Eva Ottawa, une féministe naturelle
Eva Ottawa est devenue, en 2006, la première femme à assumer la fonction de grand chef de la nation atikamekw. En 2016, elle devient la première Autochtone à présider le Conseil du statut de la femme. Une pionnière pour sa communauté et pour l'ensemble des femmes.
« En tant que femme autochtone, j'ai déjà subi de la discrimination dans le passé. Je me considère privilégiée aujourd'hui d'accéder à des fonctions si importantes. Ça prouve qu'on a fait un pas en avant, que les gens font preuve d'ouverture de plus en plus », soutient celle qui se qualifie de « féministe naturelle ». Le Conseil du statut de la femme est un organisme gouvernemental qui vise à promouvoir et à défendre l'égalité des genres. Il a notamment pour mandat de faire des recommandations à l'Assemblée nationale quant aux lois et aux actions à entreprendre en ce sens.
En poste depuis deux mois à la tête de ce regroupement consultatif, Mme Ottawa se familiarise avec ses nouveaux dossiers. Outre la promotion des droits des femmes, elle espère contribuer au « rapprochement entre les communautés autochtones et non-autochtones ». « J'ai la chance de pouvoir faire le pont avec la nation autochtone, alors je vais le faire. J'ai le devoir de représenter l'ensemble des femmes, mais je me dois aussi de mettre de l'avant les enjeux auxquels ma communauté fait face. J'ai toujours travaillé pour ma nation. » Eva Ottawa était jusqu'à tout récemment membre de la Commission des droits de la personne. Détentrice de diplômes en sociologie et en droit, elle a occupé divers postes au sein du conseil de la nation atikamekw et de la Commission atikamekw.
Sexualité et notion de consentement
D'ici la fin novembre, le Conseil du statut de la femme diffusera un premier avis portant sur l'éducation à l'égard de l'égalité. Un second avis sur la vie amoureuse et sexuelle suivra après les Fêtes. « On va faire des recommandations là-dessus. On parle beaucoup d'agressions sexuelles et de notion de consentement ces derniers temps. Il y a encore du travail de sensibilisation et d'éducation à faire », dit-elle, ajoutant à titre d'exemple que 75 % des jeunes femmes autochtones seraient victimes d'abus sexuels.
« Avant que je devienne présidente, le Conseil du statut de la femme a fait une tournée dans 11 collèges de la province afin d'informer et de sensibiliser les parents, les intervenants et les jeunes sur la sexualité et le consentement. Je compte aller en continuité avec ces démarches. » Mère d'une fille de 26 ans et grand-mère d'un garçon de neuf ans, Eva Ottawa abordera également la question de la conciliation travail-famille, lors des échanges avec ses membres.
« Je suis chanceuse, car j'ai un bon conjoint qui a toujours été très présent. J'ai eu beaucoup de support pour concilier la vie familiale et le travail. Mais encore une fois, il reste du travail à faire. »
Source: laction.com
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