La mode et les adolescents : le vêtement , moyen pour l'adolescent de s'affirmer

Le vêtement est une seconde peau, il permet de nous renvoyer l’image de l’autre car il en dit long sur celui qui le porte. Tout le monde tient compte plus ou moins consciemment de la façon d’être habillé de l’autre car la première impression que l’on a de quelqu’un est visuelle.

A l’adolescence, où le jeune est en pleine recherche de son identité, le vêtement lui permet de s’affirmer. A un âge où le corps se transforme, il l’aide à s’approprier et à maîtriser ce qui lui échappe. Ainsi, une adolescente qui a du mal à accepter sa féminité parce qu’elle en a peur a tendance à cacher son corps en revêtant de gros pull. Au contraire, celle qui en est fière mettra ses formes en valeurs en mettant des t-shirts près du corps.  

Car le vêtement est d’abord un marqueur sexuel. On constate d’ailleurs que dès la naissance, le vestiaire de l’enfant est anticipé puisque son sexe détermine la couleur de ce qu’il porte : bleu pour un garçon, rose pour une fille. Plus tard, le vêtement va jouer un certain rôle de séduction. Les jeunes, qui sont en fabrication de cette séduction, vont l’utiliser comme moyen d’attirer le regard de l’autre, de lui plaire, voir d’être aimé. La mode permet donc à l’adolescent de tester sa capacité à plaire à l’autre sexe.

Mais c’est aussi un marqueur social. Auparavant, il existait un code vestimentaire pour chaque groupe social. Aujourd’hui, ce code agit comme une barrière de protection entre le jeune et les autres, le laissant choisir l’image qu’il veut se donner auprès de son entourage. Porter des marques permet d’être « dans le coup », de se faire une place parmi ses pairs et donc de se sentir bien dans sa peau. C’est un moyen de se valoriser, de se tenir autrement, d’être plus sur de soi. C’est par sa façon de s’habiller que l’on montre sa personnalité, son mode de vie, ses goûts et les personnes à qui l’on s’identifie. De cette manière, on s’intègre à certains groupes sociaux qui partagent les mêmes valeurs. C’est donc une clef des relations sociales.

En d’autres termes, le vêtement peu être qualifié de « consommation ostentatoire ». En effet, il permet de se comparer aux autres, de leur montrer une image positive de soi, et de leur prouver qu’on a les moyens de se payer des vêtements tendances et des marques. En fait, porter des marques est une manière d’attester que sa famille dispose de ressources économiques suffisantes. 

Dans les quartiers défavorisés, les marques jouent un rôle très important  car, les jeunes, confrontés à des incertitudes sociales, économiques et  identitaires, achètent de la marque pour sa fonction d’identification, et de différenciation. Cela explique pourquoi ce sont les marques sportives qui y sont prisées : elles affichent une identité positive valorisée par des figures héroïques qui sont des symboles de la réussites (champions, médailles olympiques…). Elles proclament aussi un luxe apparent (en sponsorisant des sports bourgeois comme Lacoste pour le Golf). Cette culture sportive est survalorisée parmi ces adolescents exclus de nombreuses institutions culturelles, de l’école ou de centres socioculturelles, car elle leur permet de recourir à une sorte de « bluff social ». En montrant ses capacités à  se procurer des tenues sportives de marques jugées prestigieuses, on cherche à faire bonne figure, à donner une image positive de soi mais aussi de son quartier, de sa famille et de ses origines.

Toutefois, ce processus ne se limite pas aux jeunes issus de l’immigration ou en situations défavorisés. Les enfants de catégories moyennes ou supérieures sont aussi fréquemment influencés par les identités très marquées des minorités. Ils cherchent des repères dans des figures héroïques et dans la consommation d’objet à forte identité. Le plus souvent, il s’agit de se démarquer d’une culture adulte plus établie, jugée trop bourgeoise. 

Car, le vêtement est aussi lié, pour l’adolescent,à la volonté de déplaire à ses parents. Etant en pleine phase de recherche de son identité, il va tout faire pour se démarquer d’eux, s’opposer et s’en séparer psychologiquement. Et plus les parents prennent en compte ce désir de différenciation, plus le jeune va loin dans sa recherche de l’idéal et dans son désir de provocation. En fait, si l’adulte adopte des tenues typiquement adolescent , parce qu’il a peur de vieillir et que cette peur le pousse à s’habiller comme un jeune, l’adolescent va être embarrassé et ira plus loin encore dans son esprit de contestation en arborant des looks extrêmes comme le piercing, les tenues très sexy, les pantalons extra large… En fait, c’est une sorte de mise à l’épreuve de l’adulte qui permet à l’adolescent de voir jusqu’où il peut aller.  

Ainsi, c’est en faisant attention à la façon dont il s’habille, en portant les mêmes marques que ses amis, que ceux qui l’entourent, tout en se différenciant de ses parents que l’adolescent peut s’affirmer par le biais des vêtements.      
 

Source : adolescentsetmode.e-monsite.com