Embolie pulmonaire pendant la grossesse : quel est le risque ?

L’embolie pulmonaire est la première cause de mortalité chez la femme enceinte, et pourtant, il n’est pas toujours facile de la détecter. Le Dr Gilbert Pochmalicki, chef du service de cardiologie à l’hôpital de Neuilly, nous éclaire sur ce sujet, et explique les facteurs favorisants ainsi que les traitements possibles.

Qu’est-ce qu’une embolie pulmonaire ?

Bien que méconnue, cette pathologie est pourtant plus fréquente qu’il n’y paraît. L’embolie pulmonaire se produit lorsqu’un caillot qui s’est formé dans les jambes – la phlébite – remonte vers le cœur et bouche l’artère pulmonaire. La femme enceinte a davantage de risques d’être atteinte par cette maladie, avec une grossesse sur 1 000 touchée par l’embolie. Dans 30 % des cas, l’issue peut être fatale : « C’est encore de nos jours la première cause de mortalitépour la femme enceinte dans les pays occidentaux, parce que les symptômes sont difficiles à repérer », révèle le Dr Gilbert Pochmalicki. “L’embolie pulmonaire se produit lorsqu’un caillot qui s’est formé dans les jambes – la phlébite – remonte vers le cœur et bouche l’artère pulmonaire.”

Quelles sont les causes de l’embolie pulmonaire ?

Pourquoi la femme enceinte est-elle davantage touchée ? La première explication est que l’utérus, en grossissant, comprime les veines et empêche le sang de circuler correctement. Par ailleurs, comme le souligne le Dr Gilbert Pochmalicki, les fluctuations hormonales subies pendant la grossesse peuvent être un facteur aggravant : « Les hormones, notamment les œstrogènes, abîment la paroi de la veine, qui peut aussi subir un véritable traumatisme lors de l’accouchement. » Hors grossesse, les traitements hormonaux peuvent également favoriser le développement d’une phlébite, que ce soit ceux que l’on subit dans le cadre d’une stimulation d’ovulation, ou bien avec les pilules de 3e et 4e générations, qui ont fait l’objet de nombreuses polémiques récemment. Enfin, s’il existe des cas de troubles de la coagulation dans la famille – chez des personnes jeunes – vous aurez davantage de risques de développer vous-même une phlébite lors de votre grossesse : « Le sang s’épaissit naturellement lorsque vous êtes enceinte afin d’éviter les hémorragies, précise Gilbert Pochmalicki, mais si vous avez un sang plus épais corrélé à une hypercoagulabilité, cela peut favoriser l’embolie pulmonaire. » Parmi les autres facteurs favorisants, le médecin cite l’obésité, l’immobilisation, le tabac, ainsi que les grossesses au-delà de 35 ans.

Reconnaître les symptômes de l’embolie pulmonaire

Si l’embolie pulmonaire est si compliquée à déceler lors d’une grossesse, c’est que ses symptômes sont semblables à ceux vécus par la quasi-totalité des femmes enceintes. Par exemple, la sensation de jambes lourdes ou gonflées peut tout à fait être le signe d’une phlébite, comme être un effet secondaire banal de la grossesse. Tout comme la prise de poids, le fait de se sentir essoufflée au moindre effort, ou le rythme cardiaque qui s’accélère. Autant de symptômes sans gravité et totalement courants pour la plupart des femmes enceintes, mais qui peuvent également alerter votre médecin. Il faut alors confronter les différents symptômes et les antécédents familiaux pour évaluer les risques et pouvoir poser un diagnostic.

Poser un diagnostic d’embolie pulmonaire

Pour le Dr Gilbert Pochmalicki, le diagnostic d’embolie pulmonaire doit impérativement être posé ou éliminé lors d’une grossesse parce que « chez la femme enceinte, le doute n’est pas permis ». La première analyse à faire est une simple prise de sang qui n’a qu’une valeur négative, c’est-à-dire qu’elle permet uniquement d’éliminer la phlébite. Si le résultat s’avère positif, il faut passer d’autres examens pour confirmer le diagnostic. Un doppler des jambes servira d’abord à observer la circulation dans les veines « sans risque pour la maman et le fœtus, et sans aucune douleur, affirme le cardiologue. Si on ne trouve rien mais qu’un doute subsiste, il faut alors passer un angioscanner ou une scintigraphie. » Ces deux méthodes d’imagerie médicale sont souvent l’objet d’angoisses pour les futures mamans qui s’inquiètent du danger des radiations pour leur bébé. Mais pour Gilbert Pochmalicki, « ce risque est faible, et il est négligeable par rapport au fait de passer à côté d’une embolie pulmonaire. Il faut prioriser, et savoir avec certitude. »

Comment traite-t-on une embolie pulmonaire ?

Nous l’avons vu, si le caillot est important, l’embolie pulmonaire peut boucher les artères et être fatale pour la mère. C’est pourquoi, dès que le diagnostic est évoqué, la future maman est immédiatement traitée par anticoagulants. « Il s’agit de piqûres d’héparine, qui agissent plus vite que des comprimés. On le prescrit pendant toute la grossesse, et en général jusqu’à six semaines après l’accouchement. Le risque demeure parce que les vaisseaux ont été secoués lors de la naissance », explique Gilbert Pochmalicki. La maman est ensuite suivie par un pneumologue ou un cardiologue pour vérifier que tout est rentré dans l’ordre. Et lors d’une future grossesse, le médecin prescrira un traitement préventif afin d’éviter les risques de récidive.

 

Source: parents.fr