Comment réagir quand son enfant échoue à un concours ?

Après un échec à un examen ou à un concours, les parents doivent relativiser et rassurer leur enfant sur ses capacités et ses qualités, selon le psychologue clinicien Abdelkader Mokeddem.

Votre enfant s'est pleinement investi dans la préparation de cet examen. Sa persévérance et ses efforts n'ont cependant pas suffi pour qu'il le réussisse. La déception le frustre autant qu'elle l'accable. Comment éviter qu'il vive cet échec comme un évènement dramatique et irréversible ? Comment l'aider à reprendre confiance en lui ? Les conseils du psychologue clinicien Abdelkader Mokeddem.

« Depuis l’annonce des résultats, je ne suis pas sortie de chez moi. À partir du moment où je sors, ça devient réel. C’est terrible de devoir faire le deuil de son rêve », confie Lili, la gorge serrée. Il y a quelques jours, l'étudiante en médecine a appris qu’elle ne passerait pas en deuxième année. C’était pourtant la deuxième fois qu’elle passait cette « P1 » et elle avait redoublé d'efforts et de sacrifices : plateaux-repas devant ses cahiers à l’heure du déjeuner, suppression pure et simple de son compte Facebook...

Le regard des parents change la vision de l'échec

Mais l’enfant est parfois plus accablé par la déception qu’il lit dans les yeux de ses parents que par son propre échec. « Un regard lourd », dans lequel Lili percevait une forme de désillusion. Pour éviter de faire subir à son enfant cette double peine, le psychologue Abdelkader Mokeddem préconise de ne pas se vanter toute l’année du concours prestigieux que son enfant va passer. Car en cas d'échec, l'impression de ne pas avoir été à la hauteur des espérances de sa famille s'ajoute à la déception d’avoir échoué. Pour le psychologue, ce n'est pas à l'enfant de culpabiliser, mais aux parents de faire un examen de conscience. Pourquoi ont-ils tant projeté sur leur enfant ? « Ils veulent peut-être réparer, réussir ou rattraper quelque chose de leur propre vie, analyse t-il. Il y a une volonté de réaliser un rêve par procuration. »

La personne a une valeur inestimable et ce n’est pas une institution, aussi prestigieuse soit-elle, qui remettra cela en cause

Déçue d'elle, Lili l'est aussi de la réaction de ses parents. Juste après le concours, sa mère lui a lancé : « Tu as un mois pour savoir ce que tu veux faire de ta vie. » Un choc pour la jeune fille. « Ils n’essaient pas d’analyser mon échec et me demandent de tourner directement la page, regrette-t-elle. Tous les jours, ma mère me présente des dizaines de métiers. » Le psychologue voit derrière cette réaction brutale un transfert des angoisses de la mère sur son enfant. « Il ne faut pas sauter tout de suite sur son enfant en lui donnant l’injonction de trouver une orientation. Il finira par trouver tout seul, rassure le spécialiste. Même si cela peut prendre un peu trop de temps au goût des parents. »

Dédramatiser est le maître mot

Sarah se souvient aussi de ce concours de médecine que sa fille Constance a voulu passer. Une compétition d'autant plus traumatisante qu'en cas d'échec, elle barre une fois pour toute la route vers le métier qu'on avait choisi. « Ce n'est pas comme une classe préparatoire, où, selon son classement, on obtient des écoles plus ou moins prestigieuses », explique Sarah.

Après la déception arrivent la remise en question de ses capacités, les « pourquoi pas moi » et la perte de confiance en soi. C'est là que les parents ont un rôle à jouer. Au moment des résultats, Sarah est meurtrie pour sa fille, mais elle tente de la rassurer. « Je lui ai dit que j'étais fière d'elle, car elle n'avait pas démérité. Elle a tenu le coup et elle a fait le job. » Voilà exactement les mots que conseille le psychologue, des mots pour rassurer et relativiser. « Dédramatiser est le maître mot. Énumérez les qualités de l’enfant et rappelez-lui qu’il ne s’agit que d’un concours. La personne a une valeur inestimable et ce n’est pas une institution, aussi prestigieuse soit-elle, qui remettra cela en cause. » Lire la suite sur madame.lefigaro.fr