Nigeria : la femme lynchée à mort n'était pas une kamikaze
Confondue avec une kamikaze de Boko Haram, la femme de 33 ans lynchée à mort ce week-end au Nigeria souffrait d'une maladie mentale. La police recherche actuellement les auteurs de son meurtre.
La jeune femme lynchée à mort ce week-end par une foule en pleine rue dans le nord-est du Nigeria n'était pas une kamikaze mais une malade mentale, a indiqué la police mercredi. Thabita Haruna, âgée de 33 ans, a été battue à mort puis brûlée dimanche dans la ville de Bauchi, après avoir refusé de se prêter à un contrôle de sécurité à l'entrée d'un marché. Le porte-parole de la police de l'Etat de Bauchi, Haruna Mohammed, a déclaré: «Toutes nos enquêtes prouvent que cette femme était atteinte d'une maladie mentale et qu'elle n'avait aucune intention de commettre un attentat suicide».
«Elle a quitté la maison samedi sans dire où elle se rendait. On l'a cherchée dans tout le quartier mais on ne l'a pas trouvée, jusqu'au lendemain», a indiqué Rahab Haruna, la mère de la victime. «Elle s'est retrouvée dans le marché de Muda Lawal, où elle a été lynchée, humiliée et brûlée à mort. Avant qu'elle ne soit tuée, ils l'ont fouillée et ils ont trouvé sur elle la carte d'identité de sa sœur Alheri», a poursuivi la mère. C'est grâce à cette carte que la famille a été prévenue du drame.
«Les lois existent»
Le porte-parole de la police a expliqué qu'«en tant qu'agents des forces de l'ordre, nous n'avons pas l'intention de laisser les gens faire justice eux-mêmes». «Nous poursuivons notre enquête et, dès que nous aurons arrêté les auteurs de cet acte, ils feront l'objet de poursuites judiciaires», a-t-il ajouté.
«Les lois existent, donc les assaillants n'auraient pas dû faire justice eux-mêmes. Ils ont tué et brûlé ma fille», a dénoncé la mère de la victime, qui décrit Thabita comme «une jeune femme normale». Cette dernière avait travaillé comme vendeuse avant de commencer à souffrir d'une maladie mentale et de séjourner plusieurs fois en hôpital psychiatrique entre 2007 et 2013. «Elle avait encore des crises par moments. Elle devenait folle et cassait des choses. Elle rassemblait des objets de la maison et elle y mettait le feu», a raconté sa mère. Ensuite, «elle redevenait calme et normale et elle aidait pour les tâches domestiques».
Femmes et fillettes utilisées comme kamikazes
Au Nigeria, la psychose enfle en raison de cette nouvelle «arme de guerre» qu'utilise Boko Haram. L'organisation terroriste a en effet désormais souvent recours à des femmes, voire à de très jeunes filles, comme kamikazes. Celles-ci mènent des attentats suicides contre des cibles où il est facile de commettre un carnage. Le 10 janvier, une petite fille de 10 ans s'est fait exploser dans un marché bondé. Le lendemain, deux adolescentes faisaient de même. En février, c'était au tour d'une fillette de 7 ans, puis d'une femme de commettre un attentat suicide. «On s'attendait à une utilisation des femmes de manière occasionnelle, mais c'est devenu une véritable stratégie mise en place par la secte pour déjouer la sécurité», a décrypté Emmanuel Igah, directeur de la société de conseil Phobos International et spécialiste du Nigeria, auprès de France 24. Les tenues traditionnelles permettraient notamment à ces femmes de dissimuler aisément des charges explosives.
Source : lefigaro.fr
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