Quand le coronavirus bouleverse la vie des couples à Abidjan
“Abidjan est le plus doux au monde”, dit le groupe musical zouglou Espoir 2000 dans une de ses chansons pour exprimer les douceurs que procure la capitale économique ivoirienne en temps normal. Que de plaisir à partager de jour comme de nuit. Malheureusement, le Covid-19 a tout changé. Il est exactement 18h 30 mins, calepin et dictaphone en main, on est assis, au coin d’une rue d’un quartier d’Abidjan, on fait immersion dans la vie de ces couples ou personnes vivant des histoires d’amour différentes et qui voient leur relation chamboulée, en cette période éprouvées, par le coronavirus.
Gloire au Covid-19, la maladie mortelle qui fait des”merveilles”
Approchant un couple âgé d’une trentaine d’année environ et gardant l’anonymat, a apprécié cette situation qui, selon la femme qui s’est empressée de répondre, est avantageuse. « Mon amour et moi sommes bien depuis cette pandémie. C’est le love parfait. Peut-être que j’ai eu assez de chance, car nous avons eu le temps de faire nos fiançailles et depuis nous vivons ensemble. C’est ce qui me plait plus. Malheureusement pour les ‘’chizas’’, ce sont elles qui n’ont plus de chance de profiter de mon chéri », des propos soutenus par des rires éclatants du couple qui s’est éloigné bras dessus dessous.
La situation la plus étonnante a été les réactions presque similaires de deux dames interrogées. Elles étaient visiblement toutes heureuses de savoir que désormais, les missions à n’en point finir de leurs époux soient subitement terminées. Comme si les entreprises avaient fermé. Et pourtant, chaque matin ils continuent d’aller au travail comme d’habitude. ‘’ Il ne traîne plus dehors. Dès 20 heures maintenant mon mari est la maison. Alors qu’avant, il ne rentrait que tard la nuit. Je n’aurais jamais pensé que mon mari pourrait un jour finir ses nombreux dossiers avant 18 heures. Si ce n’était pas une maladie mortelle, ça me plairait qu’elle dure encore quelques mois… ‘’ m’a fait savoir l’une d’entre elle.
Blanc bonnet - bonnet blanc pour Salif
La situation est différente pour Salif qui lui n’a eu aucune gêne à dire comment il vit cette période de ’’confinement’’. « Ah ma chérie, actuellement pour moi, rien n’a changé. Je continue ma vie. Ma femme à la maison sait que j’ai une autre femme dehors. Donc quand c’est le jour de la deuxième, je vais là-bas sans souci. Ce n’est pas à cause d’une maladie que je vais privilégier une famille que l’autre. Jamais», s’enorgueillit Salif avant de prendre congé.
Christelle, elle, n’a pas la chance de vivre l’amour parfait avec son partenaire et profiter de ces moments de Covid-19 qui réduisent les déplacements. Cette jeune mère de 26 ans est dans le désarroi, car pendant que le père de son enfant, maçon de profession, lui fait croire qu’il lui est impossible de rentrer à Abidjan parce qu’il est sur un chantier à l’intérieur du pays, des indiscrétions lui font savoir que son ‘’mari’’ est ici à Abidjan, chez une autre ‘’go’’ (petite amie en nouchi). « Mais qu’est-ce que je peux faire ? Rien. A part attendre qu’il revienne pour qu’on règle les comptes. Je ne voudrais surtout pas qu’il aille se choper une maladie et qu’il vienne me contaminer. C’est tout» a-t-elle lâché avec beaucoup de tristesse.
Il est 20 h 20 mins, bientôt l’heure du couvre-feu qui commence à 21 heures, c’est le moment de rentrer à la maison de peur de subir la rigueur de la loi.
Yolande Jakin
Photo d'illustration
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