Marlène Olivia Harnois, médaillée olympique : " J'ai tout gagné..."
Marlène Olivia Harnois est une athlète médaillée olympique, championne européenne, championne du monde universitaire et médaillée mondiale de taekwondo, d'origine canadienne. Elle a été naturalisée française en avril 2008, quelques jours seulement avant de remporter la médaille d'or au championnat d'Europe, dans la catégorie des moins de 63 kg. Mais depuis presque trois (3) semaines, elle a pris sa retraite sportive pour se consacrer à autre chose. En visite en Côte d'Ivoire, dans le cadre d'une action sociale, Afriquefemme l'a rencontrée pour vous...
- Est-ce la première fois que vous visitez la Côte d'Ivoire?
Oui, c'est mon premier déplacement. En fait j'ai annoncé ma retraite sportive il y a quelques semaines. Et j'ai envie de faire quelque chose qui a un sens. J'ai beaucoup voyagé durant ma carrière sportive. J'étais régulièrement au Maghreb mais je ne connaissais pas l'Afrique noire. Pourtant, j'ai côtoyé pas mal d'africains en compétition et dans toute l'aventure olympique. Et je trouvais intéressant qu'il y avait une culture à découvrir. Donc j'en ai profité pour venir, du coup je suis allée au Sénégal. J'ai été reçue par la fédération là-bas. J'ai mené quelques actions sportives et par un concours de belles circonstances, je suis venue à Abidjan. En fait tout s'est mis en place de façon très spontanée.
- Alors, après le Sénégal, pourquoi le choix de la Côte d'Ivoire?
Le coeur... et surtout pour plusieurs raisons. D'abord le niveau de taekwondo en Côte d'Ivoire est très relevé. Ils ont le meilleur niveau d'Afrique. Et le club de Koumassi, La source, ils ont ramené énormément de site en championnat Africain, ils font partie de l'équipe nationale qui été vice championne du monde masculine par équipe en 2013, vice championne féminine du monde en 2014 et 3ème classe en 2013 chez les filles. Il y a énormément de potentiel. Moi, j'ai réalisé mes rêves et j'ai envie d'offrir cette possibilité à tout le monde. Et quand je vois des jeunes qui incarnent le courage, la discipline, l'effort, le respect, j'ai envie de les encourager en fait.
- Vous êtes venue en Côte d'Ivoire pour un certain nombre de dons. Est-ce dans le cadre sportif ou une oeuvre sociale?
Ce sont des actions sociales en fait. Je pense que j'ai une expertise sportive à apporter donc je contribue de mon expertise et je fais un don, en faisant des stages en rencontrant des jeunes en allant dans des club, en partageant ma médaille olympique et mon expérience. Et il y a aussi un volet où l'intérêt est de ramener du matériel sportif pour agrémenter leur condition d'entrainement. Vous savez, ils s'entraînaient tellement fort, ils rivalisent et gagnent contre des nations comme le Japon, la Chine, les Etats-Unis et la France. Et ils le font qu'avec leur courage et leur rage de vaincre.
- Avez-vous déjà travaillé dans le domaine du social?
Non. J'ai pris ma retraite sportive il y a environ trois (3) semaines, donc c'est vraiment une toute nouvelle expérience pour moi. C'est motivé par l'envie de donner accès à un rêve à tous que moi j'ai eu la chance de réaliser. Vous savez, le taekwondo, c'est un sport olympique, mais au-delà d'être un sport olympique, c'est un art martial. Et au sein de la communauté du taekwondo, on incarne ces valeurs là. C'est un peu notre devoir en tant que champion d'encourager la relève.
- A vous voir, vous êtes tellement jeune et pourtant vous mettez fin à votre carrière sportive...
Oui! j'ai tout gagné. J'ai fait double championne d'Europe, médaillée olympique, médaillée mondiale, championne du monde francophone, championne du monde universitaire... en fait j'ai vraiment atteint tous les objectifs. J'ai 28 ans et j'ai une super belle carrière qui m'a emmenée à m'ouvrir sur le monde, à voyager, à décrocher des belles médailles. Aujourd'hui, je suis contente de ce que j'ai vécu dans le sport, mais j'ai envie de vivre une nouvelle aventure. Pour moi l'olympisme, c'est une aventure sportive et il y a aussi une belle aventure humaine. Je serai plus heureuse si j'encourage Baby Ruth et Peken, et qu'elles ramènent une médaille olympique en 2016, que si je vais chercher une 50 ème médailles à titre individuelle.
- A chaque fois que vous avez remporté une médaille, comment vous vous êtes sentie? Est-ce que vous avez pensé particulièrement à une personne?
Vous savez, il y a tellement de gens qui ont contribué derrière ma médaille, il y a pleins de gens à tous les niveaux et une grande victoire ne peut être individuelle. Ce n'est que le fruit d'un travail collectif. J'ai eu la chance d'avoir énormément de personnes qui se sont mobilisées tout autour de ma carrière, pour m'encourager, pour me soutenir a tous les niveaux, que ce soient les entraineurs, les partenaires à l'entrainement, des proches, des amis, des responsables de centres sportifs, des kiné, voila il y a toujours eu une équipe qui s'est mobilisé pour m'encourager autant dans la victoire que me soutenir dans la défaite. Et aujourd'hui entant que championne j'ai envie de soutenir les prochains, la générations montantes, la génération qui se bat pour décrocher son rêve.
- Avez-vous déjà connu des défaites et comment les avez-vous vécues?
Oui! Déjà ça prend du courage pour monter sur l'aire de combat parce que pour gagner, il faut pendre le risque de perdre et ça fait partie du parcours. Et une médaille olympique ça ne se construit pas que sur des victoires donc forcement on passe par les défaites mais aussi on passe par les blessures. Et la blessure, c'est très difficile à gérer parce que quand on est athlète, on veut maitriser tous les paramètres de la performance, on veut avoir le contrôle à tous les niveaux, sur notre corps, c'est notre machine, notre outil de travail. Et quand on est blessé c'est difficile.
- Le 1er mars 2013, vous êtes distinguée chevalier de l'orde national du mérite par le président français, monsieur François Hollande, au Palais de l'Elysée. Pourquoi une telle distinction?
C'est par rapport aux médailles olympiques, c'est aussi par rapport au service rendu à la nation en fait. Parce que on s'est battu pour les couleurs tricolores, pour faire résonner la Marseillaise au quatre coins du monde et à ce titre le President de la République m'a nommée chevalier de l'orde national du mérite.
Yolande Jakin
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