Tebello Nyokong : conceptrice d’un traitement luttant contre le cancer (alternative de la chimiothérapie)
Née le 20 Octobre 1951, au Lesotho en Afrique du sud, Tebello NYOKONG est une brillante scientifique qui a obtenu sa licence ès sciences (B.Sc.) à l’Université du Lesotho en 1977, ainsi qu’un diplôme d’enseignante (Concurrent Certificate in Education). Elle a par la suite poursuit sa formation au Canada, obtenant sa Maîtrise ès sciences (M.Sc.) en chimie à l’Université McMaster en 1981 et son Doctorat en Chimie à l’University of Western Ontario en 1987.
De 1987 à 1991, Tebello Nyokong décide de rentrer au pays pour enseigner la chimie physique et inorganique à l’Université du Lesotho. En 1991, elle accepte un poste de Maître de conférences à l’Université de Rhodes en Afrique du Sud et obtient le titre de Professeur en 2001. En 2007, elle est nommée Professeur-chercheur au Ministère sud-africain des Sciences et des Technologies et au National Research Foundation dans le domaine de la chimie médicinale et des nanotechnologies.
Elle a consacré sa carrière scientifique à la synthèse et la caractérisation d’un groupe de composés de la famille des phthalocyanines, communément utilisés comme colorants pour les jeans. Ces molécules ont beaucoup d’applications : s’activant à la lumière, elles permettent de détecter les agents polluants dans les eaux de surface et de traiter certains cancers.
Les résultats des recherches de Tebello Nyokong promettent des applications de grande envergure dans le domaine médical. Elle a développé de nouvelles variétés de médicaments à base de phthalocyanines, utilisés dans le cadre d’un traitement innovant du cancer appelé thérapie photodynamique. Cette nouvelle méthode utilise les colorants aux phthalocyanines, qui sont inertes et sans danger, mais peuvent être activés au contact d’un faisceau laser rouge et utilisés pour cibler de façon sélective les tissus cancéreux. Ainsi, contrairement à la chimiothérapie, les effets du traitement peuvent être localisés. Le traitement offre donc une alternative beaucoup plus économique et beaucoup moins invasive.
Les recherches du Professeur Nyokong aboutissent également à des applications pour la fabrication de capteurs de molécules. Ce travail pourrait contribuer au développement de nouvelles méthodes d’identification précoce des maladies. Par exemple, dans certaines zones rurales d’Afrique du Sud, un lien a été établi entre une forme de cancer de l’œsophage et des toxines présentes dans des produits à base de maïs. La détection de ces toxines permettrait de sensibiliser les populations de ces zones et de prévenir la maladie. Tebello Nyokong participe également à des recherches sur le développement de méthodes de décontamination environnementale (par exemple des insecticides ou des désherbants), des travaux connus pour leur complexité et pour lesquels une solution serait extrêmement utile.
Au-delà de ses nombreux projets et de ses recherches pionnières sur la thérapie photo dynamique, le Professeur Nyokong est une enseignante qui partage le plaisir d’échanger avec ses étudiants. Elle se consacre à la formation de jeunes chimistes et reste un modèle d’exception pour les jeunes Sud-Africaines qui se destinent à des carrières scientifiques.
Jeune fille au Lesotho (un royaume montagneux entièrement entouré par l’Afrique du Sud), Tebello Nyokong allait à l’école certains jours, lorsqu’elle ne gardait pas le troupeau. « Lorsqu’on est berger, il faut connaître la nature pour survivre. Même adolescente, on m’a donné des tâches traditionnellement réservées aux garçons. Je pense que l’effet a été positif, puisque j’ai eu l’opportunité d’explorer » note-t-elle.
Ses professeurs de mathématiques et de sciences étaient excellents, mais elle a été peu conseillée lorsqu’elle est entrée au secondaire. « Parmi mes pairs, on pensait généralement que les sciences, c’était dur – et donc pas pour les filles » dit-elle. « Et j’ai fini par le croire. J’ai passé trois ans à étudier des disciplines littéraires, que je n’appréciais pas vraiment. Enfin, deux ans avant la fin du lycée, j’ai décidé d’intégrer un cursus scientifique. C’était risqué de prendre un nouveau chemin, mais j’ai trouvé ma voie ! »
Elle a dû mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard. « J’ai passé des jours et des nuits à lire la physique, la biologie et la chimie, et j’ai dû travailler dur en mathématiques, mais j’ai adoré chaque moment » dit-elle. « J’ai obtenu mon examen d’entrée à la fac avec de bonnes notes, même si je n’ai pas pu suivre les cours tout de suite car j’ai dû travailler pour aider ma famille pendant un an, mon père étant très malade. »
Son père voulait qu’elle étudie pour améliorer ses conditions de vie. « Il croyait en moi et m’a toujours encouragée, même s’il ne comprenait pas très bien de quoi traitaient mes disciplines.
Les plus grands défis
Etre mère et doctorante n’avait rien de facile. Plus tard, la solitude académique a constitué un nouveau défi. « Il n’y avait personne à qui parler de ma recherche, de ses bons et mauvais côtés. Personne pour me guider. Si je trouve le moyen, je vais m’assurer qu’aucune femme n’ait à subir cela » promet-elle. Ses recherches ont des applications très concrètes, Tebello Nyokong travaille sur le développement de médicaments pour traiter le cancer. « Ma bonne étoile (si je peux l’appeler ainsi) m’a enfin souri lorsque j’ai reçu un appel du National Laser Center : quelqu’un allait visiter mon université et souhaitait me rencontrer au sujet d’un prêt de lasers » se souvient-elle. « J’avais essayé de faire des recherches au laser, sans laser, car je ne pouvais pas me les offrir. Ce fut le tournant. J’ai demandé les lasers et je les ai eus. C’était un moment très fort, lorsque le premier test de mes médicaments pour le cancer a révélé une activité forte sur la tumeur. Je savais que j’étais sur la bonne voie !
Inspiration, motivation et détermination
« Mes étudiants, surtout ceux en master et en thèse, sont ma source de motivation. Leur goût d’apprendre est pour moi une source d’inspiration. » Une autre source de motivation pour Tebello Nyokong est son désir de « réussir pour toutes les femmes, pour tous les Noirs, et pour les Africains dans leur ensemble. Je trouve que l’Afrique a été dépeinte comme un continent seulement touché par la guerre et la faim, et je veux montrer que ce n’est pas le cas. » Elle rêve de voir plus d’étudiants choisir des carrières scientifiques. Elle souhaite voir des jeunes aux premières lignes du développement scientifique en et plus généralement en Afrique, car beaucoup de ses étudiants proviennent d’autres pays africains. Sur le plan plus personnel, elle souhaite aider et encourager d’autres femmes à s’engager dans la recherche, surtout des jeunes, pour qu’elles puissent bénéficier de modèles et pour « rompre le cercle de l’isolement. »
« Je me bats d’abord pour changer l’image déplorable de l’Afrique. On ne parle que de ses guerres interethniques, de la faim… jamais des réussites. En formant aujourd’hui des étudiants au niveau master et doctorat, j’essaie d’apporter un peu de lumière à ce continent. »
Source : negronews.fr
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