Burkina Faso : Dr Marie Korsaga, la première astrophysicienne de l’Afrique de l’Ouest
Marie Korsaga évolue dans un milieu dit réserver aux hommes…Et elle y excelle. Elle a brisé les stéréotypes liés au sexe et dompté les sciences. Aujourd’hui, Dr Korsaga est la première femme astrophysicienne du Burkina Faso et de l’Afrique de l’Ouest.
« Toute petite, je me suis toujours intéressée aux phénomènes de l’univers à savoir l’apparition de la vie sur terre, les étoiles filantes…». Ce rêve d’enfance de Dr Marie Korsaga, aujourd’hui, une sommité de l’astronomie, est devenu réalité. En avril 2019, la native de Meguet, dans le Ganzourgou, région du Plateau Central devient la première femme astrophysicienne du Burkina Faso et de l’Afrique de l’Ouest. Tout commence au lycée où elle développe un amour pour les matières scientifiques. Elle s’intéresse plus particulièrement aux Mathématiques et à la Physique. En 2006, avec le baccalauréat série C en poche, Marie Korsaga s’inscrit à l’Unité de formation et de recherches en Sciences exactes et appliquées (UFR/SEA), de l’Université Joseph Ki-Zerbo. « J’avais en tête de devenir ingénieur en génie civile, car j’aime aussi la construction », argue-t-elle. Au cours des deux premières années universitaires, Marie Korsaga approfondit ses connaissances en Mathématiques et Physique. Puis, elle opte pour la Physique pure en année de Licence. A sa Maîtrise, en 2010, l’astronomie est intégrée à l’université, comme matière optionnelle en Physique. Toutefois, le doute s’installe, car cette discipline est un domaine encore inconnu au Burkina. Mais, « j’ai été fascinée par les cours que j’avais suivi, car j’ai obtenu des réponses sur beaucoup de questions que je me posais depuis mon enfance et découvert que l’univers regorge une grande quantité de matière invisible qui reste à être élucidée », affirme Marie Korsaga. Après un Diplôme d’études approfondi (DEA) en physique appliquée à l’Université Joseph ki-Zerbo, elle intègre le programme « Physique des galaxies (PDG)» du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM) en France. Elle y effectue d’abord un stage de recherche qui lui permet de faire des observations utilisant des grands télescopes.
Au même moment, Marie Korsaga rédige et participe à la rédaction de plusieurs articles traitant de l’astrophysique et publiés dans les revues scientifiques. Ensuite, la burkinabè commence les travaux de sa thèse de doctorat au LAM, conjointement avec l’Université de Cape Town en Afrique du Sud. « Mon sujet de thèse portait sur la distribution de la matière noire et de la matière visible dans les galaxies spirales et irrégulières. Le but était de comprendre comment la matière noire est distribuée à l’intérieur des galaxies », explique Marie Korsaga.
« LE BURKINA, UN PÔLE D’EXCELLENCE DE L’ASTRONOMIE EN AFRIQUE DE L’OUEST »
Ses recherches lui ont permis de découvrir que les relations entre les paramètres de la matière noire et la luminosité des galaxies n’étaient pas standards, comme précédemment admis dans le milieu scientifique. Ceux-ci dépendent de la structure de la galaxie, foi de Marie Korsaga. En avril 2019, elle défend avec brio sa thèse de doctorat en astrophysique à l’Université de Cape Town en Afrique du Sud. La désormais docteur Marie Korsaga devient ainsi la première femme astrophysicienne du Burkina et de l’Afrique de l’Ouest. Que de chemin parcouru dans un « univers » dit masculin ! Marie Korsaga a dû faire face aux stéréotypes de tous genres, dans un pays où seuls les hommes évoluent dans le domaine scientifique. « J’étais confrontée à des propos du genre, la Physique est trop compliquée pour une femme, tu ne pourras pas faire carrière dans le domaine, et même tu risques de devenir folle si tu continues », dénonce-t-elle. Et d’ajouter : « J’ai toujours été optimiste. En plus, j’avais confiance en moi et j’avais aussi le soutien de ma famille, surtout mon père qui me faisait savoir que les femmes peuvent aussi faire carrière dans les domaines scientifiques ».
Aujourd’hui, Marie Korsaga compte participer à la formation des jeunes filles dans les matières scientifiques au Burkina Faso, en dispensant des cours dans les universités. Elle souhaite que son exemple inspire, surtout les jeunes filles afin de les inciter à embrasser les filières scientifiques. A l’en croire, c’est aux filles de briser les barrières. Aussi, Dr Korsaga entend mener des actions de vulgarisation de l’astronomie dans son pays. En plus d’être fascinante comme discipline, elle estime que l’astronomie est un outil de développement. Prenant exemple sur l’Afrique du Sud, Dr Marie Korsaga explique que l’installation de télescopes a permis de créer des emplois pour les jeunes, de booster l’économie et de développer des infrastructures dans plusieurs localités. « Le Burkina pourrait bien s’inspirer de ces ‘’succes story’’, et se positionner comme pôle d’excellence dans la sous-région ouest africaine », soutient l’astrophysicienne.
Source : vonews.net
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