L’adolescent à la croisée des chemins
Après leur éveil dans l’atmosphère familiale et avant leur insertion dans la société adulte, les aptitudes intellectuelles sont soumises à une période de formation qui correspond à l’adolescence. Cet enchaînement des étapes nous paraît normal, nécessaire et inéluctable. Or, l’adolescence est une invention récente. Sa définition officielle est « âge de la vie compris entre la puberté et l’âge viril (de quinze à vingt ans) », alors que par ailleurs adulte signifie « qui a terminé son adolescence » ou « qui est parvenu au terme de sa croissance ».en fait, ces définitions apparemment limpides cachent une situation confuse. Un rapide examen de problème le montre amplement. Par exemple, la puberté légale, c’est-à-dire l’âge auquel la loi permet de se marier. Cela varie selon les pays.
-La crise de l’adolescence
Ce n’est pas le lieu ici de s’interroger sur les raisons d’ailleurs fort diverses de cet état de fait : accroissement de la longévité, développement de l’éducation etc. On peut envisager la crise de l’adolescence sous deux angles différents, mais qui, finalement se regroupent : d’une part, l’adolescent refuse de s’intégrer à la société qui ne l’aide pas suffisamment à se métamorphoser d’enfant en homme, d’autre part, il doit s’y intégrer s’il veut réussir plus tard sa propre vie. Télescopage entre un passé trop vivace et un avenir trop impératif, cette crise atteint donc tous les secteurs de la vie individuelle : affectif, physiologie, éthique, etc. Elle comporte plus d’ombres que de lumières. Mais c’est sans doute sur le plan intellectuel, c’est-à-dire en tant qu’elle est vécue consciemment, quelle se prête le mieux à une analyse objective.
-De la famille à la société
L’adolescent, c’est le passage de cet univers familial à la société tout entière. Jusque-là nourri culturellement de l’intérieur, par symbiose, comme un fœtus, l’ado doit désormais prendre sa nourriture à l’extérieur. Il y a donc autre chose que ce que les parents ont appris à l’enfant. Et l’ado remet en cause l’acquis au profit de la nouveauté. Cet écart entre l’acquis, qui conditionne ce qu’il est, et la nouveauté, qui l’aimante vers son devenir, peut être d’une amplitude variable. Quand celle est trop grande, la crise d’adolescence prend une forme grave, convulsive, « révolutionnaire ».Vécue de l’intérieur, la crise de l’adolescence est une des expériences les plus riches, les plus intenses de la vie. C’est une véritable flambée intellectuelle qui prétend faire table rase et reconstruire à zéro.
Le système du monde proposé à l’enfant par la famille était accepté parce qu’accompagné de la sécurité affective : et l’on a vu que, si cette sécurité affective vient d’accepter ce système du monde. En conséquence, on peut se demander, par analogie, si la remise en question radicale de l’ado n’est pas elle aussi provoquée par une carence affective.
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