Mariam Bintou Traoré: ``Pour qu`on parle de droit de la femme, il faut déjà que les femmes connaissent leur droit``
“#unevraiefemmeafricaine” est un Hashtag initié par Traoré Mariam Bintou, une journaliste ivoirienne. Militante féminine nous accordé une interview. Initiatrice de ''#unevraiefemmeafricaine’’, ce Hashtag qui dénonce les abus envers les femmes et qui a fait couler beaucoup d’encre et enflammé la toile, voudrait nous amener à partager son idéal.
#unevraiefemmeafricaine, l’hashtag qui enflamme la toile depuis plusieurs jours. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire cette campagne ?
Pour dire vrai, ce n’est pas quelque chose que j’avais planifié. Franchement la campagne #unevraiefemmeafricaine”, m’est juste venue ex nihilo. Tout est parti d’une publication que J’ai juste faite sur Facebook: Et elle était ainsi libellée: ''Femme noire tu enfanteras dans la douleur pour juste prouver que tu es une vraie femme africaine’’. Et grande fut ma surprise, le coup d’essai est devenu un coup de maître. Et même mieux, ça pris et c’est devenu de plus en plus ironique. Là, les femmes africaines ont saisi cette perche pour dénoncer certaines réalités dont des de nombreux abus et incohérences.
Pour vous, qu’est-ce qu’une vraie femme africaine ?
C’est un peu trop dire, ma foi. À mon avis, une femme africaine est un être humain de sexe féminin, biologique qui est d’un pays d’Afrique, c’est tout. Il n’y a pas de vraies femmes africaines. Il n’y pas à polémiquer sur ce fait. C’est précisément ce que cet hashtag dénonce.
Quel est l'état actuel de votre combat ? Avez-vous l’impression que les choses avancent dans le bon sens ?
C’est peut-être pas assez, mais j’ai la nette impression qu’il y a eu un tout petit pas déjà dans la prise de conscience et le fait que les femmes aient utilisé l’hashtag campagne #unevraiefemmeafricaine#.
Cela prouve qu’il y a une volonté manifeste d’apprendre ses droits et de voir ce qui ne va pas, et agir s’il le faut. Le déclic, c’est déjà une avancée.
Comment expliquez-vous que le continent ait compté autant de femmes de pouvoir, ‘’ reines ‘’, ‘’guerrières ‘’, les amazones, etc… mais que la situation de la femme africaine soit toujours ‘’précaire ‘’ ?
C’est vraiment paradoxal de savoir que l’Afrique est un continent avec un patrimoine assez riche et qu’aujourd’hui, la situation de la femme soit aussi précaire. Déjà, je pense que la colonisation est passée par là et a imposé un certain modèle homme et femme. Mais il ne faut pas jeter la pierre à la colonisation et lui faire porter le chapeau. Je dis non. Et après la colonisation? N’oublions pas que après la colonisation, les hommes africains ont bien aimé la nouvelle position de la femme dans la société actuelle. Je veux dire que si la société était autrement pour les femmes, que de nos jours la société a changé et qu’ils ne font rien pour que ça change, c’est bien parce que quelque part, ils sont bien confortés dans cette nouvelle position que la société accorde à la femme. Une position vraiment inférieure. Ça a juste été une perche que les hommes africains ont saisi.
Le 8 mars est déclarée journée internationale de la femme. Pensez-vous que les luttes des femmes « noires », ou africaines sont les mêmes que celles des européennes, américaines ou asiatiques ?
Non, je dirai puisque nos sociétés et nos réalités diffèrent d’un continent à un autre. Les femmes en Afrique n’ont pas la même problématique que les femmes en Europe tout simplement parce que nous
avons différentes problématiques. Il faut prendre aussi en compte la situation de l’Afrique. Il y’a de nombreux pays pauvres et la pauvreté entretien les inégalités comme en Amérique du sud c’est plus les féminicides mais pas les féminicides comme en Afrique. En Amérique du sud, c’est plus les féminicides par meurtre, des violences conjugales. En Afrique, c’est plus les viols, les violences, les excisions et tout ce qui est autres types de violence. En Europe, nous ne sommes pas au même niveau. Elles sont arrivées à un certain niveau au point ou il y a eu des révolutions qui sont faites soit dans la violence soit dans le sang. Ces aspects font qu’aujourd’hui elles peuvent commencer à réclamer des choses qu’on trouve absurde. En Afrique, on est encore au niveau du droit à la vie, des choses basiques comme la scolarisation. Je trouve ça grave et terrible parce que je ne pense pas qu’une fille n’est plus envie d’aller à l’école, ou ne puisse chercher du travail. Il faut que l’État protège les femmes.
Que doit-on faire concrètement, selon vous, pour promouvoir et respecter le droit des femmes et des filles ? Comment passer à la vitesse supérieure?
Pour qu’on parle de droit de la femme, il faut déjà que les femmes connaissent leur droit. Après avoir connu leur droit, il faut dénoncer et après il faut de l’éducation. Mais enfin et surtout, il faut de la répression. Il faut de la répression parce que la justice ne joue pas son rôle. La répression diminuerait l’envie de faire de mauvaises choses. En Europe, je ne pense pas que les hommes seraient plus ‘’masochistes, violents’’ que les hommes africains. C’est juste que les féministes européennes ont fait de tel sorte qu’en Europe les hommes sachent qu’ils seront sanctionnés par un tel acte. Évidemment qu’il y a des failles aussi en Europe mais ils savent qu’un faux pas peut leur revenir au visage. Mais chez nous c’est carrément l’impunité totale parce que tout le monde est de mèche que ça soit les policiers… la justice.
Mam Dieng
Articles similaires
A Voir aussi
Recette
Agenda
Newsletter
Abonnez vous à la newsletter pour recevoir nos articles en exclusivité. C'est gratuit!
Commentaires