Amon Marie Christine/réalisatrice de chroniques africaines : « femmes, n'abandonnez jamais vos rêves »
« Chroniques africaines » est une nouvelle série produite en Côte d’Ivoire et la toute 1ère « scripted reality » d'Afrique Francophone diffusée sur la chaine A+. Cette série de quatorze épisodes est l’œuvre de la réalisatrice ivoirienne Marie-Christine Amon et a eu le prix de la meilleure série africaine à la 24è édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision à Ouagadougou, au Burkina Faso.
Comment est venue l'idée de mettre sur pied la série chroniques africaines ?
ça fait 10 ans que ma sœur Alexandra Amon, la productrice et moi travaillons dans la production audiovisuelle. On a commencé à travailler aux USA dans des différentes boîtes de productions et des chaines de télévision. Moi particulièrement j'ai travaillé pour une grande chaine de production hindou avec de grands acteurs. Mais à un moment donné j'ai estimé qu'il était temps de revenir en Côte d'Ivoire et donner un peu de mon expérience, ce que j'avais vécu à mes frères et mes sœurs ivoiriens. Donc je suis revenue et j'ai eu quelques péripéties car Il fallait connaitre le marché. J'ai constaté qu'il y avait un format qui s'appelle la scripted reality, qui est un mélange entre la télé réalité et la fiction qui n'existait pas ici et qui, curieusement pouvait très bien s'adapter à nos histoires d'Afrique. Donc on a eu l'idée comme ça avec ma sœur d'adapter ce genre là avec nos petites histoires et ça se prêtait très bien. Et c'est comme ça qu'on a commencé...
Et ça a été très bien accueilli par le public?
Je suppose... nous n'avons pas encore le sondage. Mais nous avons eu beaucoup de retour notamment de notre diffuseur qui est A+ et qui est apparemment est très satisfait de la diffusion de ce programme sur leur chaine.
Chroniques africaines contient combien d'épisodes?
Chroniques Africaines contient pour la saison 1, 14 épisodes. Au départ nous sommes allés sur la base de 13 épisodes, mais il y'a eu un épisode supplémentaire parce qu'il y avait la matière pour faire un épisode supplémentaire.
Et c'est des sujets qu'on vit au quotidien?
Le concept c'était de pouvoir partir sur des faits divers réels ou inspirés de faits réels. Rester le plus possible dans la réalité de notre quotidien, mais pas seulement en Côte d'Ivoire parce que nous n'avons pas seulement une vocation ivoirienne, mais une vocation panafricaine. Donc l'idée c'était de vraiment relater les histoires telle qu'on les vivait aujourd'hui dans la Cote d'Ivoire moderne, dans l'Afrique moderne.
A quand la diffusion de chroniques africaines sur la chaîne ivoirienne pour que tout le monde puisse voir la série
Nous sommes en discussion avec la RTI pour que juste après la période d'exclusivité avec A+, nous puissions offrir ce programme à tous les ivoiriens qui souhaitent voir et savoir de quoi il s'agit vraiment. C'est vrai qu'il y a toute une bataille médiatique autour de chroniques africaines, maintenant il s'agit de savoir de quoi il s'agit. Et nous sommes en discussion avec la RTI pour cela.
Comment s'est fait le casting des acteurs?
Le casting s'est fait de manière très simple. On a organisé 2 à 3 castings, notamment au sein d'une école qui s'appelle Hollywood Academy. C’est une école des jeunes acteurs ivoiriens qui a participé de manière très gracieuse à ce projet là. Ils nous ont permis d'aller au sein de cette école et d'ouvrir le casting à tous ceux qui voulaient participer a ce projet. Autant les étudiants de Hollywood Académy que les personnes qui étaient intéressées tout simplement par ce projet.
Pourquoi pas des professionnels?
Nous avons un professionnel qui est Guy Kalou. Il est le seul effectivement. On a estimé que c'est un projet jeune, c'est un projet innovant et la nature de ce projet faisait qu'on voulait l'ouvrir à des jeunes talents qui n'ont pas forcément l'opportunité de montrer ce qu'ils savent faire dans d'autres grandes séries qui passent en ce moment. L’idée pour c'était de donner vraiment la chance à tous nos jeunes frères du cinéma, tous ceux qui ont ce rêve là mais qui ne savent pas comment y accéder. C'était donc une lucarne pour eux de pouvoir venir s'exprimer. C'est à peu près l'esprit que l'on veut garder pour les saisons a venir.
Aujourd'hui comment on se sent quand on vient de glaner ce prix au FESPACO à savoir meilleure série africaine?
Oh la la! C'est trop d'émotions, c'est inexplicable. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il faut le vivre. Nous avons eu l'opportunité de vivre cette expérience unique et je comprend maintenant ce qui se passe dans la tête des grands acteurs, des grands producteurs de ce monde lorsqu'ils reçoivent un trophée prestigieux parce qu'on sait que le FESPACO c'est le festival le plus prestigieux du cinéma en Afrique. Donc c'est beaucoup d'honneur qui nous a été fait pour une première série, parce que c'est notre première véritable réalisation. Nous remercions autant les jurés du FESPACO, autant le gouvernement ivoirien qui nous a énormément supporté, qui nous a donné leur soutien à 100% et aussi les téléspectateurs qui nous ont suivi depuis le début et ceux qui nous rejoignent maintenant.
Vous pensez avoir atteint vos objectifs?
Non, je pense qu'on en est au balbutiement. On n'a pas l'arrogance de dire qu'on est arrivé loin. Il y a eu des devanciers devant nous, il y a des anciens qui sont devant nous qui ont 30 ans de carrière. Nous, on en est qu'à notre balbutiement. Donc c'est vrai qu'on a fait honneur à la Côte d'Ivoire, maintenant il y a beaucoup de travail devant nous et il faut continuer de porter ce flambeau là pour prétendre avoir atteint les objectifs dans sa vie.
En tant que femme, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le milieu du cinéma?
En tant que femme, les difficultés ce sont peut être les difficultés classiques qu'on rencontre : vous êtes une femme, est ce que vous pouvez... oui ou non? Il faut penser au mariage, faire des enfants, est ce que vous pourriez relever tous les challenges à côté de ça? On vous dit que vous ne pouvez pas le faire, que vous n'êtes pas à la hauteur. C'est l'Afrique et que c'est déjà compliqué pour les hommes à plus forte raison pour les femmes. Mais ma sœur Alexandra et moi, on a décidé de ne pas regarder ça. On a décidé qu'on avait un rêve et qu'on veut aller au bout de notre rêve et que avec du travail et de la détermination c'était possible de le faire. Donc c'est que nous avons fait.
Pour une telle série d'où vous viennent les fonds?
On l'a déjà dit, on ne l’a jamais caché, et on est très fière de dire que les fonds viennent à 100% du Ministère de la Culture et de la Francophonie, à travers le fonds CIC. Nous avons proposé le projet il y a pratiquement deux ans de cela au ministère. Mais avant ça je tiens à saluer une grande dame du qui s'appelle madame Diomandé et qui est la directrice du cinéma au ministère de la culture. Elle avait déjà remarqué ma petite sœur dans un autre concours organisé par Canal + horizon pour les nouvelles réalisatrices qui ont de l'avenir. Et c'est elle qui a proposé qui a proposé le projet au Ministère de la Culture qui l'a étudié, analysé et qui l'a validé et qui a trouvé que c'est un projet intéressant et qui a décidé de nous accompagner. Merci encore une fois au Ministère de la Culture. C'est juste pour dire que véritablement, notre gouvernement travaille pour ceux qui ont envie de travailler. Ils sont là pour nous.
Pour terminer notre entretien, est ce que vous avez quelque chose d'autre à ajouter?
Oui. Tout ce que je voudrais dire encore une fois, je remercie toute la Côte d'Ivoire parce que c'est la Côte d'Ivoire comme je le dis toujours qui gagne. Merci à tous les spectateurs, à tous ceux qui nous ont soutenus, on veut leur dire qu'on veut toujours continuer à les rendre fiers, à continuer l'excellence. Et puis on espère leur faire plus plaisir avec encore plus. A toutes les femmes, n'abandonnez jamais vos rêves. C'est dans la détermination que l'on arrive à quelque chose.
Florence Bayala
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