Mme Mireille Andoh Beniakrou, présidente de l`association « UN ENFANT UN SOURIRE »: ``Apprenons à accepter les autres avec leurs différences``
Diplômée en communication, Mireille Andoh épouse Beniakrou a exercé en Côte d’Ivoire et en France en tant que commerciale, journaliste et dans le domaine de la gestion de la clientèle. Depuis 2018, Mme Mireille Andoh Beniakrou est en temps plein présidente de l'Association “UN ENFANT UN SOURIRE” et gérante d'une société de transport. Elle nous parle de son association dans cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder.
Vous êtes la présidente de l'association “UN ENFANT UN SOURIRE”. Pouvez-vous nous dire la date de création de votre association? Et quels sont ses objectifs ?
L'association ''UN ENFANT UN SOURIRE'' a été créée en France, le 11 mai 2018 et en Côte d'Ivoire, le 03 septembre de la même année. L’objectif de notre association est de venir en aide aux personnes en difficultés moteurs-psychiques et de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des personnes différentes.
Les individus souffrant de difficultés moteurs-psychiques ont été longtemps victimes d’une stigmatisation et d’une discrimination déshumanisantes, ainsi que le respect et l’estime qui leurs sont dus, en ont été profondément mis à mal. Comment leur assurer les conditions d’un épanouissement personnel, d’une relation à soi-même positive, en somme d’une vie plus humaine ? Nous travaillons avec l’aide des autorités à leur permettre d’avoir une vie aussi normale que tout individu lambda.
Qu'est-ce qui a motivé la création de cette association ?
La création de l'association “UN ENFANT UN SOURIRE” vient d'abord du fait de mon attachement au social. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été membre des associations, clubs ou ONG évoluant dans le social. Étant présidente du club de santé dans mon lycée (Mamie Houphouet Faitai de Bingerville), j'ai été face à la précarité et la détresse des personnes vulnérables. Je crois fermement que chacun avec sa modeste contribution peut faire bouger les choses et changer le monde.
En 2011, lors de ma première maternité, j'ai fait une réaction à la CMV. L’infection primaire à cytomégalovirus ou la toxoplasmose, généralement bénignes, peuvent causer des infections congénitales sévères. Cette réaction devrait donner naissance à un enfant handicapé moteur et psychique. Nous avons été confrontés à la suspicion de handicap. Cela a été un stress permanent pour mon couple. L'attente de la voir marcher et parler a été une source de tourmente dans ma vie de famille. Certes le miracle a été opéré mais le stress que nous avons vécus était incalculable. Après cette expérience éprouvante, j'ai pensé aux familles qui ont vécu le même genre de situation et qui ont eu moins de chance que nous.
Avez-vous déjà mené des actions sur le terrain ?
Nous avons organisé en août 2018 une journée d'information et de partage avec des femmes nouvellement alphabétisées. Nous leur avions parlé du bienfait des cours d'alphabétisation et leur montrer l'impact sur leur autonomisation. C'était en collaboration avec la mairie de Yopougon (Abidjan/Côte d’Ivoire) et le responsable M Zilé.
Nous avons procédé à la collecte des livres afin d'ouvrir des bibliothèques fixes et ambulantes. J’en profite pour réitérer ma reconnaissance à l’endroit de la bibliothèque de Nangis (France).
Nous faisons de l’accompagnement gratuit et anonyme pour les familles en difficultés. Certaines sont sur le point de recevoir des fauteuils roulants, béquilles, et produits de première nécessité.
Nous sommes toujours à l’écoute de ceux qui viennent vers nous à travers notre page Facebook pour plus de proximité avec les personnes en difficultés.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans votre démarche ?
Evidemment que nous rencontrons des difficultés financières et matériels vu que toutes nos actions se font en grande partie sur fonds propres. La peur du regard des autres et la stigmatisation qui poussent les parents à isoler leurs enfants. Il y a aussi le manque de structure d'accueil pour les personnes différentes en Côte d’Ivoire. Il serait important que l'état ivoirien pense à l'accompagnement et à la formation des enfants différents qui ont des atouts incroyables.
Que pouvez-vous dire pour motiver chacun et chacune à accompagner l'initiative qui est de donner un sourire à un enfant ?
Ce que les gens doivent comprendre, c'est que l'on ne choisit pas de naître avec une différence. Stigmatiser une personne différente peut avoir des conséquences désastreuses. Devenons altruistes, tendons la main afin d'apporter un minimum de réconfort, prêtons attention à notre entourage.
Quels sont les acquis de l’association “UN ENFANT UN SOURIRE” depuis sa création ?
En plus des bibliothèques fixes et mobiles, l’installation d’un centre d’aide et d’écoute en Côte d’Ivoire est en cours.
On peut connaître vos perspectives ?
Nos perspectives sont de pouvoir créer des activités mensuelles afin d'interagir avec les personnes en détresse et de leur permettre d'avoir un accompagnement psychologique au quotidien. Nous souhaitons développer la motricité pour les personnes en difficultés. Pour ce faire, une collaboration est en cours avec une association camerounaise car celle-ci qui crée et développe des jeux sur le développement de la motricité.
Nous procéderons bientôt au lancement des campagnes d'alphabétisation et l'implantation des bibliothèques dans nos villes et villages.
Avec l’aide des autorités, nous espérons offrir aux enfants handicapés et différents des formations qui leur permettront d’apprendre des métiers et d’être indépendants.
Un appel à l'endroit de la population ?
Il faut que les gens apprennent à accepter les autres avec leurs imperfections et leurs différences afin de transformer ces imperfections en qualité et en atout.
Il faudrait que la population aide les associations dans l'avancée de leur lutte en faisant des dons en nature et en espèce. En un mot, c'est avec le concours de tous que nous pouvons rendre possible l’impossible. On a tous droit au bonheur, on a tous le droit de sourire et espérer en nous et en les autres.
Mam Dieng
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