Des athlètes lourdement opérées car trop "masculines"
Selon Libération, quatre jeunes femmes ont subi une ablation partielle du clitoris et une ablation totale des gonades pour continuer à faire du sport en compétition. On leur reprochait leur taux élevé de testostérone.
La compétition ou l'opération. Quatre sportives de 18 à 21 ans, provenant de pays "développés" mais non précisés, ont dû faire ce choix, rapporte ce mercredi Libération, qui cite en partie une tribune du News York Times. Les deux journaux ont été alertés par une étude scientifique publiée en avril 2013 dans le Journal of clinical endocrinology and metabolism.
Les deux auteurs, deux endocrinologues français, racontent avoir proposé des opérations chirurgicales aux quatre jeunes femmes, qui ont été épinglées par des contrôles antidopages dans leur pays. Car depuis 2011 et l'affaire Caster Semenya, une coureuse qu'on a accusée à tort d'être un homme, le Comité international olympique (CIO) et l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) imposent un seuil de testostérone aux femmes pour concourir. Un test censé être moins discriminant que les précédents, génétiques.
"Féminiser les organes génitaux"
Sauf que dans le cas présent, les quatres jeunes femmes sécrètent un taux d'hormone mâle plus élevé que la moyenne. Elles sont atteintes d'hyperandrogénie", explique Libération, liée notamment à la présence de petits testicules "internes". En outre, elles possèdent des chromosomes XY, donc masculins. On appelle ces personnes "intersexuées", même si d'un point de vue de l'identité, elles peuvent se sentir femmes.
Ces quatre femmes ont donc été envoyées en France pour des examens. Pour pouvoir continuer à faire du sport, elles ont accepté, sur proposition des médecins français, de subir une ablation totale des testicules, "suivie d'une vaginoplastie avec oestrogènes de remplacement". Plus étonnant, on leur propose également de se faire enlever partiellement le clitoris alors même que l'organe ne secrète pas de testostérone. Interrogée parLibération, la bioéthicienne Katrina Karkazis, qui s'insurge de ce procédé dans une tribune au New York Times, explique que le but de l'ablation partielle du clitoris est seulement "de féminiser" les organes génitaux.
Testostérone et performances
De son côté, contacté par Libération, le directeur médical du CIO, Richard Budgett, se dédouane en affirmant qu'il s'agit d'une "décision d'athlète". Autrement dit, que le comité n'est pas responsable. Mais pour Katrina Karkazis, il n'y aurait pas eu d'opérations sans le critère de testostérone du comité et les opérations ne sont pas fondées sur des raisons médicales. Un an après l'opération, les quatre femmes ont pu reprendre la compétition.
Dans sa tribune au NYT, la bioéthicienne cite d'ailleurs une autre étude publiée dans The Journal of clinical endocrinology, qui indique que le taux de testostérone n'induit pas forcément de meilleures performances chez les athlètes. L'étude montre également que, sur un échantillon de 693 athlètes de haut niveau, 16,5% des hommes possédaient un taux de testostérone inférieur à la moyenne masculine quand 14% des femmes possédaient un taux supérieur à la moyenne féminine.
Source : lexpress.fr
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