Présentéisme au travail : les risques pour la santé
Travailler trop, trop longtemps, ou en étant malade, n’est pas sans risques pour la santé. Le point avec le médecin Philippe Rodet sur les dangers du présentéisme.
« Une présence au travail mais une faible efficacité ». C’est ainsi que Philippe Rodet, médecin et fondateur de l’organisme de formation « Bien-être en entreprise », définit le présentéisme. « Ce manque d’efficacité est lié au fait que certaines personnes restent trop longtemps au travail, ou ont un problème de santé qui n’est pas énorme, mais qui va altérer leur capacité à se concentrer. Le présentéisme est favorisé par le niveau de stress de notre société. Quelqu’un qui va avoir des maux d’estomac ou de tête, un moral un peu bas ou de l’eczéma, va quand même aller travailler. » Sauf qu’à faire des horaires à rallonge et travailler en étant malade, c’est notre santé que nous mettons en danger.
Le signe d’un certain niveau de stress
Maux de dos, de tête, épuisement, yeux qui piquent… Qui n’a jamais senti, au terme d’une journée de travail, qu’il était arrivé au bout de ses possibilités ? « Au bout de deux heures de travail, nous ne sommes plus efficaces, avance Philippe Rodet. L’idéal, c’est alors d’aller marcher et de s’oxygéner pendant une quinzaine de minutes, avant de se remettre au boulot. Mais même en faisant des pauses toutes les deux heures, on ne peut pas travailler quinze heures par jour. Bien sûr, il y a des variations importantes selon les individus. L’enjeu, c’est de trouver le juste milieu au-delà duquel ce n’est plus possible ».
Le risque, à travailler des heures alors qu’on n’est pas « au top » ? Avoir du mal à se concentrer, être moins productif, faire de plus en plus d’erreurs… et finir par être complètement démotivé, désengagé. Et de plus en plus stressé.
Les risques de dépression et de burn-out
« Une personne qui n'est pas en forme va se rendre compte qu’elle est moins efficace. Moralement, c’est dur d’en prendre conscience. » Tout comme il est loin d’être agréable d’en arriver à craquer et à fondre en larmes devant ses collègues, parce que l’on n’y arrive pas, que l’on fait de plus en plus d’erreurs, ou que l’on a perdu toute motivation. La relation avec son manager peut aussi devenir difficile.
Pour Philippe Rodet, « soit le supérieur est quelqu’un d’adroit et il saura parler intelligemment avec la personne de la baisse de qualité de son travail. Soit il va au contraire l’accabler, et là, on entre une logique qui peut favoriser la survenue d’un burn-out ou d’une dépression chez quelqu’un qui, jusque là, tenait à peu près bien et qui, tout d’un coup, devant des erreurs répétées, va se faire ‘agresser’ et se laisser alors déraper. » Tout l’enjeu réside donc dans le fait de ne pas aggraver une situation déjà fragile.
Aggraver son état de santé
Chez certains salariés, le surinvestissement va même jusqu’à venir travailler en étant malade. Et là encore, fragile. A tous, il nous est déjà arrivé de venir au bureau avec un gros rhume, un début de grippe ou un torticolis. « Mais c’est mieux de travailler sans ! », s’exclame Philippe Rodet. Malade, nous produisons, il faut l’avouer, un travail de bien moins bonne qualité. « On a le droit d’être souffrant, d’avoir un souci de santé, rappelle le médecin. Et ce n’est pas parce que l’on est absent trois jours que l’on est un mauvais salarié ».
A venir travailler quand même, on risque surtout d’aggraver son état de santé, et potentiellement, de contaminer son équipe. Une bonne solution consiste alors à rester travailler chez soi, quand cela est possible, et que son état le permet. Et sinon, à prendre le temps de se soigner.
« On trouve beaucoup de présentéisme dans les métiers de soin. Des malades vont s’occuper d’autres malades ! », s’inquiète notamment Philippe Rodet. Et quelque soit le domaine d’activité, le résultat d’un surinvestissement au travail est souvent le même : au présentéisme succède généralement… une période d’absentéisme.
Présentéisme : le coût pour l’entreprise
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le présentéisme coûte plus cher à l’entreprise que l’absentéisme. Selon une étude réalisée en 2010 par l'Université catholique de Leuven, « le présentéisme atteint 61 % des coûts totaux relatifs à la santé dans une entreprise, suivi par les frais médicaux (28 %) et l’absentéisme (10 %) ». Explications de Philippe Rodet : « Quelqu’un qui est absent, on va finir par le remplacer. Alors que si quelqu’un est présent mais moins efficace, il va falloir vérifier davantage son travail ; le reprendre… Il y a aussi une possibilité de contagion des collègues. Le risque, c’est l’effondrement de la qualité du travail ».
Source: psychologies.com
Articles similaires
A Voir aussi
Recette
Newsletter
Abonnez vous à la newsletter pour recevoir nos articles en exclusivité. C'est gratuit!
Commentaires