TikTok : ce que les parents doivent savoir sur cette application prisée des enfants
TikTok est un réseau social de partage de vidéos, très populaire chez les jeunes, parfois même les très jeunes. Que savoir en tant que parent afin de protéger son enfant ? TikTok est une application qui croît très rapidement notamment chez les jeunes.
Lancé en septembre 2016, le réseau social chinois honni de Donald Trump, compte 800 millions d'utilisateurs actifs dans le monde. L'application a dépassé les 2 milliards de téléchargements en avril 2020. On estime que 41% des utilisateurs de TikTok dans le monde appartiennent à la tranche des 16-24 ans.
Officiellement l'application TikTok est accessible à partir de 13 ans mais elle est également utilisée parfois par des pré-adolescents de moins de 13 ans, voire des enfants d'une dizaine d'années à peine.
Cet attrait pour les réseaux sociaux répond à certains besoins primordiaux dans le développement des enfants, selon le Dr. Lucrèce Anagonou Lary, psychologue pour enfants.
"Pour les jeunes, les réseaux sociaux constituent avant tout un moyen de communication et de divertissement. Ils s'y intéressent énormément parce que cela répond à leur besoin d'autonomisation, d'émancipation, d'individualisation, d'appartenance à un groupe et à leur besoin de socialisation", explique-t-elle.
Pas de réseaux sociaux avant 13 ans
Cependant, le Dr. Anagonou Lary recommande aux parents d'interdire tout accès aux réseaux sociaux à leurs enfants avant l'âge de 13 ans compte tenu le niveau de développement des enfants.
Elle conseille aux parents de prendre certaines mesures afin que les enfants fassent une utilisation prudente et responsable des réseaux sociaux.
"Il faudrait que les parents se familiarisent aux médias sociaux, qu'ils accompagnent les enfants dans la création de leur compte, qu'ils vérifient les paramètres de confidentialité", dit-elle.
Selon elle, parents et enfants doivent établir des règles d'utilisation des réseaux sociaux en ce qui concerne la fréquence et la durée de leur utilisation et leur faire comprendre qu'ils ont un droit de regard sur la manière dont ils utilisent ces plateformes.
"ll faut qu'ils informent les enfants sur les risques liés à l'utilisation des médias sociaux, les règles de sécurité à adopter quand on est sur les médias sociaux, qu'est-ce qu'il faut partager comme message et qu'est ce qu'il ne faut pas partager. Il faut qu'ils discutent avec eux de comment se sortir des situations inconfortables", déclare la psychologue.
CharminBella, une influenceuse TikTok basée à Dakar qui compte plus de 165.000 abonnés sur le réseau social, a souvent vu des vidéos de très jeunes enfants sur ce réseau social et pointe du doigt certains dangers.
" Tout âge utilise cette application, ça peut commencer de 10 ans vers la cinquantaine. Il y a des gens qui se font harceler sur le réseau social et il y a aussi des vieux qui contactent des jeunes et ça c'est pas vraiment normal", dit-elle.
Etre à l'écoute de son enfant
Pour détecter ce type de situations auxquelles son enfant peut être confronté, le Dr. Anagonou Lary recommande d'être attentifs à certains signes d'alerte.
"Toute modification du comportement normal de l'enfant doit alerter le parent", dit le docteur.
"Lorsque l'enfant délaisse les activités qu'il aime habituellement, qu'il y a des modifications au niveau de son humeur par exemple un enfant qui devient anormalement triste ou qui s'isole, un enfant qui devient irritable, qui est sur la défensive, qui devient cachotier ou alors s'il y a une baisse du rendement scolaire ce sont des signes de détresse indiquant que quelque chose se passe au niveau de l'enfant", explique-t-elle. Lorsque cela se produit elle recommande d'apporter un soutien à l'enfant en étant à l'écoute et en discutant avec lui sans le juger.
"Il faut faire comprendre à l'enfant qu'il n'est pas seul et que le parent est là pour l'accompagner. Cela permettra à l'enfant de se sentir en sécurité", dit le Dr. Anagonou Lary.
"Ce n'est pas le moment de le juger, de faire la morale, de se mettre en colère, ni de dramatiser la situation", ajoute-t-elle. Au besoin, elle conseille également de faire appel aux professionnels de la Santé mentale pour assurer un suivi et un accompagnement de l'enfant.
Que dit la Loi ?
Les textes de loi fournissent également des armes aux parents afin de protéger leurs enfants. Selon Désiré Allechi, juriste en droit des TIC et spécialiste des questions de données personnelles, la plupart des pays africains ne distinguent pas entre majorité numérique et majorité légale. En conséquence, les jeunes âgés de moins de 18 ne sont pas légalement capables d'ouvrir des comptes sur les réseaux sociaux.
"Nous voyons la création de comptes, TikTok surtout, par les jeunes mineurs de 13 ans et même en-deçà ce qui porte atteinte aux textes existants. A l'ouverture des comptes, le contrôle qui est fait pour permettre de vérifier l'âge de ces personnes ne permet pas de s'assurer de l'âge d'un individu", dit-il.
Les parents ou titulaires de l'autorité parentale de toute personne mineure peuvent, d'après ce juriste, "demander que soient effacées les informations publiées par ce mineur lors de l'ouverture du compte ou même pendant l'utilisation du compte à travers les vidéos, les images, les photos partagées ou publiées par ce mineur".
Désiré Allechi insiste également sur la nécessité de sensibiliser et de former les jeunes à une utilisation responsable des réseaux sociaux afin de ne rien poster qu'ils pourraient regretter une fois adultes.
"Contrairement à ce que l'on nous montre en disant que vous pouvez supprimer les informations, toutes ces informations publiées sont stockées quelque part et elles peuvent se retourner contre nous. Il faut une utilisation vraiment consciente des réseaux sociaux parce qu'à la longue ces informations pourraient nous porter préjudice", explique Désiré Allechi.
"Les parents doivent sensibiliser leurs enfants quant à l'usage des réseaux sociaux et également cette sensibilisation doit se faire au-delà de l'aspect familial même dans les écoles", dit-il.
Pour le juriste il est également nécessaire de mettre l'accent sur un principe de responsabilisation des fournisseurs de services sur Internet, notamment les propriétaires des réseaux sociaux, afin de mettre leur responsabilité en cause lorsqu'ils enfreignent la règlementation.
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