternative grâce aux préservatifs sans latex. Cependant, mieux vaut se méfier si l’on se sait intolérant à la châtaigne, à la banane, au kiwi, à l’avocat ou… au fruit de la passion, car il existe des allergies croisées entre ces aliments et le latex, la réaction aux uns risquant de déclencher une mauvaise réponse à l’autre. Il est alors préférable d’anticiper et d’opter d’office pour le polyuréthane ! Plus difficile, en revanche, de remplacer les nombreux vibromasseurs masculins et féminins qui contiennent du latex…

Heureusement plus rare : l’allergie au sperme


L’allergie au sperme peut se déclencher dès la première nuit ou après des années de vie commune, si le liquide séminal de notre compagnon contient des protéines auxquelles nous sommes devenues sensibles. Les femmes qui en souffrent ont généralement des antécédents personnels ou familiaux d’atopie. Le port du préservatif résout le problème. Mais lorsqu’un désir de grossesse se manifeste, les choses se compliquent. Choisir un autre père peut constituer une solution, puisqu’il n’y a pas deux spermes identiques et qu’on n’est d’ordinaire allergique qu’au sperme d’une seule personne. Mais si c’est l’homme de notre vie, on peut tenter une désensibilisation par voie vaginale (en commençant par injecter 1 ml de sperme sous contrôle médical et en augmentant petit à petit les quantités). Autre solution : recourir à la PMA (procréation médicalement assistée) qui lavera le sperme avant de le réinjecter localement.

Quelques cas exceptionnels, rapportés par l’équipe néerlandaise du Dr Waldinger, font état d’hommes ressentant systématiquement un malaise après l’éjaculation : sensation de fatigue intense et musculaire pouvant persister jusqu’à une semaine, congestion nasale, brûlures oculaires, difficultés de concentration, etc. Ce trouble, longtemps considéré comme « psychologique » (phénomène fréquent quand les médecins n’en trouvent pas la cause), serait en fait, selon les chercheurs, lié à une allergie de ces hommes à leur propre sperme. La preuve en a été faite pour 29 des 33 personnes qui ont accepté de participer à l’étude néerlandaise (Journal of Sexual Medicine, janvier 2011). Pour l’instant, il ne leur reste plus qu’à prendre, quasiment à vie, des médicaments anti-allergiques.

L’allergie au baiser, souvent oubliée


On n’y pense pas suffisamment, mais toute allergie alimentaire ou à des médicaments peut se réveiller à l’occasion d’un échange de salive et entraîner des troubles potentiellement graves. Alors, si votre petite amie est allergique à la pénicilline, pas de baiser profond pendant votre traitement contre l’angine. Une femme allergique à un antibiotique a déclenché un jour une violente réaction au niveau des lèvres : son amant avait pris le médicament en question. Plus de 5 % des victimes d’allergie alimentaire rapportent également de telles réactions… même après une simple bise sur la joue. Si l’on est réactif aux cacahuètes, aux noix, etc. il est donc conseillé de s’enquérir de ce que notre partenaire a avalé auparavant (même si plusieurs heures ont passé). Pas très poétique, mais cela évite les mauvaises surprises 

Un cas plus exceptionnel


Il existe enfin des allergies à la candidine, une toxine sécrétée par le champignonCandida albicansen réaction à la mise en route d’un traitement antimycosique. Difficiles à dépister, elles toucheraient pourtant une ou deux personnes sur cent et se manifesteraient le plus souvent par un eczéma, des crises asthmatiformes, des céphalées, une urticaire… Entreprendre une désensibilisation peut alors donner des résultats positifs.

 

Source : femina.fr