Mme Gogé Maimouna Gazibo, une femme battante aux commandes de l’anltp
Leader et activiste, très attachée à la culture africaine, Mme Gogé Maimouna Gazibo est une jeune femme battante. Elle est présentement Directrice Générale de l’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes et le Trafic Illicite des Migrants (ANLTP/TIM). ‘’ Mon secret c’est de vouloir réussir ma vie professionnelle sans sacrifier ma vie d’épouse, de mère et de fille. J’adore la famille et tout ce qui va. Je n’envisage pas une réussite au détriment de mon mariage et de mes enfants’’, confie-elle à une consoeur. A travers cet entretien on découvre cette juriste qui a su réconcilier son travail avec sa vie conjugale. Un modèle de femme leader !
Vous dirigez l’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes et le Trafic Illicite des Migrants ANLTP/TIM. En quoi consiste précisément le rôle de votre structure?
L’ANLTP/TIM a pour missions essentielles de sensibiliser les populations sur les risques inhérents à la traite des personnes et au trafic illicite des migrants, de former les magistrats et les OPJ sur les instruments juridiques qui régissent ces deux infractions, de vulgariser les données statistiques et de les centraliser, d’assister ou de référer les victimes de traites de personnes aux services appropriés, de s’assurer que le Niger internalise l’ensemble des instruments juridiques internationaux relatifs à la traite des personnes et au trafic illicite des migrants.
Une des questions qui fait politique c’est justement le problème des immigrés. En quoi votre Agence est-elle impliqué dans le problème lié à l’immigration ?
L’Agence Nationale de Lutte contre la traite des personnes exerce les mêmes attributions et missions en matière de migration irrégulière qu’en traite des personnes. Ces deux infractions sont connexes et difficilement dissociables. Les migrants irréguliers basculent facilement dans la traite des personnes en raison de leur vulnérabilité. En l’absence d’une formation adéquate sur la thématique, les magistrats et OPJ confondent très souvent les deux infractions. C’est la raison pour laquelle le trafic illicite de migrants relève de la compétence de l’ANLTP/TIM.
A propos de la lutte contre l’immigration que répondez-vous à ceux qui pensent que c’est une violation des droits des gens d’aller et venir lorsque l’autorité leur empêche de voyager ?
Le Franchissement illégale des frontières est une infraction pénale au même titre que le terrorisme. Le magistrat ou le policier n’a pas à se poser des questions sur le bienfondé d’une loi proposée par le gouvernement, adoptée par le parlement et promulguée régulièrement. Le juge est compétent pour appliquer la loi et non pour l’apprécier ou la critiquer. S’il refuse de poursuivre ou juger, il peut être lui-même en sa qualité de juge poursuivi pour déni de justice ! Dans tous les cas les magistrats du Niger font remarquablement bien leur travail relativement aux questions de traite des personnes et de trafic illicite des migrants. La polémique reste au niveau d’une certaine société civile et en tant qu’administration nous préférons travailler plutôt que divertir.
L’esclavage est encore une réalité dans notre pays. Comment votre Agence traite les questions liées à ce phénomène ?
Nous sensibilisons beaucoup sur les questions liées à l’esclavage dans sa forme traditionnelle. Nous encourageons beaucoup les magistrats pour ouvrir des dossiers relativement à cette infraction. Nous enregistrons peu de plainte car les juges ne peuvent poursuivre et juger que sur la base d’une plainte directe de la victime ou d’une association œuvrant dans le domaine de la lutte contre l’esclavage comme TIMIDRIA avec laquelle l’ANLTP/TIM entretient une excellente collaboration. A ce titre l’association TIMIDRIA a remis même un témoignage officiel de satisfaction à la DG de l’ANLTP/TIM en reconnaissance des efforts fournis par l’ANLTP/TIM dans le cadre de la lutte contre l’esclavage.
Le travail des enfants dans nos pays fait polémique. D’aucuns pensent qu’en faisant travailler les enfants leurs parents visent à mieux les éduquer en leur inculquant les vertus du travail. Que répondez-vous ?
Faire travailler un enfant participe à son éducation en Afrique mais à condition que ce travail ne soit pas dur et n’entrave pas les droits fondamentaux reconnus par la Convention des droits de l’enfant. Le travail des enfants que nous dénonçons porte le plus souvent sur la mendicité des enfants servant à nourrir des adultes, marabouts comme parents, les travaux dans les mines et les autres lieux à l’exemple des bars et des restaurants. Ni la religion, ni la coutume et encore moins la culture n’autorise à abuser des enfants pour en faire une main d’ouvre bon marché dans des conditions épouvantables. Dans la rue les enfants côtoient des adultes qui les violentent sexuellement, ils sont tabassés dans les rues et entrainés dans toute sorte de délit variant du vol des rues à la prostitution en passant par la mendicité. Globalement ce sont ces pratiques néfastes mais courantes que nous dénonçons.
La situation de la femme au foyer qu’elle soit mariée ou employée est un véritable défi pour la condition féminine. Quel est l’état des lieux du traitement de ce problème par votre Agence ?
Nous accompagnons beaucoup les femmes en les sensibilisant et en les orientant vers les structures appropriées pour une prise en charge. La majorité des victimes de traite sont les femmes et les enfants. En plus dans le cadre de la migration irrégulière aussi on enregistre beaucoup de femmes accompagnées d’enfants, souvent enceintes ou allaitantes. L’ANLTP/TIM fait les démarches nécessaires auprès des partenaires pour financer et organiser le retour de ces femmes dans leurs localités.
En tant que femme leader comment selon vous la femme pourra-t-elle avoir sa véritable autonomie ?
L’autonomisation est la réponse appropriée à la lutte pour l’émancipation de la femme. La meilleure réponse à la lutte contre la pauvreté c’est l’éducation. Elle rend la femme moins vulnérable. Et une femme financièrement autonome devient son propre avocat.
Citez trois femmes leaders selon vous au Niger ou ailleurs ?
Les femmes qui m’ont marqué sont nombreuses mais je me contente de citer une : ma mère reste et demeure ma référence pour des raisons personnelles et parce que je n’ai pas hérité de la moitié de son intelligence, de sa combativité et de son degré de tolérance. Je n’ai jamais eu l’occasion de lui dire publiquement merci alors je saisis l’opportunité que m’offre votre journal pour lui dire « Maman je t’aime et je suis fière d’être ta fille ». Beaucoup d’autres femmes m’inspirent et elles sont si nombreuses que je m’abstiens de les citer, je ne risque pas de finir.
A vous heures perdues qu’est-ce que aimerez faire comme loisir ?
J’aime passer du temps avec ma famille. C’est mon plus beau loisir. Peu importe où je me trouve, quand ma famille est à coté je suis comblée.
Trois livres qui ont influencé votre vision du monde?
Mme Gogé Maimouna Gazibo : Ville cruelle d’Eza Boto, Les soleils des indépendances d’Amadou Kourouma, une vie de Boy de Ferdinand Oyono.
Source : nigerinter.com
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