Comment maitriser la colère de l`enfant ?
A la maison, faire face à un tyran minuscule hurlant et trépignant, vous savez faire, à peu près ; là où les choses se gâtent, c’est quand il s’avise de faire la même chose en public… Lucile Vagner, psychothérapeute nous donne ses trucs pour faire face à 3 types de crises de colère que chez l'enfant.
Colère enfant : il absorbe votre stress
La situation type : 18h30 : excédée par une journée difficile au bureau, vous récupérez votre petit trésor chez l'assistante maternelle ou à l’étude, et foncez à l’hypermarché. Objectif : improviser un dîner rapide, renouveler le stock de couches, trouver une babiole pour un cadeau impromptu. Vous poussez Junior hors de la voiture, jetez un coup d’œil affligé sur les queues aux caisses, et commencez votre raid-courses du soir, au pas de charge. Derrière, Junior traîne la patte. Vous le houspillez. Il rafle un paquet de gâteaux : vous froncez le sourcil. Réclame un jouet : vous refusez tout net. Il s’énerve, vous criez, il hurle…
Plusieurs cas de figure : Une escalade dans l’énervement, due à un phénomène de miroir. Les enfants décodent très bien nos signaux non verbaux, et sont de véritables éponges à émotions négatives. De même qu’il est très difficile d’apaiser un bébé lorsqu’on est soi-même énervé, il est parfois délicat de ne pas communiquer le stress accumulé dans la journée aux plus grands. Surtout quand s’y ajoutent les pièges du marketing : les bonbons et menus objets placés près des caisses s’appellent, en langage commercial, des « sèche-pleurs » : rien n’est fait pour vous aider !
Que faire ? Se réserver un petit sas de décompression, entre chaque activité : écouter de la musique en voiture ou lire quelques pages d’un livre dans les transports en commun, bavarder quelques minutes avec une amie au téléphone… Chacune sa façon de recharger ses batteries. Au minimum, souffler à fond, plusieurs fois ! Autant que possible, éviter d’enchaîner les corvées et, quand elles sont inévitables, y faire participer Junior autant que possible : lui donner la responsabilité d’aller chercher un produit, de choisir un objet…
Colère enfant : il est en mode "lutte de pouvoir"
La situation type : A l’extérieur, sous le regard des autres, vous êtes vulnérable ; cette différence, l’enfant la perçoit très bien et très tôt. Le regard amusé des autres parents, indigné des personnes âgées (ah, les enfants aujourd’hui), tout concourt à changer le rapport de forces en sa faveur. A la maison, vous n’auriez pas cédé, mais là, il a toutes ses chances… Pourquoi ? Parce que ce regard nous renvoie peu ou prou à notre image de la bonne mère, que ce soit celle qui gratifie ou celle qui sanctionne. A celle que nous aimerions être, pas à celle qui va capituler pour avoir la paix, ou flanquer une paire de gifles à l’insupportable marmot. Situation explosive : quand les témoins de la crise sont des proches, et non des étrangers…
Que faire ? Pour garder le contrôle, sortir du rapport de forces : tant pis pour ceux qui assistent à la scène, dites-vous que ce ne sont pas eux qui auront à gérer à nouveau le problème, la prochaine fois. Il trépigne, il hurle ? Laissez-le faire ; dites-lui simplement que vous n’êtes pas du tout impressionnée, et que vous ne changerez pas d’avis. Un tout-petit peut être contenu physiquement, c’est parfois nécessaire pour qu’il ne se « perde » pas dans sa colère ; vous pouvez demander aux plus grands de vous rejoindre « quand ils auront fini ».
Colère enfant : il exprime un vrai désir
La situation type : Pas toujours facile de comprendre pourquoi c’est tellement important pour Junior de choisir ce T-shirt là, le vert avec les rayures rouges, plutôt que le marine à liséré blanc ; ou pourquoi il lui semble vital d’avoir absolument un quatrième camion de pompiers, là, tout de suite, maintenant. Peu importe à la rigueur : l’essentiel c’est de lui faire mettre des mots sur son désir, d’en parler ensemble et d’introduire la notion de temps. Pas au moment de la crise bien sûr, mais après. « Le camion, on pourrait l’acheter pour ton anniversaire, tu voudrais qu’il soit comment, etc. » Souvent, on n’en entend plus parler du fameux camion, car ce que vous lui avez offert, c’est plus qu’un camion, c’est une reconnaissance de son désir, une occasion d’échanger et de rêver ensemble. C’est très différent, de parler d’un désir et d’y céder ; passer par les mots, savoir différer un plaisir, ne pas être dans la toute-puissance, c’est très exactement « devenir grand ».
Que faire ? Avant : faites de la prévention ! Exemple classique : Junior ne veut pas descendre du manège. Il faut que la règle soit posée clairement avant : « Tu fais deux tours, pas plus. Si tu fais un caprice, nous ne reviendrons plus.» Pendant : autant que possible, ne donnez pas prise – ignorez le caprice. « Tu veux crier ? Tu peux. Tu as le droit d’être en colère, mais c’est comme ça. » Isolez l’enfant, sans violence. Sortez sur le parking du supermarché ! Les manœuvres de diversion marchent bien avec les tout-petits, moins avec les plus grands, qui sont sensibles à la part de manipulation de la démarche. Après : sanctionnez, éventuellement ; c’est mieux qu’une réponse sur le coup : « Nous en reparlerons à la maison ». Expliquez : « On ne peut pas tout acheter. Personne ne peut avoir tout ce qu’il désire ». Aux plus grands, on peut dire que l’argent est quelque chose qui se gagne, et qui ne sert pas uniquement aux dépenses-plaisir. Toujours : soyez cohérente ! C’est vrai pour les caprices, c’est vrai pour toutes les questions liées à l’autorité. Si vous refusez un achat, si vous annoncez une sanction, tenez-vous-y ! Et sachez féliciter, quand l’enfant trouve les moyens de dompter sa colère, de résister au caprice : « C’est bien, tu deviens grand ».
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