Laxatifs : ces risques que vous ignorez
Lorsque la constipation apparaît, nous avons souvent pour réflexe de prendre un laxatif sans consulter un spécialiste. Erreur, ce geste peut avoir de graves conséquences sur la santé, surtout s'il est fréquent.
Qu'est-ce que la maladie des laxatifs ?
Votre transit tourne au ralenti, voire est à l'arrêt depuis plusieurs jours ? Et face à cette constipation, vous êtes tentés de vous tourner vers un laxatif pour résoudre rapidement ce problème inconfortable ? Attention, ces médicaments ne sont pas à prendre à la légère.
“Il existe plusieurs sortes de laxatifs dont les drastiques qui sont très irritants. Ils peuvent être issus de plantes comme la bourdaine et le séné ou encore être totalement chimiques. Ils créent une chasse d'eau et augmentent la motricité de l'intestin pour l'aider à évacuer les selles”, explique le docteur Daniel Scimeca.
Cependant le médecin met en garde : ”Ils sont assez violents. Le risque à long terme est qu'ils détruisent les muqueuses. C'est ce qu'on appelle alors la maladie des laxatifs”.
Comme son nom l'indique, cette pathologie du côlon est provoquée par une utilisation prolongée ou détournée de médicaments dotés de propriétés laxatives. Le médecin ajoute “Lorsqu'on fait une colposcopie, on voit que la muqueuse est noire. Elle a été comme vitrifiée et ne peut plus faire son travail. On appelle cela la mélanose colique”.
En plus des lésions sur la muqueuse colique, cette maladie peut également provoquer une maigreur chronique ainsi qu'une perte de sodium et potassium. La carence de potassium entraîne fatigue, crampes ainsi qu'une atonie de l'intestin, aggravant par conséquent la constipation.
La maladie des laxatifs, devenue moins fréquente après l'apparition de produits laxatifs plus doux pour les intestins, touche principalement les femmes. Elle régresse généralement en quelques mois avec l’arrêt des médicaments problématiques.
Toutefois, il peut être nécessaire d'avoir un suivi psychologique si cette prise excessive de médicament est liée à une “dépendance aux laxatifs”. Sinon, le patient risque la rechute.
Par ailleurs, prendre des plantes aux propriétés laxatives ne garantit pas un traitement adapté et sans effet néfaste. “Une partie des gens pensent à tort qu'il n'y a pas de risques si leur traitement est à base de plantes. Pourtant, elles ne sont pas toutes sans danger. La bourdaine, le séné et la mauve – en particulier - ne sont pas tendres avec l'intestin. Elles font partie des laxatifs drastiques et sont aussi problématiques que les versions chimiques”.
Les laxatifs peuvent retarder le diagnostic du cancer
Il existe aujourd'hui des laxatifs plus doux qui n’abîment pas l'appareil digestif. On peut citer les laxatifs de ballast comme les mucilages. Ils sont constitués de fibres qui vont se charger d'eau pour faciliter l'évacuation des selles. Il y a aussi ceux à base de sucres, essentiellement le lactulose. “Ces derniers sont bien, mais de plus en plus de patients s'en plaignent. Ils provoquent, en effet, beaucoup de gaz”, ajoute le Dr Daniel Scimeca.
Toutefois, s'ils sont moins mauvais pour l'organisme, la prise régulière de ces médicaments reste problématique. “L'inconvénient de prendre des laxatifs est qu'on ne se pose pas la question : pourquoi je suis constipé ? C'est problématique de ne pas se pencher sur les causes d'un mauvais transit”, explique le spécialiste.
La constipation est, en effet, un des signes du cancer colorectal. Traiter le symptôme plutôt que s'interroger sur la cause de celui-ci peut ainsi retarder le dépistage et le diagnostic de la maladie. Or un dépistage précoce est vital. “Le cancer colorectal est le seul cancer 100% évitable, si on le détecte tôt” précise le médecin.
Le docteur ajoute : “Le retard de diagnostic du cancer colorectal peut être la conséquence d'une prise importante de laxatifs pour constipation. Les autres maladies inflammatoires chroniques de l'intestin comme la maladie de Crohn se manifestent plutôt par des diarrhées”.
Prendre des laxatifs pour retrouver la ligne... attention danger!
Afin de perdre du poids rapidement, certaines femmes se tournent vers les laxatifs. ”Cette pratique est d'une inefficacité totale. Se purger de façon artificielle avec des laxatifs pour perdre du poids, cela ne marche pas”, prévient le Dr Daniel Scimeca.
Et c'est, en plus, vraiment dangereux pour la santé. La prise régulière de laxatif abîme l'intestin et provoque des troubles digestifs qui n'existaient pas avant.
Par ailleurs, elle peut aussi entraîner une décalcification, une déminéralisation et une perte des oligo-éléments nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme puisque les aliments sont évacués artificiellement avant d'avoir pu être entièrement assimilés.
Les personnes ayant ces carences alimentaires peuvent aussi souffrir de fatigue chronique et de dépression.
Laxatifs : quand consulter son médecin ?

Prendre des laxatifs n'est pas anodin. Il est ainsi préférable d'en utiliser uniquement après un avis médical. Toutefois, la constipation est un mal courant. Elle indispose en effet 1 femme sur 2et 1 homme sur 3. On est considéré comme constipé lorsqu'on va à la selle moins de 3 fois par semaine ou qu'on évacue un faible volume (moins de 30 à 50 g).
Ainsi, aller chez le médecin dès que notre appareil digestif tourne au ralenti peut paraître pour certains inutile. Le praticien le reconnaît : “Être constipé un ou deux jours n'est pas forcément problématique. Cela peut être dû à une alimentation un peu moins équilibrée lors des derniers repas ou encore à un stress”. Toutefois, “Il faut s'inquiéter quand le symptôme est inhabituel et qu'il dure depuis une dizaine de jours. À ce moment-là, il faut absolument consulter”, prévient-il.
De plus, les personnes qui souffrent régulièrement de constipation passagère doivent aussi se montrer prudentes. “Il ne faut pas se cacher derrière ce trouble chronique. Ce n'est pas parce qu'on est constipé de temps en temps depuis 30 ans et que les laxatifs règlent rapidement le problème qu'on ne peut pas développer un cancer colorectal. Il est donc important de faire un dépistage tous les deux ans entre 50 et 72 ans ainsi qu'une colposcopie tous les 3 ans” conclut le praticien.
Source: e-sante.fr
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