Il faut soutenir les organisations féministes africaines

Les féministes africaines sont souvent menacées et ont très peu accès aux aides publiques alors qu’elles sont en première ligne pour faire avancer les droits des femmes. Les pays riches ont un rôle à jouer dans leur financement, interpelle un collectif d’ONG.

Le combat pour faire avancer les droits des femmes piétine. Pire, dans certains pays nous perdons du terrain. Tous les jours nous sommes en première ligne pour voir les droits humains les plus essentiels bafoués : des femmes violentées sans aucune prise en charge et aucune sanction pour leurs bourreaux, des jeunes filles qu’on prive d’accès à l’éducation pour rester à la maison s’occuper des tâches ménagères, des femmes dont le travail n’est pas reconnu et à qui on refuse l’accès aux moyens de production et aux terres. Dans tous ces pays, un point commun : le patriarcat à l’œuvre pour contrôler le corps et la vie des femmes. Cette domination masculine se traduit dans les politiques publiques, dans les législations et dans les normes sociales qui pratiquent toutes les formes de discriminations et de violences à l’égard des femmes.

Alors que la communauté internationale s’est fixée comme objectif l’égalité entre les femmes et les hommes d’ici 2030, les progrès sont trop lents. Ces dernières années ont pu confirmer qu’en période de crise, les droits des femmes sont toujours fragiles. La pandémie du Covid et la crise économique qui a suivi ont impacté en premier lieu les femmes, aggravant les inégalités socio-économiques préexistantes. Dans le même temps, le camp conservateur et populiste antiféministe s’est renforcé.

Diabolisation grandissante des féministes

En tant qu’organisations non gouvernementales, fonds et organisations locales, toutes féministes, nous nous battons ensemble sans relâche et nous sommes sur le terrain pour accompagner les femmes et sensibiliser les communautés. Pourtant, les organisations féministes locales mènent ce combat avec trop peu de ressources. Elles sont les grandes oubliées des financements, puisque moins de 0,1 % de l’aide publique au développement leur parvient. Ces financements sont très souvent inaccessibles pour les petites structures de terrain : mises en concurrence avec les plus grosses organisations et exigences administratives et financières hors de portée. Aujourd’hui, dans de nombreux pays, les organisations féministes survivent grâce à des femmes déterminées, le plus souvent bénévoles, qui sacrifient leur vie pour faire avancer la cause. Cela n’est pas une fatalité. Les bailleurs internationaux doivent s’adapter à leurs réalités et les aider à se renforcer et grandir. Car rien n’avancera sans elles. Financer les organisations féministes est donc l’un des investissements les plus efficaces pour faire avancer les droits des femmes et combattre les pesanteurs socioculturelles défavorables aux femmes et aux filles...lire la suite sur liberation