Quand les petits ne veulent rien manger : la néophobie alimentaire

50 % des enfants passent par une phase de néophobie alimentaire, ou refus de goûter de nouveaux aliments. Nos conseils pour éviter la crise de nerfs à table.

« J’aime pas », « j’en veux pas » : Ces sont les refrains courants des enfants entre deux et six ans quand ils sont à table et qu’on leur présente de nouveaux aliments. Un peu déconcertant – voire décourageant –  pour les parents… Il n’y pas pourtant pas de quoi s’énerver ou se décourager : c’est normal. C’est la phase de néophobie alimentaire.

Néophobie alimentaire : la peur des nouveaux aliments

Une fois que la découverte de tous les aliments est faite, après la diversification alimentaire à partir de 6-8 mois, puis l’introduction progressive des aliments que le système digestif de l’enfant peut complètement digérer, il y a une phase d’arrêt : c’est la néophobie alimentaire.

Un nouveau comportement alimentaire

La néophobie alimentaire est un sentiment de peur face aux aliments nouveaux  : tout d’un coup, les enfants refusent de goûter un nouvel aliment, et le trouvent systématiquement mauvais quand ils acceptent de le goûter. De plus la néophobie peut aussi se traduire par un refus de manger des aliments déjà connus !
Mais comme il faut bien que l’enfant se nourrisse, il va donc sélectionner certains aliments qu’il acceptera de manger, exclusivement ceux-là, et souvent en grandes quantités, comme s’il n’arrivait plus à respecter sa satiété. Et ce ne sont souvent pas du tout les aliments qui plaisent aux parents…

Bref, les enfants deviennent très difficiles à table et les repas peuvent se transformer en cauchemar pour toute la famille !
• Les aliments qu’ils acceptent de manger : les féculents (pâtes, riz, frites), les gâteaux, le chocolat, les bonbons, les chips… Soit des aliments denses et très énergétiques, sucrés ou salés.
• Les aliments qu’ils refusent souvent de manger : les fruits et légumes (en quantité et en qualité)

Les signes de la néophobie alimentaire des enfants

Avant de manger, ces enfants vont faire tout pour éviter de manger :
• observer longuement les aliments,
• les trier lentement,
• les triturer,
• les sentir
• parler, parler, parler… d’autres sujets (pour les plus grands).

S’ils mangent quand même :

• ils mâchent très longtemps le même aliment,
• parfois ils le tournent dans la bouche et font des boulettes avec,
• ils les recrachent.

Dans le cas des plus petits :
• ils refusent d’ouvrir la bouche,
• souvent ils repoussent la cuillère,
• ils détournent la tête.

Quelles sont les causes de la néophobie alimentaire ?

On n’a pas encore toutes les réponses pour expliquer ce comportement qui peut être radical chez certains enfants. De nombreuses études en pédiatrie sont toujours d’actualité sur ce sujet.

Les causes peuvent être diverses :

La peur d’avoir une mauvaise expérience en goûtant un aliment nouveau
Tout aliment inconnu est potentiellement dangereux à leurs yeux. Les moindres détails peuvent être déclencheurs : même un brin de persil posé sur une purée de pommes de terre précédemment très appréciée peut déclencher cette néophobie.

L’âge de l’affirmation de soi

Entre deux et trois ans, c’est l’âge du « non ». L’enfant s’affirme et cherche à montrer qu’il peut choisir et décider tout seul. Les refus alimentaires participent à cette affirmation de soi, surtout par rapport aux parents. L’enfant acceptera de manger des épinards à la cantine ou chez ses grands-parents, mais pas chez ses parents !

La recherche de sécurité

Paradoxalement, l’enfant a en même temps peur des risques. Les aliments nouveaux sont inconnus et donc une prise de risque que l’enfant juge dangereuse : il s’agit d’un réflexe primaire de la peur de l’empoisonnement que l’enfant développe à un degré plus ou moins poussé.
La néophobie n’est pas un phénomène rare : environ 50 % des enfants la connaissent. Pas d’inquiétude donc pour votre enfant. Elle est très forte vers trois ans et peut durer jusqu’à six ans.

Les solutions pour faire passer ou éviter la néophobie alimentaire

Que les parents soient rassurés, les solutions existent pour permettre aux enfants de passer le cap ou d’éviter cette phase de néophobie qui ne touche que la moitié de nos chérubins.

Donnez l’exemple en mangeant des légumes
Un enfant ne mangera pas de légumes si ses parents n’en mangent pas eux-mêmes : c’est l’effet miroir. Montrez-lui l’exemple, montrez que vous appréciez, dites que vous trouvez ça bon et pourquoi vous trouvez ça bon (sans trop en faire quand même !).

De même, donnez-lui envie de manger des légumes avec quelques astuces simples :

- mettez les légumes et les fruits en avant dans la cuisine, avec une jolie présentation dans une corbeille par exemple.
- Faites participer votre enfant à la préparation de la cuisine : demandez-lui d’éplucher et de couper les légumes avec vous, de garnir une pâte à tarte, de mélanger les fruits dans la pâte d’un gâteau, bref mettez-lui la main à la pâte ! Il va finir par goûter tout seul à ce qu’il prépare…

Allez-y par étapes pour les nouveaux aliments

Ne faites pas tout en même temps ; les aliments nouveaux doivent arriver un par un.

Le nouvel aliment – un légume, le plus souvent – doit être toujours le même et toujours sous la même forme, plusieurs fois d’affilée, afin que l’enfant s’habitue à sa consistance, sa couleur, et son odeur. Et s’il vous voit le manger, il va finir par y goûter aussi. Ça prendra du temps, mais c’est le prix à payer pour la familiarisation avec cet aliment qui va finir par ne plus devenir nouveau.

On dit qu’il faut goûter dix fois un aliment nouveau pour vraiment savoir si on l’aime ou pas !

Dédramatisez !

Votre enfant ne va pas se laisser mourir de faim pour autant. Même s’il sélectionne des produits denses en énergie, il en a besoin ! Les pâtes, le riz, les pommes de terre, bref, les féculents et les céréales, sont bons pour la santé. Essayez de les choisir tout de suite plutôt complètes que raffinées :  les bénéfices santé seront encore meilleurs, avec plus de vitamines, de fibres et de minéraux.
Et n’oubliez pas que cette période est transitoire.
Ne faites pas du repas un moment de tension
Gardez à l’esprit que le repas doit être un moment convivial, détendu : un moment de partage positif. Une ambiance cool qui traduit bien le plaisir que peut représenter le fait de se nourrir va permettre à l’enfant de ne pas faire de ce temps avec ses parents une épreuve de force.
De plus, il est nécessaire de rester maîtres du choix des repas. La néophobie alimentaire d’un enfant n’est pas une raison pour qu’il décide du menu de toute la famille ! C’est le rôle des parents de choisir le menu, et de ne par perdre de vue l’un des rôles essentiels de la parentalité : l’éducation au goût et à l’alimentation.

Le conseil de la diététicienne :

Soyez patients, allez-y en douceur, mais sachez rester fermes. L’équation entre une attitude parentale ni trop répressive ni trop permissive n’est pas facile, je sais bien, mais elle vaut le coup à être mise en oeuvre.
N’oubliez pas non plus de proposer des quantités raisonnables, sans forcer l’enfant à finir son assiette, mais au contraire en l’interrogeant sur sa sensation de faim avant de le resservir. Vous le préserverez d’un risque de surpoids en même temps.