Voyager en solo quand on est une femme, « c'est fantastique ! » mais aussi insécurisant
Voyager seule ne va pas forcément de soi lorsque l’on est une femme. Et pourtant, chaque été, elles sont de plus en plus nombreuses à se lancer malgré la crainte de la solitude ou des mauvaises rencontres. Isabelle, Marie, Valérie et Mélanie sont quatre Limousines qui ont tenté l’aventure.
Un matin d’avril, à l’heure du petit-déjeuner, un reportage de France Inter retient l’attention d’Isabelle. Le journaliste, Emmanuel Moreau, y parle d’une plateforme d’hébergement réservée aux femmes qui voyagent seule : la-voyageuse.com.
Ses tartines à peine avalées, la quadra, qui s’est découvert une âme de voyageuse solo cinq ans plus tôt, jette un œil au site Internet en question. « Je l’utiliserai pour mes prochains voyages. Savoir que l’on dormira chez quelqu’un de confiance, c’est très rassurant », glisse-t-elle.
« Une fois, un type m’a sorti l’excuse du matelas cassé pour qu’on dorme dans le même lit ! »
MÉLANIE (Voyageuse et hébergeuse en Creuse)
La Haut-Viennoise cumule plusieurs expériences d’épopées solitaires. La dernière en date était un « road trip », dans l’Aveyron. De quoi se faire de beaux souvenirs, mais connaître aussi quelques moments d’appréhension. « Le soir, on se retrouve toute seule. Je plantais ma tente au camping, toujours là où il y avait du monde… Un peu comme quand on prend le métro, vous savez, on préfère les rames où il y a du monde, pour se sentir plus en sécurité… Une femme dans cette situation se fait aborder plus facilement qu’un homme ». Et ce n’est pas forcément souhaité. Ni bienveillant.
Et ça, les femmes le savent. En 2020, l’Ifop et Tourlane ont établi par un sondage que si elles n’osent pas partir en solitaire, c’est d’abord à cause de l’anxiété d’être seule (44 %) et de la peur pour leur sécurité (32 %).
« Moi, j’ai le cœur qui s’ouvre quand je voyage seule ! »
MARIE (Voyageuse solo)
Même si elle ne repart pas tout de suite, Isabelle s’est inscrite sur la plateforme. Comme hébergeuse. Une façon de mettre sa pierre à l’édifice d’un monde plus rassurant. Car voyager en solitaire, une fois la crainte dépassée, « c’est fantastique, c’est extraordinaire ! Moi, j’ai le cœur qui s’ouvre à tout quand je voyage seule ! On rencontre des personnes, on regarde partout, on s’ouvre sur le monde, sur les autres… Les gens discutent davantage, les conversations s’engagent beaucoup plus vite ! », se réjouit Marie, une autre Limougeaude, qui partira prochainement à moto, « au bout des routes », comme elle le dit.
Une « incroyable liberté »
Alors cette crainte de l’agression, « oui, elle nous vient forcément à l’esprit à un moment », mais « il faut la dépasser ». « On y gagne une incroyable liberté, une vraie légèreté. Il y a des choses à savoir, à prévoir, des coutumes à respecter… Mais la majorité des gens sont extraordinaires. »
Elle aussi se propose aujourd’hui d’héberger.
Valérie, elle, a opté pour le périple en van aménagé, avec ses deux chiennes. « Je suis partie plusieurs semaines, j’ai traversé l’Espagne jusqu’à l’Andalousie puis j’ai remonté la côte portugaise jusqu’à la Galice et retour à Limoges par le Pays basque » détaille-t-elle. Partout, ses expériences sont « magiques », malgré quelques galères. « Les seules personnes sur la route qui me demandent si je n’ai pas peur, ce sont les Français ! »
C’est aussi « se donner la possibilité d’être soi-même complètement » dans une société où il faut « plaire constamment, sans jamais avoir un moment pour soi »
MÉLANIE
Car être seule permet aussi de « se retrouver, d’apprendre à se connaître profondément ». C’est aussi « se donner la possibilité d’être soi-même complètement » dans une société où il faut « plaire constamment, sans jamais avoir un moment pour soi », ajoute Mélanie, 48 ans, voyageuse chevronnée qui accueille des voyageuses solitaires dans sa toute nouvelle demeure en Creuse.
Cette mordue de rencontres a longtemps été « accueillie par des femmes du monde entier ». Aujourd’hui, elle renvoie l’ascenseur en espérant que, comme la Thaïlande ou le Maroc l’ont fait pour elle, les destinations de ses hôtes s’inscriront à jamais dans leur cœur.
« Une femme qui, à 40 ans, n’a jamais voyagé seule… je suis triste pour elle ! » insiste l’hébergeuse hors pair.
Et parfois, la mauvaise rencontre
Avant de débarquer en novembre dans ce hameau du sud de la Creuse, Mélanie a plusieurs fois pratiqué le couchsurfing (*) chez des hommes, et pour elle, c’est évident, une femme se sent plus en confiance lorsqu’elle est accueillie par une autre femme : « Au moins, il n’y a aucune équivoque. Parce que des fois c’est juste l’horreur. Une fois, un type m’a sorti l’excuse du matelas cassé pour qu’on dorme dans le même lit ! ».
Un mauvais souvenir, Caroline Herbaut, agent de voyage chez Lattitude 87, en connaît aussi au moins un. Ce n’est pas elle qui en a été victime, mais une amie. « Elle est partie avec son sac à dos faire le tour du monde, comme le font de plus en plus de confrères, et surtout de consœurs. En Inde, elle a été volée et, semble-t-il, droguée aussi. Elle a mis beaucoup de temps à s’en remettre. Il y a des pays où personnellement je n’irais pas toute seule, l’Inde en fait partie. Il y a des pays d’Afrique, aussi, d’Amérique latine… » Lire la suite surlepopulaire.fr
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