Fondatrice de l'école professionnelle des métiers de la mode, FATIM SIDIMÉ interpelle sur la Covid-19:  ``Malade ou pas, la crise impacte tout le monde``

Après le démarrage effectif de sa carrière professionnelle à Afrique Agence Fatim Sidimé rejoint l'Angleterre, où elle défile pour des marques comme Chanel ou Top Shop. Fondatrice, depuis 2012, de Sydney Conceptuel, première agence de lobbying dans le domaine du mannequinat en Afrique, et d’une école professionnelle des métiers de la mode, Fatim Sidimé est parvenue à créer le premier réseau des agences de mannequins de Côte d’Ivoire (RAMCI). Contrainte à la fermeture de son école de formation professionnelle et de son agence de mannequins du fait de la crise sanitaire du coronavirus, elle apporte sa pierre à l’élan de solidarité nationale et de soutien aux actions gouvernementales dans la lutte contre la Covid-19. Sensibiliser contre la pandémie et mobiliser vivres et non-vivres pour porter assistance à la grande famille de la mode, Fatim Sidimé n’est pas en reste en cette période de crise de la Covid-19. Exceptionnellement, elle a ouvert son bureau à afriquefemme.com pour partager sa vie d’auto-confinée.

Bonjour Fatim. Comment allez-vous ?

Hamdoulillah (Dieu fait grace) ! Avec la situation du pays liée à la crise sanitaire, on essaie de tenir bon.

Comment se passe une journée de Fatima en ce temps d’auto-confinement ?

Mes habitudes n'ont véritablement pas changé. Généralement, j'arrive relativement tôt au travail. Comme vous le savez, quand on a un nouveau produit, il y a toujours des choses à peaufiner, à gérer… J’ai profité de la situation du nouveau coronavirus pour faire beaucoup de rangements au niveau de mon école qui abrite également le siège de Sydney Conceptuel, mon agence de mannequinat. Cela me permet de ne pas perdre de tous les côtés. Ayant libéré tous mes collaborateurs, je suis seule et je rentre le soir.

Excepté venir au bureau, faites-vous d’autres courses ?

Il ne faut surtout pas perdre de vue, la situation sanitaire qui court et les exigences du moment. En plus de la maladie qui est réelle, il y a une grande psychose qui a envahi la ville. Nos parents sont très inquiets et très fragiles. Et quand je dois vraiment sortir, c'est pour aller rendre visite à mes tantes. En prenant toutes les mesures de précaution qu'il faut, je vais rassurer mes tantes et leur dire de se tenir tranquilles en respectant les mesures recommandées par nos autorités.

Votre école et votre agence sont à l’arrêt, qu’est-ce qui vous occupe ?

Rien que du rangement ! A la base, on est une agence de lobbying management pour les mannequins. Actuellement, on est à zéro production, zéro activité. Du côté de la formation professionnelle, on a zéro élève, zéro rentabilité! On fait aussi de la production audio-visuelle mais, par ces temps de pandémie, aucun annonceur ne vient nous soutenir et donc, on attend. Tout le matériel est rangé. A la vérité, on gère difficilement la situation.

Malgré tout, vous êtes très active sur les réseaux sociaux pour la sensibilisation contre la covid-19. Pourquoi tant d’efforts ?

À situation exceptionnelle, attitude similaire, dit-on. Quand il y a une situation délicate dont on dépend, il faut chercher la solution. C'est mon cheminement, mon cheval de bataille dans la vie en général. La covid-19 aurait atteint une poignée de personnes, par humanisme, j'aurais agi selon mes moyens. Malheureusement, aujourd'hui, elle touche tout le monde. Tant que la situation n'est pas stable, on ne peut pas reprendre nos activités. Donc, malade ou pas, la crise nous impacte directement et forcément. Dans ce cas de figure, il y a deux options : soit on est très passif à attendre alors que rien ne se fait seul dans le meilleur des mondes ou on prend une part très active dans le but d’aider à trouver les solutions.

Les ministres Hamed Bakayoko et Kandia Camara ont fait des dons aux acteurs de la mode. Pourquoi c'est par vous que c'est passé ?

La réponse est toute simple et évidente. C’est ma structure qui a initié cette action dénommée ‘’Soutien aux acteurs de la mode’’. Comme vous le voyez, c'est tout un monde. Nous nous sommes organisés et avons donc envoyé des couturiers à différents ministères. Quand le ministre d’État Hamed Bakayoko a reçu notre correspondance, il a répondu favorablement. La ministre Kandia Camara que j'appelle affectueusement ma maman est ma parraine et par ricochet, elle est aussi la marraine du réseau des agences de mannequins et des mannequins de Côte d’Ivoire et de tous les acteurs de la mode. Elle a fait pareil, c'est comme un sacerdoce pour elle, un devoir. C'est donc de bon cœur, qu’elle est venue d’elle-même faire le don.

Quel retour avez-vous eu des acteurs de votre milieu, après la remise de ces dons ?

Il y a eu beaucoup de retour. Dans la mode, on est très solidaire. Quand on prend les évènements aussi bien malheureux comme les décès de Mme Sylvie Amangoua ou d’Eloi Sessou que des moments de joie comme les célébrations des anniversaires des créateurs ou des mannequins, les acteurs de mode vont toujours main dans la main. Si on regarde les différents défilés de mode qu'on fait, les créateurs ont toujours été là. Les acteurs de la mode se sont toujours côtoyés avec beaucoup de courtoisie. Nous rassembler n'est donc pas quelque chose de nouveau. Sur les réseaux sociaux, on voit qu’il y a eu des soutiens envers le promoteur du moment. Personnellement, j’ai reçu des appels, des sms, des mails… de remerciements.

Comment vivez-vous le confinement ?

De par ma nature, je vois toujours le bon côté des choses. Alors, je prends ce confinement pour une grande retraite spirituelle. De façon terre à terre, je dirai que ce sont des vacances que le bon Dieu nous a données de façon obligatoire. Si le déconfinement arrive, la vie va reprendre son cours et chacun va vaquer tranquillement à ses activités. Ce sont nos habitudes et on va les reprendre. C'est tout.

Arrivez-vous à faire une beauté pendant ces moments difficiles ?

En général, je suis très autonome en matière d'entretien corporel. Tout ce qu’on applique au salon, je peux le faire à la maison. Que ce soit le shampooing, la manucure, la pédicure ou le gommage, je peux le faire moi-même. En général, je m’occupe moi-même de moi, confinement ou pas.

Que feriez-vous en premier si on venait vous dire que tout est ouvert ?

De prime abord, je vais remercier Dieu.

Comment allez-vous le faire ?

Je ferai une bonne prière en reconnaissance aux bienfaits du Créateur suprême pour nous avoir sauvés. C'est la chose la plus évidente. Ce sera sous forme d’action de grâce à l’Eternel Allah qui nous a sortis de là. Pour notre génération, c'est la plus grande pandémie que le monde entier subit simultanément. Après, je vais me consacrer à mes proches. C'est très important. Avec la crise de la covid-19, on a appris à nos dépens que la vie ne se résumait pas à être occupé constamment jusqu’à oublier les siens. Personnellement, je fais la part des choses entre ma famille et mon travail. J'ai toujours diné avec mes parents. Et ils savent qu'ils sont prioritaires. Après la famille, je dois aussi prendre le temps pour moi. Depuis presque trois mois, on a arrêté le travail et on n'en est pas mort. C'est vrai qu'il y a des priorités mais on peut quand même déplacer quelque fois ces priorités pour s'occuper de soi-même.

On se dit au revoir ?

Avant tout, j'aimerais dire un grand merci aux médecins et au corps médical. Dans tous les pays du monde, ce sont les grands héros du moment. Je salue aussi le courage et la dextérité de nos autorités. A la vérité, elles tiennent bon. Je rappelle encore aux populations que le coronavirus est une maladie réelle. Je lis souvent des posts où j’ai l’impression qu’il y a des gens qui doutent encore de l'existence de la pandémie du genre : ‘’ on commence à ne plus croire à leur chose-là’’. Ce n’est pas leur chose. C'est une chose qui est commune à nous tous. Cette maladie s'attaque à tout le monde. Ce n'est pas une question de race, de rang social et de religion. C'est très important que nous fassions très attention au nouveau coronavirus. Continuons de respecter les mesures barrières pour qu'ensemble, nous puissions entraver la propagation de la pandémie qui n'a que trop duré. Maintenant, j'invite tout le monde à profiter de ces moments d'isolement pour prier intensément. Qu'on s'en serve comme une vraie retraite spirituelle. Qu'on cherche la face de Dieu et qu’on lui demande la santé pour toutes les nations car le monde est aussi une maison commune. Ce qui est arrivé en Asie a fini par arriver en Afrique et dans tout le monde entier.