Mariam Soré, promotrice de la marque MamySor : le jumelage de la tradition au modernisme
Promotrice de la marque de prêt-à-porter “Mamysor”, diminutif de Mamy Soré, Mariam Soré, à l’état civil, est plus connue sous le nom Mamy Soré. Alliant modernité et tradition, elle fait la promotion des pagnes africains notamment le pagne tissé du Burkina, le pagne made in Côte d’Ivoire et d’autres pays. La marque “MamySor” vend l’Afrique aux africains et au monde entier. Découvrez plus Mariam Soré et sa marque “Mamysor”.
Mariam Soré, dans la mode, c’est une histoire. Dites nous ce qui vous a motivée à vous lancer dans la création
Je suis avant tout issue d’une famille modeste. Pour la petite histoire, Je suis venue à la mode parce que j’aimais, en son temps, être assez coquette alors que je n’avais pas les moyens. Alors pour donner vie à mes envies, je me mettais à dessiner mes modèles.
Entre amies, nous sortions pour faire du shopping, et mes camarades, issues de familles bien plus aisées, s’offraient des pantalons de 100 000 Fcfa, ou 200 000f. Mais moi je ne pouvais pas me le permettre. Du coup, je dessinais ce que je voulais et je trouvais des couturiers dans les coins des rues pour me les reproduire. Et voilà que, de fil en aiguille, mes camarades, au lieu d’aller dépenser des sommes faramineuses, ont préféré venir vers moi pour que je leur dessine leurs tenues. C’est avec enthousiasme que Je me suis mise à le faire.
Quant au déclic, il est venu quand j’ai habillé ma soeur qui participait à une de ses cérémonies à l’extérieur précisément en Europe. Le coup d’essai est devenu un coup de maître puisque j’ai reçu de nombreux encouragements et appels. Tous voulaient savoir si c’était vraiment mon métier. C’est ainsi que que les choses se sont mises en place et voilà comment ça a commencé.
Sinon, quelle est votre formation initiale?
J’ai une formation de comptable, je suis responsable administrative et financière. C’est ma profession. Et la mode, c’est ma passion et mon entreprise.
Même si vous alliez modernité et tradition, quelle serait la particularité de vos créations par rapport à celles de vos concurrents qui utilisent les mêmes matériaux que vous?
Je pense que la touche “Mamy Sore” se démarque déjà parce que moi je n’utilise pas uniquement que le pagne tissé pour la confection d’un article. Ma particularité réside dans les mixages et J’en fais plus.
Avec les autres, vous constaterez peut-être qu’ils utilisent totalement le pagne tissé, ils font carrément des ensembles. Mais avec “Mamy Sore”, je vais utiliser juste une petite touche de pagne tissé, dans une pochette dans une tenue.
Qui plus est, si vous vous faites attention, vous remarquerez que j’utilise plus les rayures à la verticale. À travers ce détail, les gens arrivent à me reconnaître dans mes créations.
En ce qui concerne le matériau de création, comment faites vous pour vous procurer des pagnes tissés chez vous et dans les autres pays?
Commençons par les pagnes tissés du Burkina. Il y a tellement d’association de femmes Burkinabés qui travaillent dans ce domaine et avec lesquelles je suis en étroite collaboration. J’ai un événement mode dénommé ‘’Mamy Sor fashion for a cause’’.
À la troisième édition, on a décidé d’offrir des métiers à tisser à des femmes qui veulent apprendre et qui connaissent des situations difficiles. Du coup, j’ai autour de moi un grand nombre de femmes qui font le pagne tissé. C’est pour nous une façon de leur offrir de l’emploi et de leur permettre d'être autonomes.
Ici en Côte d’Ivoire, à l’édition dernière qui a eu lieu à Sofitel Hôtel, j’ai invité des tisserands puisque l’événement portait sur le tissage. Il y avait à cet effet des tisserands de Yamoussoukro.
Je peux donc dire, avec modestie, que pour le moment le problème d’approvisionnement ne se pose pas.
Je veux toujours marquer la différence et je parcours Internet pour découvrir des motifs qui me plaisent à partir du Benin que je commande. Je profite donc des nouvelles techniques de l'information et de la communication que sont les réseaux sociaux qui aident en bien de choses.
Comme on le sait, vous êtes à cheval entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Est-ce que vous vous servez des cultures des deux pays dans vos créations?
Totalement, je dirai parce que je me sers beaucoup en utilisant les matières de la Côte d’Ivoire. Vous allez voir dans mes créations aussi bien le pagne baoulé, le kita que du poids baoulé avec des chapeaux de roi.
Au burkina, vous allez voir le pagne tissé. Ce qui est intéressant dans ce pays et même Côte d’Ivoire, c’est que les pagnes tissés sont fonction des ethnie. Vous verrez ainsi les pagnes tissés que les mossis utilisent, ceux des dagaras. Chaque création ‘’Mamy Sor” est toujours une petite histoire que je raconte.
Pour le choix du pagne tissé, comment faites-vous la différence entre la qualité supérieure et les contrefaçons?
Premièrement, je choisis les tisserands avec lesquels je travaille. Et quand je passe une commande, je m’attèle à faire toujours en petite quantité avant de lancer en grande quantité.
En un mot, je suis moi-même le visage de ma marque. Donc je fais un prototype dont je vérifie la vérifie la résistance (est ce que ça ne déteint pas). À travers ce test, j’arrive à savoir qui m’a fourni le pagne. S’il y a une faille, j’interpelle le fournisseur incriminé et si je veux continuer la collaboration avec cet artisan, je lui dis, voici le rendu de votre pagne; soit vous le changez soit on arrête la collaboration. C’est un peu comme ça que nous fonctionnons.
Parlez-nous un peu de vos différents défilés.
Il faut dire que dès la naissance de ma marque ‘’Mamy Sor”, j’ai commencé par les défilés. J’ai compris que c’était vraiment un bon moyen de me faire connaître. Je pouvais faire trois défilés que j’organisais moi-même et pour lesquels j’invitais des proches.
Et petit-à-petit, ça s’est soldé par un événement mode où j’invite des stylistes venus d’un peu partout. Donc c’est vraiment des moments forts que j’apprécie, c’est le moment de présenter nos différentes collections. J’ai tellement fait de défilés, ici en Côte d’Ivoire, au Burkina et plein d’autres en Occident. J’ai eu également à faire des des ventes privées en Allemagne, en suisse, France et à Bruxelles. En suisse c'était sur invitation de l'organisation mondiale du coton à l'occasion de la journée mondiale du Coton vu que je valorise le tissé africain.
Lequel de ces défilés vous a plus marquée?
Sans hésiter, je dirai le tout premier défilé. Je l’ai organisé comme ça, tout naïvement. Et tous mes mannequins étaient mes proches, et comme par enchantement, mes mannequins, le jour du défilé, étaient plus nombreux que le public… C’était mon tout premier défilé. Il y avait une telle fierté de le faire, c’était à la fois drôle et sublime surtout que les gens inter-réagissaient quand les mannequins sortaient. Chacun, à la fin, commandait sa tenue et ça m’a marquée parce que c’était le tout premier. Je l’ai encore quelque part dans la mémoire. Et j’espère toujours l’avoir à l’esprit même quand j’atteindrai le millième défilé.
On vous a vue aussi dans le volet social lors de la crise du covid-19, ou vous avez fait des dons à certaines populations ici en Côte d’Ivoire. Dites-nous qu’est ce qui vous a poussée à le faire?
J’ai eu la chance de grandir dans un environnement assez modeste. Je dis toujours c’est une chance parce que ça m’a donné ce caractère si particulier. Du coup, dans tout ce que je fais, il faut beaucoup de philanthropie. C’est donné.
Avec la crise de covid-19, pour la styliste que je suis, j’ai la possibilité de faire des cache-nez. Et Je me suis dit pourquoi ne pas offrir des cache-nez à des populations qui ne peuvent pas s’en procurer ? Si par jour on doit changer deux fois le cache-nez, c’est un budget. Surtout qu’un cache-nez coûte 500f, ce n’est pas évident pour tout le monde. C’est ainsi que j’ai commencé à partager des cache-nez dont le nombre total s’élève à 1000 (mille) pour tout le monde en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. C’était un acte naturel pour moi.
Les dons en vivres et non-vivres sont dans la même veine. L’idée est partie du fait que les activités des uns et des autres étaient bloquées en raison de la pandémie liée à la Covid-19. Il fallait trouver une alternative qui puisse soulager ces personnes qui sont dans des conditions difficiles et qui, en plus de cela, doivent lutter avec cette maladie. Donc voila, j’ai joint l’utile à l’agréable en offrant des vivre et aussi des cache-nez.
Un mot à l’endroit de toutes ces femmes qui veulent entreprendre.
Il faut déjà dire que entreprendre n’est pas chose aisée. Pour l’entrepreneuriat, il est vraiment difficile de donner des conseils à quelqu’un. Ce que je puis toutefois dire, c’est qu’il faut savoir exactement ce que tu veux; il faut mettre la passion au devant tout parce que les millions ne tombent pas au premier mois. le plus souvent c’est un investissement, un sacrifice personnel. Je m’adresse surtout aux femmes, elles doivent s’armer de beaucoup de courage étant donné que le métier n’est pas simple et il y a beaucoup de préjugés autour. On a du mal à admettre qu’une femme peut être entrepreneur sans avoir un appui particulier, c’est-à-dire le soutien d’une tiers et qu’il n’y ait personne. Du coup pour les femmes, je les exhorte à aimer leur travail, être persévérantes et travailler plus que les hommes.
Yolande Jakin
Crédit photo : Mamy Soré
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