Un film à la mémoire d’Emmett Till
L’assassinat de cet adolescent noir dans le Mississippi en 1955 fut l’un des catalyseurs du mouvement des droits civiques. Le long-métrage de Chinonye Chukwu documente ces années de lutte des Africains-Américains pour l’égalité et la justice.
Mars 2022, le président américain Joe Biden signe la loi Emmett Till faisant du lynchage un crime fédéral. Cette loi porte le nom d’un adolescent noir de 14 ans, torturé et tué dans le Mississippi en 1955. Elle est l’aboutissement d’années de lutte menées par les activistes africains-américains, comme ceux de l’Association nationale pour la promotion des gens de couleur (NAACP). Et autres figures politiques locales et nationales, à l’instar du Dr Theodore Roosevelt Mason Howard (T. R. M. Howard). « Un héros de la lutte pour les droits civiques, dont je n’avais jamais entendu parler avant de faire mes recherches pour le film », confesse Chinonye Chukwu, réalisatrice américaine d’origine nigériane qui signe ce drame inspiré de faits réels sobrement intitulé Emmett Till.
« T. R. M. Howard était un multimillionnaire qui s’est construit seul et qui a utilisé son argent au service de la cause des Noirs, pour les accompagner dans leur migration vers le nord, ou les aider à préparer un procès. Tout ce qui pouvait contribuer à leur émancipation », poursuit la cinéaste qui s’est énormément documentée pour retranscrire au mieux l’affaire Emmett Till, tout en y injectant une part de romanesque proprement américaine.
Humaniser Emmett
C’est donc aux côtés de cette figure méconnue mais ô combien essentielle du mouvement américain des droits civiques, à l’origine de la fondation du Regional Council of Negro Leadership (RCNL), que Mamie Elizabeth Till-Mobley, la mère d’Emmett, mènera son combat pour réclamer justice pour son fils. Mais aussi pour tous les Noirs américains.
« Avant que l’on ôte la vie de mon fils et que la haine raciale ne s’abatte sur lui, je vivais paisiblement à Chicago sans me soucier de ce que pouvaient endurer les Noirs dans les États du Sud. Aujourd’hui, j’ai compris », dit-elle lors d’une allocution devant une foule d’Africains-Américains, peu de temps après le procès de Roy Bryant et J.W. Milam pour le meurtre d’Emmett Till, que ses proches surnommaient Bobo.
« Je voulais qu’Emmett ait toute son humanité. C’était juste un gamin qui voulait jouer, rire et faire des blagues, vivre et tout simplement exister. C’était la perspective que je voulais donner à Emmett quand on le voit à l’écran, que l’on se souvienne de son innocence enfantine », explique Chinonye Chukwu. C’est également ainsi que les membres de sa famille le décrivaient, comme une personne aimante et douce, qui aimait faire des farces.
Le combat d’une mère
Mamie Elizabeth Till-Mobley, interprétée à l’écran par Danielle Deadwyler qui porte le film sur ses épaules de bout en bout, n’a pas élevé son fils dans la peur. Parce qu’à la ville, les Noirs peuvent vivre. Elle l’envoie passer l’été 1955 chez son oncle et ses cousins, qui vivent dans le delta du Mississippi, un État où la plupart des lieux publics sont soumis à la ségrégation et où l’on apprend aux Noirs à s’adresser aux personnes blanches sans créer de problèmes...lire la suite sur jeuneafrique
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