Le témoignage de Réjane : ''Je ne pouvais pas avoir d’enfant, mais un miracle s’est produit ''
Après sept ans sans contraception, et l'annonce de sa stérilité, Réjane savait qu'elle ne deviendrait jamais mère. Mais un voyage en Himalaya et la rencontre d'un médecin tibétain a tout changé !
Ma vie professionnelle était une réussite : responsable marketing puis journaliste, j'avançais comme je l’entendais. Pour mes amis, “Réjane” a toujours rimé avec fronde et liberté. J’ai toujours décidé de tout. Un jour, à 30 ans, de retour d’un an de tour du monde avec mon mari, j’ai déclaré que j’avais une “fenêtre” : j’étais disponible, j’avais l’âge, donc c’était le moment de faire un enfant. Après sept ans d’attente, mon mari et moi sommes allés consulter un spécialiste. Le verdict est tombé : j’étais stérile. Et vu mon âge et mon taux de réserve ovarienne, le médecin nous a conseillé de ne rien tenter, croyant peu à un don d’ovocyte. Cette annonce ne m’a pas ravagée, j’étais déçue, mais plutôt soulagée puisque la science avait parlé. Elle me donnait la raison de cette attente prolongée. Je ne deviendrai pas mère. En sept ans, j’avais déjà un peu lâché l’affaire et cette fois, je pouvais définitivement classer le dossier. Certes, sauf que huit mois plus tard, je suis tombée enceinte. C’est là que j’ai eu envie de comprendre ce qui s’était passé. Un miracle ? Peut-être pas.
J’avais déjà changé des choses entre l’annonce de ma stérilité et la découverte de ma grossesse.C’était inconscient, mais la médecine ayurvédique avait lancé le processus. Juste avant d’aller voir le spécialiste, j’étais partie en reportage au Kerala et nous en avions profité, mon mari et moi, pour passer quelques jours dans une clinique ayurvédique. Nous avions rencontré Sambhu, le médecin. Nous, les Occidentaux typiques (mal de tête pour Madame, maux de dos pour Monsieur), étions l’incarnation de deux grands stressés… Mon mari, sans doute plus en confiance, a dit au docteur que ça faisait sept ans qu’on ne se protégeait plus, mais que je ne tombais pas enceinte. J’étais furieuse qu’il en parle. Le médecin n’a rien changé au processus ayurvédique prévu, mais nous avons eu des conversations sur la vie et il a ainsi distillé des choses sur le ton du dialogue : « Si tu veux un enfant, m’a-t-il dit, fais-lui une place. »
Sur le coup, j’ai pensé : « De quoi se mêle-t-il ? » Pourtant, il avait raison ! Il m’a aussi assuré que si je continuais ainsi, sur les chapeaux de roues dans ma vie professionnelle, mon corps ne suivrait plus : « Prends du temps pour toi ». Sambhu nous a ensuite envoyés chez Amma, la « maman-câlin » si charismatique qui a déjà serré dans ses bras plus de vingt-six millions de personnes. J’y suis allée à reculons, pas avec l’envie de me faire étreindre mais avec la curiosité de la journaliste. Son câlin, d’ailleurs, ne m’a pas bouleversée, mais j’ai vu la dévotion des gens face à cette capacité de présence permanente. J’ai compris là ce qu’était la puissance maternelle. Ces découvertes ont réveillé suffisamment de choses en moi, pour qu’au retour je prenne la décision d’aller voir un spécialiste.
« Si tu veux un enfant, m'a dit le médecin tibétain, fais-lui une place. »
Je suis aussi passée aux 4/5es afin d’exercer un métier plus proche de mes aspirations,j’ai continué à me faire masser, j’ai travaillé avec une amie sur des documentaires. Ces choses me nourrissaient. J’ai mis des briques en place pour franchir une étape : en gros, je me suis mise en mouvement. L’été suivant, mon mari et moi sommes repartis en Himalaya et j’ai rencontré un médecin tibétain qui m’a parlé de mon déséquilibre du côté des énergies. « Dans ton corps, il fait froid, ce n’est pas accueillant pour un enfant. » Cette image m’a parlé beaucoup plus clairement qu’un taux d’hormones. Son conseil était : « Tu manques de feu : mange chaud, épicé, mange de la viande, fais du sport ». J’ai compris pourquoi Sambhu, lui aussi, m’avait quelques mois plus tôt donné à manger du beurre clarifié : il rendait mon intérieur plus doux, plus rond.
Le jour de ma rencontre avec le médecin tibétain,un énorme orage a détruit la moitié du village où nous nous trouvions. Il y a eu des centaines de morts. Et cette nuit-là, dans la proximité de la mort, j’ai compris l’urgence de la vie. Le deuxième soir d’orage, alors que nous étions serrés l’un contre l’autre dans un lit une place, un chaton est venu se blottir entre mon mari et moi comme pour demander protection. Là, j’ai compris que j’étais prête à prendre soin et qu’il y avait une place entre nous deux pour quelqu’un d’autre.
« J’ai compris que j’étais prête à prendre soin d'un enfant. Il y avait une place entre mon mari et moi pour quelqu’un d’autre. »
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