"Un jour douloureux mais salvateur : mon avortement"

Avant de me juger, je vous demanderais s'il vous plait de lire la suite...

Je vais vous parler de quelque chose que j'ai vécu; quelque chose qui aurait pu m'emporter. Heureusement pour moi, cela s'est bien déroulé. Il s'agit de mon avortement.

Il faut savoir que j'ai bien vécu mon avortement. A l'époque où a eu lieu l'intervention, j'étais âgée de 18 ans et ça faisait 6 mois que j'étais avec mon copain. Il a toujours voulu avoir un enfant jeune pour combler la mort de son père. En sortant avec lui, je savais très bien qu'il allait un jour où l'autre m'en parler. Au début, j'en voulais un parce que, comme la plupart des filles qui veulent des enfants jeune, je trouvais ça trop génial.

Seulement avec le temps, je murissais et j'ai vu la réalité en face : avoir un enfant est un véritable rôle qui demande de la maturité et évidemment un travail pour pouvoir nourrir le petit.

Nous sommes au mois de mars, lorsque je remarque que je n'ai toujours pas eu mes règles depuis un mois. Confiante je me dis que c'est juste un retard vu que ça m'est déjà arrivé plusieurs fois.

Le jour où je suis montée sur la balance a été révélateur. J'avais pris 10 kg en un mois ! Apeurée, je cours à la pharmacie et demande un test de grossesse. Et là je vois deux barres qui s'affichent... Je m'écroules et je l'annonce à mes parents.

En premier lieu ma mère devient toute rouge de colère puis commence à me crier dessus. Pour en avoir le coeur net elle m'emmène voir un gynéco. Les résultats tombent et me voici enceinte de 6 semaines !

Je décide donc d'en parler à mon copain. Et bien évidemment il saute de joie comme un fou. Le truc c'est que je ne veux pas de cet enfant, pas maintenant ! Certes j'étais mature pour mon âge mais je n'avais pas de travail, ni de toit pour pouvoir accueillir le petit dans de bonnes conditions. Mon copain travaillait dans une petite boîte, mais pas assez suffisant non plus à nourrir une troisième bouche.

La nouvelle annoncée, je fais face à un garçon que je ne reconnais plus : méchant, très blessant bref pas le garçon que j'avais rencontré six mois auparavant ! Il me disait des choses du genre "tu ne mérites pas d'être une femme" , "tu as su écarter les jambes donc tu assumes" ou encore "je vais t'étrangler". N'ayant aucune confiance en moi, ces 10 kilos en plus m'ont détruite : je ne sortais plus, me maquillais plus, m'habillais presque plus.

On arrive début juin et ma décision est prise : je décide d'avorter même sans l'accord de mon copain.

Le jour J arrive... malgré sa rancune envers moi, mon copain a tenu à assister à mon intervention. Une fois en bloc opératoire, je me rends compte réellement que je vais avorter. Du coup, le stress monte mais c'est moi qui l'ai choisi donc j'assume.

On me monte dans le bloc et on commence à m'anesthésier le bas (j'avais choisi une anesthésie locale) puis à m'endormir légèrement, puis là je crie : c'est bon on est en train d'enlever l'enfant, mon enfant...

L'intervention finie, je pleure comme je ne l'avais jamais fait de ma vie. J'ai pleuré puis je tremble de partout. De retour dans ma chambre, je vois mon copain qui se jette sur moi en pleurs en me disant "je t'aime ma femme, ne pleure pas".

Deux mois plus tard, j'ai enfin mon retour de couche et donc je perds tous mes kilos en trop voire plus puisque je perds au final 13 kilos. J'ai enfin retrouvé mon corps ! Plus épanouie que jamais, cette intervention a été une libération pour moi et surtout ce qui m'a sauvée. Oui parce que si je l'avais gardé, j'aurais fais une dépression...

A l'heure actuelle, je suis toujours avec mon copain et j'utilise un contraceptif. Je l'arrêterai lorsque je serais vraiment prête à être mère.

Cependant, je ne le souhaite ni le conseille à personne. Un enfant, c'est quelque chose de beau, de merveilleux qu'une femme puisse tenir entre ses mains. Un enfant fait de nous de vraies femmes, des mères comblées... Je suis fort désolée d'avoir ôté la vie à cet enfant, mais, je n'avais pas le choix.

Merci de m'avoir lue et je sais que certaines me jugeront sévère...


Carole D.

Photo d'illustration