Laeila Adjovi, plus qu`une photographe

Une journaliste, une photographe, une plasticienne. Laeila Adjovi est à tout à la fois et à 36 ans, elle raconte avec poésie l'identité africaine dans sa complexité, sa diversité et ses promesses.

C'était au tout début du mois, à Dakar. Nous sommes le 3 mai 2018 et Laeila Adjovi vient de recevoir le grand prix Léopold-Sedar-Senghor des mains du président sénégalais, Macky Sall.


Une récompense qui salue sa série de photos exposées à la Biennale de l'art africain.

Que de chemin parcouru ! Photographe, Laeila Adjovi ne l'a pas toujours été.
Cette franco-béninoise était d'abord journaliste. Elle se découvre cette passion pour la photographie à 20 ans. Une passion qui l'a transformera peu à peu en photo-journaliste et en plasticienne.

"Je viens de la photographie documentaire. J'ai choisi Dakar, le Sénégal et le continent pour exercer ma profession. Ça m'a emmené sur des cérémonie, des festivals, des rassemblement", nous dit Laeila Adjovi en pointant du doigt une photo montrant un rassemblement d'éleveur au Niger. Les photos artistiques se conjuguent à l'argentique et pas au numérique.

Le basculement est là. La jeune femme va d'ailleurs franchir le pas. Passer de la photo documentaire à la photo artistique. Des photos mises en scènes à l'ancienne, avec des focales fixes, avec des appareil argentiques qui intègrent les bonnes vieilles pellicules développées en chambre noire. Nous ce qu'on veut montrer c'est qu'il y aura toujours des obstacles à franchir, des murs à faire tomber, mais ce n'est pas à d'autres personnes de choisir comment nous devons nous developper

Laeila Adjovi, photographe

Sa série primée à la Biennale de Dakar raconte une créature fictive. Une femme ailée... un symbole d'une Afrique qui décolle. Un personnage surnommé  "Malaïka Dotou Sankofa".

"Malaïka veut dire ange en swahili et en wolof. Dotou signifie reste droit en langue fon, langue du Bénin. Et Sankofa est un symbole d'un oiseau qui vole avec la tête tournée vers l'arrière," rappelle Laeila Adjovi. Elle s'empresse de préciser derrière : "Ça dit qu'il faut tenir compte des leçons du passer pour avancer." Toujours valoriser la richesse du patrimoine culturel africain, c'est le leitmotiv de Laeila Adjovi et par la même, mettre en avant des artisans comme Bassirou.

L'Afrique au cœur de son projet

Ce matin elle est repassée à l'atelier de celui qui a fabriqué ce qu'elle avait imaginé. Cette paire d'ailes en métal et en wax? ce sens du détail qui fait que Laeila Adjovi a cette œil si particulier. 
Un œil, un regard, que Salimata Diop, la directrice artistique de la Biennale voulait montrer au plus grand nombre. Elle l'a suit depuis ses débuts. C'est la première à avoir misé sur la série "Malaïka Dotou Sankofa" en la présentant pour la première fois à Cape Town en Afrique du sud.

"C'est aussi la signature de Laeila que d'avoir cet enracinement à la réalité et au monde qui l'entoure", souligne la curatrice de ce Dak'Art 2018.


Pour Salimata Diop, commissaire de l'exposition: "Leaila a un regard très lucide sur cette société".

Une autre série de Laeila Adjovi est visible dans cette Biennale. 
Une série de portraits de femmes pratiquant le rite guélédé qui honore les esprits féminins.  Mais la jeune femme travaille déjà sur autre chose. Elle prépare une galerie de portraits de notables de Afrique de l'ouest.

 

Source: tv5monde.com