L’importante dégradation de l’emploi des femmes

La pandémie, l’état d’urgence et le confinement qui a marqué le deuxième trimestre de l’année ont lourdement impacté le travail des femmes. Elles sont 230.000 à avoir perdu leurs emplois!

Les femmes ont toujours eu du mal à trouver du travail et au deuxième trimestre, elles étaient 439.000 à la recherche d’un emploi. Leur taux de chômage est de 15,6% contre 11,3% pour les hommes.

Le nombre de femmes actives occupées a atteint à peine 2,4 millions pendant le deuxième trimestre contre 2,6 millions l’année dernière. Du coup, le taux d’emploi des femmes a diminué de 2 points en pourcentage entre les périodes. Il s’est ainsi établi à 17,5% au deuxième trimestre contre 19,5% une année auparavant. Cette baisse a été plus marquée dans le milieu rural (23%) qu’en milieu urbain où elle s’est établie à 14,7%.

Durant le deuxième trimestre, plus de la moitié des heures de travail des femmes ont été perdues. Le haut commissariat au Plan estime que le nombre total hebdomadaire d’heures effectives travaillées par les femmes a chuté à 42 millions d’heures, avec une moyenne de 18 heures par semaine. Il était de 90 millions d’heures pour une moyenne de 35 heures par semaine au deuxième trimestre de 2019.

Globalement, les femmes actives occupées sont relativement jeunes et moins qualifiées: 33,6% d’entre elles sont âgées de moins de 35 ans et près de 6 femmes sur 10 n’ont aucun diplôme. Ces chiffres cachent des disparités importantes par milieu de résidence: 91,2% des femmes en emploi n’ont aucun diplôme en zones rurales contre 31,7% en zones urbaines.

Les femmes actives occupées sont présentes dans le secteur de «l’agriculture, forêt et pêche» avec une part de 43,3% de l’emploi féminin, suivi des services avec 42,4% et celui de «l’industrie y compris l’artisanat», avec 13,8% comme part dans l’emploi féminin.

Parmi celles qui arrivent à se faire une place sur le marché de l’emploi, plus du tiers sont des ouvrières ou des manœuvres agricoles ou de la pêche, 14% des manœuvres non agricoles ou des manutentionnaires des petits métiers et 12,4% des employées. Les statistiques du HCP relèvent aussi que 11,3% sont des ouvrières qualifiées des métiers artisanaux, 8,8% des cadres supérieures et des membres des professions libérales, et 7,8% des exploitantes agricoles.

Avant même la Covid-19, la participation à l’activité économique était faible alors qu’elle constitue un enjeu majeur pour le décollage économique. La scolarisation et son allongement et le découragement face au manque d’opportunités n’expliquent qu’en partie le faible taux de participation des femmes. Les obstacles auxquels elles se heurtent sont également liés à la répartition traditionnelle des rôles dans les ménages: prise en charge des travaux domestiques, nécessité de prendre soin des enfants ou du foyer.

Au deuxième trimestre, 13,6 millions sont en âge d’activité (15 ans et plus) sur un total de 18 millions. Leur taux d’activité ne dépasse pas 20,8% contre 21,9 % à la même période de l’année dernière. Entre hommes et femmes, le gap est vertigineux. L’écart d’activité entre les deux est de 48,9 points. Il est de 23,9% en milieu rural contre 19,1% en milieu urbain.

Ceci étant, le taux d’emploi féminin croît avec l’âge, mais se replie pour les 45 ans et plus. Il est de 6,7% parmi les femmes âgées de 15 à 24 ans, 20,8% parmi les 25 à 34 ans, 23,6% parmi les 35 à 44 ans et à 18,8% parmi celles âgées de 45 ans et plus.