Au Cameroun, une ``caisse rose`` pour aider les femmes dans la détresse

À l’occasion de la journée internationale de la femme africaine célébrée mardi 31 juillet, « La Croix » propose de découvrir l’action d’une association camerounaise qui met sur pied des mécanismes d’autonomisation financière en faveur de la femme en milieu rural.

ENTRETIEN avec Armande Yvonne Djepang, présidente de l’Association camerounaise pour la promotion de la lutte contre les violences faites aux femmes et la participation au développement de la Femme africaine

En Afrique, la plupart des femmes sont souvent marginalisées et victimes d’atteintes à leurs droits, surtout en milieu rural. Que faites-vous pour promouvoir l’égalité et l’émancipation de la femme au Cameroun ?

Depuis une dizaine d’années, nous menons des actions afin de promouvoir l’émancipation des femmes, surtout en milieu rural à Douala (ouest du Cameroun).
Tout d’abord, nous assurons des formations au leadership et menons de grandes campagnes de sensibilisation et de conscientisation face aux pesanteurs culturelles qui perpétuent la discrimination liée au genre. Ensuite, nous proposons des microprojets en faveur des femmes vulnérables, notamment des filles mères abandonnées, des femmes vivants seules, ou encore des femmes sous-scolarisées. Tous ces programmes concourent à l’ultime objectif de rendre la femme plus autonome à travers la création d’activités génératrices de revenus.

Quels sont les microprojets que Lucovifa pilotent pour rendre les femmes actrices du développement ?

Le fumage de poisson fait par exemple partie des microprojets financés par Lucofiva. Avec l’argent versé par l’association, les femmes inscrites dans ce projet vont pouvoir acheter du poisson frais qu’elles vont faire sécher à l’aide d’un four artisanal au feu de bois, avant de le revendre sur le marché. Autre projet, l’élevage de poulets. L’association donne un fond de démarrage pour permettre aux femmes d’acheter des poussins et de construire un poulailler. Lorsque les poulets arrivent à maturité, ils sont vendus, et le cycle recommence. Une partie du produit des recettes est alors reversée à la « caisse rose ».

En quoi consiste la « caisse rose » ?

« La caisse rose » est simplement un système d’entraide entre les femmes bénéficiaires d’une aide de Lucovifa. Il s’agit de prélever auprès des femmes bénéficiaires des aides la moitié des bénéfices réalisés afin de permettre à l’organisation de soutenir d’autres femmes dans la détresse.

Quels sont les défis qui entravent les projets de Lucovifa en faveur de l’émergence de la femme africaine ?

La « caisse rose » a d’énormes difficultés à fonctionner lorsque certaines femmes n’arrivent pas à rembourser l’argent prêté après s’être heurtées aux aléas du marché. Il s’agit donc d’encourager les femmes à faire une étude de marché préalable et à mieux gérer leur budget avant de se lancer dans les microprojets.
Le principal défi est donc d’amener les femmes à comprendre qu’elles doivent se former, se liguer et se mettre au travail pour leur propre compte.

 

 

Source : la-croix.com