Annabelle Lengronne /Actrice : ``J’ai longtemps joué la femme noire en colère ``

L’actrice crève l’écran aux côtés de Stéphane Bak et d’Ahmed Sylla dans « Un petit frère », de Léonor Serraille. Une fresque familiale qui suit la trajectoire d’une mère célibataire ayant quitté la Côte d’Ivoire pour la France, loin des poncifs habituels.

Cheveux coupés très courts, peau ébène et silhouette longiligne frôlant le mètre quatre-vingt, Annabelle Lengronne en impose par sa stature. Son visage affiche un large sourire et ce malgré la fatigue accumulée d’une journée presse marathon. Cette après-midi-là, l’actrice qui fêtera ses 36 ans courant février, enchaîne les interviews dans un hôtel parisien pour défendre le deuxième film de Léonor Serraille, Un petit frère, dans lequel elle tient le rôle principal.

Après avoir raconté l’histoire d’une trentenaire qui tente de se reconstruire à Paris suite à une rupture amoureuse dans Jeune Fille – Caméra d’or au Festival de Cannes en 2017 –, la cinéaste brosse une nouvelle fois le portrait d’une femme, et ce sur plusieurs années. Rose tente elle aussi de bâtir les fondations d’une nouvelle vie, après avoir quitté la Côte d’Ivoire pour la France avec deux de ses quatre fils (interprétés, selon les époques, par Stéphane Bak et Ahmed Sylla)

Dans ce rôle, Annabelle Lengronne crève l’écran. Sans doute tient-elle d’ailleurs ici son premier vrai rôle de composition, et montre qu’elle est capable d’interpréter une mère-enfant à l’aube des années 1990, naviguant entre ses responsabilités parentales et ses désirs de femme, entre maturité et usure du temps.

Colorisme et harcèlement

Pourtant, il y a seulement quelques années, Annabelle Lengronne n’était encore que cette adolescente un peu énervée cantonnée aux rôles de banlieusarde. Comme dans Les Kaïra de Franck Gastambide (2012), ou encore dans La Fine Équipe signé Magaly Richard-Serrano (2016), dans lequel elle interprète une rappeuse prête à en découdre.

« C’est simple, pendant dix ans, j’ai joué la “angry black woman” – la femme noire en colère. Parce que, apparemment, quand on est foncée de peau, on est plus en colère que lorsque l’on est métisse ou claire, grince-t-elle. Dans ce schéma, la femme noire ne peut pas être sauvée, soit elle souffre seule, soit un Blanc la sauve à un moment », constate l’actrice qui a depuis pris du recul sur sa carrière. Cette colère-là, peut-être l’avait-elle intériorisée, sans doute était-elle déjà infusée en elle....lire la suite sur jeuneafrique