Lydia Mutyebele : le parcours d’une femme politique à Bruxelles
D'origine congolaise, Lydia Mutyebele a prêté serment ce 19 octobre en tant qu’echevine en charge des affaires foncières à Bruxelles (Belgique).Parcours, difficultés, secrets et réussite…elle se livre sans fard à la rédaction femme de Actualité.cd.
Bonjour Madame Lydia et merci de répondre à nos questions. Vous venez d’être désignée échevine de la ville de Bruxelles, quelles sont vos motivations pour ce poste ?
Bonjour. J’ai été élue conseillère communale depuis 2018. Pour le poste d’échevin, j’ai été désignée par mon parti (Parti Socialiste PS). Et j’ai été élue par les conseillers communaux hier, le 19/10. A l’issue de ce vote, ma nomination a été confirmée. C’est avec plaisir et joie que je vais servir les bruxellois ; je suis totalement heureuse de me mettre à leur service.
Quelles vont être spécifiquement vos taches ?
Je suis échevine en charge de la Régie foncière (Tout ce qui concerne le logement dans la ville de Bruxelles et le pouvoir public qui dispose du plus grand patrimoine locatif en région bruxelloise. Cela équivaut en moyenne à 13.000 appartements.) Il s’agit de la mise en location de ces appartements de commerce, le respect des conditions locatives par l’administration (Pour habiter ou louer un commerce à Bruxelles, il y a des conditions à remplir). Il y a ensuite le patrimoine public, la construction des écoles (…) Enfin, l’égalité des chances, la lutte contre le racisme, la discrimination, essayer de faire une place correcte aux personnes à mobilité réduite et vivant avec handicap dans notre société moderne.
Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours ?
Je suis arrivée en Belgique à l’âge de 6 ans, j’ai effectué toute ma scolarité (primaire, secondaire et universitaire) à Bruxelles. Je suis juriste de formation, j’ai travaillé dans des cabinets politiques et au Barreau de Bruxelles. Et depuis 2006, je suis élue conseillère communale à la ville de Bruxelles.
Vous avez un parcours de plus de 10 ans dans la politique belge. Quel bilan faites-vous de vos actions ?
J’ai été élue pour la première fois en 2006 mais je me suis investie en politique depuis 2001. J’ai 18 ans d’investissement politique d’abord en tant que militante, puis comme mandataire. Je pense qu’il était important d’avoir des mandataires comme moi, différents par leur origine, genre (…) Je pense que ma présence en tant que mandataire femme d’origine africaine a amené une émulation. Certainement, des jeunes femmes ont eu l’envie de s’investir pas seulement en politique mais dans divers projets. Ces jeunes femmes devraient comprendre qu’il est important de se battre pour des causes justes.
Vous êtes aussi membre de l’ASBL Groupement des Femmes Africaines Intégrées et Actives (GFAIA). Quel est son but ?
Depuis sa création en 2009, notre but était d’abord de l’émulation. On voulait que la femme africaine soit fière de ce qu’elle est, de ce qu’elle représente. Qu’elle ne soit ni complexée, ni ne se sous-estime. Plutôt, qu’elle se valorise dans tout ce qu’elle fait. Et c’est important pour moi en tant que femme politique d’emmener aussi ce genre de messages. Avec GFAIA, nous l’avons fait, nous avons mené plusieurs campagnes telles que celle de la reconnaissance du Docteur Mukwege en tant Prix Nobel de la paix. Et voir qu’il est aujourd’hui reconnu à ce titre est un grand accomplissement pour l’Asbl.
De plus en plus de femmes sont nommées à des postes clés en Afrique… Quelle lecture faites-vous de toutes ces nominations ?
Je suis fière de voir des femmes occuper des postes de responsabilité en Afrique. Il faut savoir que la société africaine est très patriarcale, très masculine, très misogyne. Nous observons un fort changement de mentalité et l’on assiste à l’émergence de l’égalité. Nous n’avons pas encore atteint l’égalité parfaite mais, nous nous battons, en tant que femmes. Je félicite les hommes qui laissent de la place aux femmes pour s’exprimer en politique. Je pense que les hommes et les femmes, nous n’avons pas les mêmes sensibilités politiques. Il est donc important d’avoir ce mélange des sensibilités.
Vous êtes également Chef d’une chorale à Bruxelles. Comment faites-vous pour gérer votre temps et vos activités ?
Tout est question d’organisation. J’ai le temps pour mes activités politiques et ma vie privée. Il faut juste être discipliné, bien tenir son agenda, ne pas embrasser toutes les causes. Avoir l’honnêteté de dire « Je n’ai pas le temps ». Il ne faut pas promettre quelque chose qu’on ne pourra pas réaliser.
Avez-vous également rencontré des difficultés dans votre parcours en politique ? Si oui, lesquelles et quels moyens avez-vous mis en place pour vous en sortir ?
Comme tout le monde, j’ai rencontré des difficultés dans mon parcours politique. Ce n’est pas facile d’être jeune, être femme, être noire et faire de la politique. Mais, le secret c’est la patience, l’endurance et la persévérance. Il ne faut pas se décourager au premier obstacle. Changer de stratégie, sa manière de voir les choses, éviter de se décourager. Quand on se décourage, on ne gagne rien. Mais quand on est patient, on écoute beaucoup. Je pense avoir été patiente. C’est ainsi que j’ai pu évoluer en politiquement.
Les femmes congolaises sont à ce jour, appelées à s’impliquer davantage dans les questions politiques. Quel secret leur donnerez-vous pour réussir dans ce domaine?
Pour réussir en tant que femme en politique, je pense qu’il faut être déterminé. Il ne faut pas se laisser aller aux clichés. Souvent les gens pensent qu’une femme réussit parce qu’un homme a été là. C’est parfois vrai. Mais, nous avons également notre volonté et notre réflexion personnelle. Je demanderai donc aux femmes d’être persévérantes, endurantes et avoir une moralité irréprochable. C’est la meilleure façon de réussir en politique. Au cours de sa prestation de serment, Lydia Mutyebele a rendu hommage à ses parents, et sa sœur (Titi Mutyebele) décédés récemment. « Ils m’ont transmis la persévérance et l’implication nécessaire pour m’investir dans les causes justes. Ils me manquent énormément, » a-t-elle regretté, fille du feu pasteur Martin Lukanda Mutyebele, fondateur de l’Eglise Nouvelle Jérusalem à Bruxelles.
Source: actualite.cd
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