Ibrahim Fernandez / styliste :``Du rouge ? Non, merci``
Afrik Fashion Show, Moreno’S Fashion, Dakar Fashion Week… En quelques années de présence dans le milieu de la mode, Ibrahim Fernandez a défilé pour de grands évènements sur le continent. C’est que le jeune styliste a une ligne qui plait et qu’il peaufine chaque jour dans son atelier et showroom d’Abidjan-Marcory derrière le super marché Playce. Tout en se dévoilant, Ibrahim Fernandez livre son idée de la Saint-Valentin.
Bonjour ! Fernandez, c’est ton vrai nom ?
Bonjour. Fernandez, c’est mon nom de famille. C’est le nom de mon père. On a des origines un peu espagnole et tout. Ça remonte très longtemps.
Depuis quand la mode est entrée dans ta vie ?
Je dirai depuis 2013 après le décès de mon père. Je faisais des études commerciales au Maroc et je suis donc retourné au pays. Je suis resté un an sans bosser et je n’avais plus trop de vêtements à porter. Je n’avais pas également assez de sou pour en acheter. C’était un peu cher la fringue que je voulais. Comme ma mère bosse dans le textile, je suis passé à ses boutiques pour prendre du tissu. J’ai fait moi-même des croquis pour me faire mes propres vêtements. Je ne connaissais rien dans la couture. Je suis donc allé sous-traiter avec un ami couturier à Treichville. C’est comme ça que tout a démarré. Je me suis découvert cette passion-là.
Et après ?
Je dessinais et je partais chaque fois voir mon ami-là. Je restais avec lui tard le soir pour voir comment il coupait. Souvent, ma maman s’inquiétait que je rentre si tard. C’était comme ça tout le temps. Je suis tombé des fois malades mais je continuais.
Ça a l’air être simple ce que tu dis. Après la rencontre avec ton ami, t’étais-tu formé chez un professionnel ou dans une école de couture ?
En fait, que ce soit à l’école ou dans la vie active, quand je me lance dans quelque chose, je suis toujours parmi les premiers. C’est sans prétention. Je me donne toujours les moyens de réussir ce que je fais. Au début, c’était plus un business qu’autre chose. Entre monter mon business c’est-à-dire créer mon entreprise et me former, je trouvais que je n’avais pas assez de temps pour me former physiquement. J’ai donc pris des cours sur Internet notamment sur Youtube. Il y a une Française qui y donne des cours constamment. J’ai même acheté des patrons sur Internet.
Pendant combien de temps ça a duré ton apprentissage ?
Dès le premier jour que j’ai pris attache avec mon ami de Treichville, j’ai commencé aussitôt à apprendre sur Internet. J’avais des lacunes qu’il ne pouvait pas combler, alors, je suis passé à l’étape Internet. Je pense que pendant trois ans pleins, j’apprenais du matin au soir. Je passais des nuits blanches à bosser.
Finalement, dans quel domaine de la couture, exerces-tu ?
Je me défini plus comme un styliste même s’il est vrai que je découpe plus maintenant.
C’est quoi ta marque et quand l’as-tu créée ?
Ma marque, c’est Ibrahim Fernandez. Elle a connu deux étapes. Au départ, c’était Zango. Après pour une question d’images et constatant que mon travail a évolué, j’ai décidé de passé à Ibrahim Fernandez.
Et quel genre de couture fais-tu ?
Je suis mixte : féminin et masculin. Chez l’homme, je fais presque tout sauf les vestes qui ne sont pas vraiment ma spécialité. Je suis chemises, pantalons, tuniques… Et chez la femme, là, je fais vraiment tout. De la tenue maison à la robe de mariée.
Qu’est-ce qui te distingue des autres stylistes
Je ne sais pas hein (rires). Mais les femmes aiment venir chez moi parce que je les rends féminines. Dans ma touche, il y a un peu de sexy, de sensualité. Généralement, mes coupes sont très minimalistes. Je ne fais pas des choses très chargées. Je ne suis pas dans la démonstration… Je suis très minimaliste, concis et précis.
As-tu des préférences, côté couleurs ?
Non ! Je travaille sur tout ce qu’on me donne. Si ça ne tenait qu’à moi, je resterai sur le noir et le blanc. Je bosse aussi selon les couleurs du moment. Actuellement, dans ma boutique, les couleurs qui sortent sont le violet et l’orange.
Es-tu sur mesure ou prêt-à-porter ?
J’allais dire les deux. J’étais au départ plus sur mesure. Mais depuis une année, je fais de plus en plus de prêt-à-porter. Il y a mon site Internet qui sera disponible dans une semaine. Toute ma ligne y sera exposée. Je fais sortie de temps en temps des collections de prêt-à-porter.
As-tu des modèles de créateurs à qui tu veux ressembler ?
Je ne sais pas si je voulais les ressembler car je ne pensais pas être styliste un jour. Mais, on connait tous Gilles Touré. Depuis tout petit, j’étais épaté par son travail. Je suivais vraiment tous ces défilés. J’aimais vraiment tout ce qu’il faisait. Depuis que je suis dans le milieu, je vois que tout ce que je pensais de lui, se confirme. Pour moi, Gilles Touré est une légende. Gilles est toujours dans le game quoi. C’est vraiment un exemple de carrière. Comme je l’ai dit tantôt, la couture n’est pas un métier dont je rêvais pour une carrière. Du coup, je ne me suis pas focalisé sur quelqu’un de précis.
Jusqu’où veux-tu aller avec ta carrière ?
Je suis là depuis 2013 et je ne compte pas m’arrêter de sitôt. Je suis quelqu’un d’ambitieux. Je me bats chaque jour pour que mon entreprise grandisse quoi.
Quelle a été la réaction de ta maman quand tu as décidé de faire la couture ?
Maman m’a dit que j’aurais pu lui dire tôt que je voudrais être styliste. Comme ça, elle n’allait pas payer une école chère pour moi. Je lui ai dit ‘’maman, ça me sert beaucoup aujourd’hui’’. Les cours de commerce me servent dans mon business. C’est ce qui fait que je suis structuré comme ça. Aujourd’hui, ma maman est fière de moi. C’est ma première fan partout.
Comment s’appelle ta collection en date ?
Elle s’appelle ‘’Woman in the city’’ (la femme dans la cité). La particularité de cette collection, c’est qu’elle est réalisé dans un tissu que j’ai créé moi-même. C’est du lin italien que je fais teindre selon mes motifs chez les teinturières à Treichville.
Quelle pièce une fille doit avoir dans sa garde-robe ?
L’indispensable, la pièce absolue qu’une femme doit avoir dans sa garde-robe, c’est ce qu’on appelle la petite robe noire. Qu’elle soit longue ou courte mais qu’elle soit noire. C’est un ensemble qu’on peut porter partout, qu’on peut accessoiriser avec un sac, un bijou… On peut l’agrémenter pour aller au bureau, dans une soirée…
Nous sommes dans la semaine de la Saint-Valentin, peux-tu nous proposer des astuces pour une tenue sexy et chic ?
Je pense qu’il ne sert à rien d’en faire trop. Il faut que ça reste dans la simplicité et tout. Contrairement à ce que les gens croient, ce n’est pas forcément du rouge qu’il faut porter. Pour le côté sexy, je vois une robe en soie orange ou violette pour rester dans mes couleurs actuelles. De préférence, une robe légère en bretelles en soie qui dessine un peu les formes et le bas un peu évasé. On est tranquille pour un diner avec son amoureux.
Et l’amoureux, que met-il ?
Généralement, les hommes n’ont pas besoin de faire grand ’chose hein. Pour la St-Valentin, il peut laisser tomber le jean. Et il porte quelque chose de simple pour être élégant. Une belle tunique blanche en lin ferait bien l’affaire.
Il y a quoi pour la St-Valentin chez toi ?
Contrairement aux autres années où je faisais des offres St-Valentin, cette année, je n’ai pas pu. J’étais trop pris. Mais j’ai tout de même des tenues qui peuvent aller avec. C’est vrai qu’il n’y en a pas spécialement du rouge mais on peut en trouver pour une sortie coquine.
Et Ibrahim en privé ?
Je suis célibataire sans enfant mais le mariage est en projet.
Aymann Nourra
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