Koro DK / Styliste :``Je suis une femme capable ``
Fille de tailleur, c’est tout naturellement que le destin a conduit Korotimi Dao dans la haute couture, elle qui se préparait à embrasser une carrière de comptable. La renommée de sa marque Koro DK style va au-delà des frontières du Burkina Faso.
C’est cette dame pleine de vie, dont la touche est sans égal dans son choix de l’habillement que votre magazine Queen Mafa a décidé de vous faire découvrir. Rencontre avec une femme d’action.
Comment Koro Dk est-elle arrivée dans la mode ?
Ma carrière de styliste a d’abord commencé en Arabie Saoudite quand je suis allée avec mon mari pour une année. Là-bas, les femmes n’avaient droit à rien surtout pas à la parole. Je me voyais mal rester à la maison tous les jours. J’ai décidé de transformé le garage de ma maison en atelier de couture pour la simple raison que je savais déjà coudre puisse que mon père était un tailleur. C’était devenu un cadre pour des femmes africaines de venir échanger et un cadre pour moi de passer du temps. Après, je suis allée à Abidjan et j’ai amené mes deux tailleurs indiens avec moi et c’est à partir de là que j’ai décidé de mettre en place Koro DK style, en allant m’inscrire dans une école de mode au Burkina Faso et ensuite en France. Sinon j’ai mon BEP en comptabilité. La couture n’était pas trop dans mes projets.
Parlez-nous de votre dernière collection ?
Ma toute dernière collection, je l’ai nommée « femme capable » ; elle a été présentée récemment à Bobo Fashion WEEK et aux jeux de la francophonie en Côte d’Ivoire. « Femme capable », est une manière pour moi de rendre hommage à la femme battante.
Comment décrivez-vous votre style ?
Mon style est simple. Mon style c’est la mère, la femme, celle qui travaille, celle qui est au foyer, la femme de tous les jours. Avec mes créations, on peut s’habiller le soir pour une soirée ou encore s’habiller le jour pour aller au bureau, aller rendre visite à la famille. Chez Koro DK c’est la femme de tous les jours.
Quelle est l’image de la femme que vous souhaitez mettre en valeur ?
Je veux mettre en valeur la femme battante. La femme qui ne se laisse pas aller. La femme qui se dit que tous les jours, la vie c’est un combat. C’est donc la femme en général que je veux accompagner parce que je suis femme également.
Koro DK est-elle satisfaite du chemin qu’elle a parcouru ?
Oui, parce que la mode dans ma vie ça a été un rêve d’enfants. Aujourd’hui, je suis à un niveau de ma vie où je continue de me battre parce que je n’ai pas encore fini de tout réaliser. La mode, c’est quelque chose qu’on ne finit jamais d’apprendre. Je vise encore plus.
Vous êtes également la promotrice de l’événement Afrique mode, qu’est-ce qui vous a conduit à une telle initiative ?
C’est parce que je suis allée au Rwanda une année après le génocide où j’ai rencontré des personnes qui étaient vraiment dans des difficultés et en tant que femme et mère, j’ai voulu faire quelque chose pour elles. J’ai alors demandé à ma collaboratrice sur place si on ne pouvait pas leur venir en aide en organisant un défilé par exemple. Elle a bien apprécié l’idée et c’est ainsi qu’est née Afrique Mode. Cette première édition était un succès avec une salle bien pleine et on n’a pu récolter une petite somme qu’on a remise à une association de veuves et d’orphelins.
Quelles appréciations faites-vous des éditions passées ?
Du moment qu’on a réussi à essuyer des larmes de certaines personnes, on s’en réjouit. On essaye toujours de voir comment on peut faire pour améliorer la prochaine édition de 2018 pour plus aider. Ce que vivent ces personnes peut arriver à toute femme. Donc, je me dis que tant qu’on peut agir, on doit le faire pour soi-même et pour les autres, surtout qu’on est tous africains et que la femme est la plus vulnérable dans les situations difficiles.
Comment se porte la mode au Burkina ?
Je peux dire que la mode au Burkina se porte bien, parce que si je reviens 20 ans en arrière, ou quand nous étions un peu jeunes, les gens n’avaient pas exactement le même style. Mais nous, on essaie de faire évoluer la mode dans le bon sens. On ne veut plus de la mode à moitié dénudée de la jeunesse qui laisse les slips dehors. On veut la mode de la femme qui se respecte, qui veut s’habiller correctement et c’est cette mode là qu’on se bat pour préserver.
Avec quelle matière aimez-vous travailler ?
Quand j’ai fini ma formation, j’ai d’abord commencé à travailler avec le Faso Dan’Fani et dans le temps c’était très lourd. Mais aujourd’hui, c’est quelque chose de moderne qui évolue dans le bon sens. Et au fur et à mesure, je mixais le Faso Dan’fani avec d’autres tissus européens et africains pour donner une autre image. Donc chez Koro DK, c’est un métissage de matière.
Comment préparez-vous la relève ?
La relève est déjà en place. Il y a beaucoup de jeunes qui travaillent ici. Certains viennent pour faire des stages d’apprentissage. Beaucoup restent parce qu’ils se sentent à l’aise avec moi. Donc je pousse ces jeunes qui ont vraiment envie de travailler.
Si vous étiez l’une de vos créations, laquelle seriez-vous et pourquoi ?
Je serai « femme capable » parce que je me dis que quand une femme décide de quelque chose, elle est capable de tout. Je fais partie de ces femmes-là. La femme a un don que Dieu lui a donné et ça, personne ne peut le lui retirer. Et cette femme-là, quand elle décide de posséder quelque chose elle fera tout pour l’obtenir.
Des conseils aux lectrices pour s’habiller avec goût ?
Il faut juste être très bien dans sa peau. Et surtout, aimer ce qu’on porte parce qu’à chaque fois que tu te mires, tu dois être fière de l’image que tu vois de toi-même. Cette image et cette expression doivent valoir tout. Cette image est la description de ta personnalité. Donc pour moi, toute femme doit se référer à sa propre image.
Que faites-vous en dehors de vos heures de travail ?
En dehors de mes heures de travail, je lis beaucoup, je cherche toujours à améliorer la maison Koro DK style, parce que je crée moi-même mes modèles, je dessine. Je dors toujours avec mes crayons et mes feuilles. Le reste du temps, je pars en vacances parce que ma famille est à l’extérieur. Je pars au cinéma ou je sors avec des amis de temps en temps.
Vous est-il déjà arrivé de vouloir tout abandonner ?
Tout abandonner ! Non ; c’est bizarre parce que je vois toujours mon père quelque part. Je n’ai jamais eu envie de fermer la boutique et de partir. Je crois que c’est parce que je vis bien ma passion et en plus, j’ai gardé les vieilles machines à coudre de mon père, donc je me dis qu’il me voit et m’observe de là où il est. Donc je fais tout pour lui rendre hommage.
Votre dernier mot ?
Koro DK est là pour tout le monde. Koro est là pour tous, l’argent n’est pas ma priorité. Mon but est de voir tout ce qui rentre ici et repartir satisfaite avec le sourire.
Source : queenmafa.net
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